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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes
Autoren: Anne-Laure Morata
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Je vous remercie pour les renseignements. C'est dommage qu'il n'y ait rien au hameau que je viens de traverser, ce n'est pas loin et cela doit être dans nos moyens.
    – À acheter y a point moyen. Par contre, à louer si vous voulez. Le Gros Jean il est aussi domestique à Paris, il a pas voulu être meunier comme son père… Il possède la vieille maison à la sortie du bourg. Cette année y a eu des occupants, des gars d'un rupin de la haute qui logeait là lorsqu'il était dans la capitale à ce qu'on m'a dit. Ils sont partis, il n'y en a plus qu'un avec une vieille bique qui sert de servante mais ils vont s'en aller eux aussi. Si cela vous intéresse, je peux lui toucher deux mots de votre mère.
    – Je vais en parler avec elle d'abord. On pensait acheter plutôt que louer. Faut voir. Je vous souhaite le bonsoir.
    François était ravi des informations recueillies et surtout persuadé que l'unique occupant restant devait être le Crochu, les autres sbires de Condé ayant certainement suivi leur maître. Il se força à calmer l'excitation qui le gagnait à l'idée de pouvoir capturer le responsable de la mise à sac de Mont Menat et des meurtres odieux qui avaient suivi. Il se mit en faction devant le vieux moulin, attachant son cheval dans le sous-bois voisin et, allongé au sol, invisible depuis la route et de la bâtisse, il attendit. Iln'eut pas le temps de s'ankyloser que l'exécrable individu fit son apparition pour aller se soulager au fond du jardin. François observa avec attention ses mains et reconnut les serres décrites par Nolwenn formées par de profondes brûlures marquant ses extrémités, les transformant en pinces boursouflées. Le Crochu était là, à sa portée, et ce n'était pas la vieille domestique qui sortait à son tour puiser de l'eau qui poserait problème. L'envie viscérale d'affronter le tortionnaire de sa femme fut plus forte que le reste. Une fois l'homme rentré, il s'approcha sans bruit de la servante, la bâillonna puis lia ses pieds et ses mains avant de l'allonger près de sa monture. Il retourna rapidement à la maison et en ouvrit la porte avec précaution. Le Crochu était occupé à alimenter le feu dans l'âtre et lui tournait le dos. Ni une ni deux François sortit son épée puis décocha un vigoureux coup de pied dans l'arrière-train de la brute qui l'envoya valser sur le sol en terre battue. Le soudard se releva d'un bond et le chargea comme un taureau furieux. François l'évita de justesse et le laissa s'écraser contre le mur. Un peu sonné, le Crochu se redressa péniblement et resta un instant immobile à observer son adversaire. En découvrant son visage, il parut visiblement surpris.
    – Foutre Dieu, qu'est-ce que vous fichez ici ?
    François ne répondit pas, attentif à ses moindres faits et gestes.
    – On te l'a rendue, ta bourgeoise, qu'est-ce que tu veux de plus ? Je crois même que je lui ai appris deux trois petites choses qui pourront te servir…
    François blêmit mais se força à garder la tête froide, l'autre voulait le pousser à la faute, il necommettrait pas cette erreur. Le Crochu avait en effet sorti un couteau dissimulé dans une de ses bottes.
    – Allez, approche que je t'étripe !
    Un léger bruit près de la porte attira l'attention de François et le mercenaire en profita pour balancer une chaise sur son bras armé. C'était la vieille domestique, ayant réussi à retirer ses liens aux pieds, qui venait prévenir son maître. François la repoussa à l'extérieur d'un coup d'épaule ; cependant, au moment de l'impact il ne put, déséquilibré, empêcher son épée de se ficher dans une poutrelle. Son ennemi, brandissant le poignard, lui fondit dessus sans qu'il ait le temps de dégager son arme, aussi l'affronta-t-il uniquement muni de ses poings. Il lui décocha un crochet du droit mais le Crochu parvint à l'entraîner dans sa chute et tous deux roulèrent au sol tentant l'un comme l'autre de repousser la lame. Son agresseur, lourd et massif, finit par entailler François au biceps qui, galvanisé par la douleur, trouva la force de lui mettre un coup de genou dans l'aine pour effectuer un roulé-boulé vers la cheminée, se saisissant d'une bûche gardée en réserve pour alimenter le feu, avant de se redresser pour l'asséner énergiquement sur le crâne de son adversaire. Crochu fit un pas en sa direction puis s'écroula tandis que François se laissait tomber sur une chaise, épuisé. Il regarda son bras, la
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