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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes
Autoren: Anne-Laure Morata
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sauvagement l'oreille droite. Il se dégagea en tirant une décharge qui l'atteignit en plein ventre avant que François ne se précipite sur lui ayant enfin réussi à rompre ses attaches. Les deux hommes s'empoignèrent violemment. L'Espagnol frappa durement François sur son membre blessé, l'obligeant à desserrer son étreinte, lui permettant de s'emparer d'une dague accrochée à sa ceinture. Il allait lui porter un coup fatal lorsque, subitement, il s'immobilisa, transpercé par le tisonnier tenu par la domestique qui le regarda tomber à terre avec froideur.
    – Pour Enzo, cracha-t-elle.
    Javier de San Juan, écroulé sur le dos, comprit que le coup était mortel. Il regarda la vieille puis François et murmura :
    – Por mi pais, por mi rey 11 … et il s'immobilisa dans un dernier soupir.
    À l'extérieur, quelqu'un tenta d'ouvrir la lourde porte en bois et s'enquit en espagnol de savoir si tout allait bien.
    – Venez vite, dit la fausse sourde-muette en attrapant une chandelle. Par le souterrain nous avons une chance de leur échapper.
    François la suivit et tous deux s'engouffrèrent par la trappe pour s'enfoncer dans le dédale boueux, entendant des cris s'assourdir au loin avant de déboucher dans un cul-de-sac.
    – Il n'y a pas d'issue ! s'exclama François.
    – Si, seulement je n'en connais pas le chemin.
    – Attendons là, peut-être ne se donneront-ils pas la peine de nous débusquer ou bien penseront-ils que nous avons trouvé la sortie.
    François prit enfin le temps d'observer son interlocutrice avec attention. Elle le regarda bien en face avant d'ôter une large ceinture de cuir recouverte de tissu destinée à masquer la finesse de sa silhouette et qui l'avait protégée des plombs de San Juan. Puis elle gratta la peau de son visage jusqu'à parvenir à retirer la fine pellicule de blanc d'œuf, bave de crapaud et vase qui avaient réussi à la transformer en vieux laideron. Elle s'essuya énergiquement et ses traits de jolie gitane apparurent.
    – Je suis Lénora, dit-elle simplement.
    François devina qui était l'adolescent à l'origine du mystérieux message.
    – Malo croyait que vous aviez été tuée.
    – Il n'était pas loin de la vérité. Mes bourreaux m'ont laissée plus morte que vive et ont cru jeter un cadavre sur le tas d'immondices où m'ont découverte les religieuses qui m'ont soignée. Après j'ai traqué le Crochu et l'ai retrouvé grâce à sa maquerelle de sœur. J'ai volé de quoi payer une famille du bourg pour qu'elle m'héberge comme leur cousine, dissimulée sous une défroque de matrone, et je me suis arrangée pour que la domestique du Crochu ait un accident au lavoir pour me proposer à sa place. Une sourde-muette, il n'a pas hésité. Je vous ai fait prévenir dès que j'ai pu, déguisée en garçon. Je n'avais que le bon à rien que vous avez vu pour vous avertir, alors j'ai choisi une formulation que vous seul pouviez comprendre en mentionnant l'Ankou dont m'avait parlé Malo. Je croyais que vous viendriez avec des hommes.
    François, un peu embarrassé, finit par rire de sa propre bêtise.
    – Dire que j'ai fait la leçon à Malo pour son imprudence… Je suis aussi irréfléchi que lui !
    – Il va bien ?
    – Très bien, il sera infiniment soulagé de vous savoir vivante… Enfin, si nous arrivons à nous extraire de ce trou à rat.
    Au loin la clameur grossissait. François réalisa qu'ils allaient être découverts.
    – Écoutez, nous n'avons pas une chance en restant ici. Gardez la chandelle et essayez de trouver la sortie. Je vais retourner sur nos pas et les retarder aumaximum. Bonne chance ! dit-il avec émotion en serrant la gitane frissonnante dans ses bras.
    Il se dirigea à l'aveugle en avançant vers les cris qu'il percevait.
    – Ils doivent être par là, entendit-il soudain.
    Rassemblant ses forces, il se prépara à faire face. Il fallait qu'il tienne le plus longtemps possible pour laisser une chance à l'adolescente de s'échapper. Subitement, une lueur l'aveugla et il se précipita poings en avant pour estourbir le premier adversaire. Il le cogna rudement et celui-ci tomba de tout son long. Il allait s'attaquer au second lorsqu'un cri suspendit son geste.
    – François, mon grand, arrête, protesta Arnaud en se relevant avec difficulté. Tudieu, je crois bien que tu m'as cassé le nez !
    Notre héros vit alors que ses assaillants n'étaient autres que son beau-frère accompagné de ses soldats et il souffla de soulagement,
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