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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien
Autoren: Paul C. Doherty
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dans une alcôve étroite où il rencontrait d’ordinaire son confesseur pour lui chuchoter ses péchés et recevoir l’absolution. Il n’estimait pourtant pas en avoir besoin ; après tout, Dieu lui aussi était roi et il comprendrait. En tout cas, c’était un endroit parfait pour se retrouver et comploter : nulle oreille indiscrète ne pouvait traîner dans les parages et aucun espion ne pouvait prendre des notes.
    Le roi s’assit en déployant pelisse et tunique autour de lui et, d’un geste, fit signe à Craon de s’installer à ses côtés.
    — Eh bien, Amaury, j’ai lu votre document.
    Il joua avec les glands rouges de ses gants de soie.
    — Vous avez insisté, dit-il à voix basse, pour que j’aborde deux questions.
    — La première, Sire, est Sir Hugh Corbett.
    — Représente-t-il une difficulté, Amaury, ou est-ce dû à la haine que vous lui portez ?
    Craon s’inclina imperceptiblement.
    — Monseigneur, vous êtes toujours aussi perspicace. Je hais Corbett pour ce qu’il représente, pour ce qu’il dirige, cette Chancellerie secrète et sa légion d’espions.
    — C’est vrai, c’est vrai, admit Philippe.
    — Et la seconde, c’est l’université de la Sorbonne.
    Craon baissa la tête, mais le long soupir que poussa son maître lui indiqua qu’il avait visé juste.
    — Les juristes ! siffla le roi. Ces hommes sortis du ruisseau qui estiment que ma volonté n’a pas force de loi !
    — Sire, nous pouvons prendre des mesures.
    Philippe se pencha davantage, comme un prêtre écoutant un pénitent et, dans cette maison de Dieu, le roi de France et son chef des espions se mirent à tisser leur sanglante toile d’araignée pour attirer Édouard d’Angleterre au plus profond de leur bourbier.

 
    CHAPITRE PREMIER
    « Le roi, se trouvant dans le comté d’Oxford, en la demeure d’un gentilhomme, fut fort désireux d’en apprendre plus sur ce célèbre frère. »
    L’Illustre Histoire de frère Bacon.
    Paris, août 1303.
    Walter Ufford était fort doué pour regarder par les trous de serrure. Il prétendait être doté d’un talent particulier en la matière, et en ce vendredi, veille de la fête de sainte Monique, mère de saint Augustin, il usait de ses dons au bénéfice de son maître, Sir Hugh Corbett, garde du Sceau privé d’Édouard I er d’Angleterre. Ufford s’amusait beaucoup. En fait, quand il se rendrait au confessionnal pour battre sa coulpe au début de l’Avent, il ne manquerait pas de l’avouer. Walter Ufford était occupé à épier Maître Thibault, professeur de théologie et directeur des écoles à l’université de la Sorbonne, à Paris. Il jeta un rapide coup d’oeil dans la galerie. Elle était déserte. Seuls le craquement des lames du plancher et le bruit de la vermine qui détalait résonnaient dans le sinistre couloir. Maître Thibault ne voulait pas être distrait ; après tout, c’était là sa maison, une demeure élancée de deux étages dans la rue de la Veuve, à quelques pas seulement de la Seine puante et agitée. Ufford tendit l’oreille. D’en bas montait le bruit des réjouissances, la musique des rebecs, des flûtes et des tambours. La danse avait commencé. Ces bohémiennes aux yeux noirs devaient cabrioler comme Salomé en jetant alentour des regards éhontés et en suscitant les désirs ardents des spectateurs.
    « Il n’y aura guère de leçons ce soir », murmura Ufford à son bonnet. Il approcha son oeil de la serrure. Il se félicitait de ce que Maître Thibault ait ôté la clef. Le trou était large, ce qui donnait à Walter une vue dégagée sur la chambre du vieux débauché, une pièce somptueuse au plancher ciré couvert de tapis de laine et aux murs ornés de tentures coûteuses. Un feu pétillait gaiement dans l’âtre et les chandelles disposées autour de la salle éclairaient le tableau qui se déroulait sur le lit à quatre montants drapé de bleu. Maître Thibault, nu comme au jour de sa naissance, était tout à ses ébats avec Lucienne, fille de joie, l’une des meilleures que la Maison des Plaisances pouvait procurer. Ufford s’affligea à part soi. Lucienne était une vraie beauté avec sa flamboyante chevelure rousse et sa peau blanche comme neige. Elle avait la silhouette d’une Vénus et le visage d’une Aphrodite. Médusé, il admira l’agilité de ce vieux professeur. Il l’entendait geindre de volupté pendant que Lucienne poussait des cris de plaisir.
    — Il est
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