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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes
Autoren: Anne-Laure Morata
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trouva occupé à frictionner le frêle poulain qui venait de naître, content d'avoir assisté à l'événement et aussi ému que son palefrenier d'observer l'animal se redresser pour effectuer quelques pas maladroits.
    – Qu'y a-t-il, Gervais ?
    – Un individu à l'office demande après Monsieur, il dit que c'est très important.
    – Et à quoi ressemble-t-il, je te prie ?
    – À un gueux, Monsieur. Il insiste lourdement et dit qu'il ne veut parler qu'à vous.
    – Bon, je vais voir de quoi il retourne, ne t'en fais pas. Mon père est réveillé ?
    – Il somnole. Madame Louise m'a dit de ne le réveiller que pour le souper.
    – Très bien, fais ce qu'elle demande. Mon épouse est toujours dans ses appartements ?
    – Oui, maître, et le jeune Malo dispute une revanche avec le professeur.
    – Parfait, accompagne-moi, nous allons de ce pas recevoir ce mystérieux visiteur.
    François arriva devant le personnage à l'aspect dépenaillé qui l'attendait et s'enquit du but desa venue tout en se lavant les mains dans les cuisines.
    – Je ne dois délivrer mon message qu'au seigneur François de Rohan Montauban.
    – Tu l'as devant toi, parle, je t'écoute.
    L'homme s'approcha et murmura de brèves paroles sous l'œil rempli de curiosité des domestiques de l'office. François se raidit et leur ordonna de sortir, seul Gervais put rester.
    – Répète ce que tu viens de me dire, ordonna-t-il.
    – On m'a payé pour aller à l'hôtel Bessières et demander après vous pour vous avertir que si vous voulez régler vos comptes avec le Crochu, vous le trouverez cet après-midi au hameau de la Pierre fendue, peu après la porte d'Orléans dans l'ancienne maison du meunier.
    – Qui t'a révélé cela ?
    – Un jeune garçon, y m'a donné un écu et m'a assuré qu'ici j'aurais à manger pour ma peine.
    – Assieds-toi, on va te donner de la soupe et du pain. À quoi ressemblait-il, ce garçon ?
    – Jeune, maigre, noir de cheveux et de peau.
    François fit une moue dubitative : la description ne lui évoquait rien, pas plus que cette étrange commission. Condé avait fui Paris et le Crochu avait tout intérêt à disparaître également. Un piège se disait-il, peut-être, mais dans quel but ? Cela n'avait aucun sens.
    Le messager profita de sa réflexion pour boire le bouillon servi par Gervais aussi vite qu'il le pouvait tout en enfournant d'énormes morceaux de la miche mise à sa disposition.
    – Il m'a dit de rajouter autre chose pour vous décider.
    – Eh bien vas-y, je suis curieux de l'entendre.
    – C'était une bizarrerie comme quoi si vous ne veniez pas, la Marie, elle vous enverrait l'Ankou…
    François se figea littéralement sur place et pâlit comme s'il venait de voir un spectre. Enfant, en Bretagne, sa mère adoptive, Marie, le menaçait d'appeler l'Ankou, être surnaturel qui parcourait les routes à la recherche d'âmes égarées, lorsqu'il commettait une bêtise ou ne respectait pas ses consignes. Cela impressionnait aussi fortement Malo qui redoutait plus que tout de croiser l'envoyé de la mort et ils se hâtaient d'obéir. Qui pouvait donc bien connaître ce détail de sa jeunesse ?
    Il eut beau bombarder l'autre de questions, le vagabond n'avait pas de réponse. Songeur, il ordonna à Gervais de n'en souffler mot à quiconque et de vaquer à ses occupations avant de regagner les écuries. Aucune personne désirant lui nuire n'aurait pu être informée de cette anecdote. De plus, Condé était loin et avait autre chose à faire que de se préoccuper de lui. Il regretta qu'Arnaud ne soit pas disponible pour l'accompagner mais tant pis, le besoin impérieux d'apprendre la vérité le poussait irrésistiblement à se rendre à l'adresse indiquée, seul s'il le fallait. S'il en parlait à Nolwenn, elle le dissuaderait et le temps d'attendre le retour d'Arnaud il serait trop tard. Subitement, il prit sa décision. Il ordonna au palefrenier d'enlever ses vêtements et les enfila puis alla seller une vieille jument qui ne payait pas de mine et c'est ainsi déguisé qu'il partit, déterminéà découvrir le fin mot de l'histoire, convaincu qu'on ne le reconnaîtrait pas sous pareil accoutrement, demandant à un valet de prévenir la maisonnée qu'il partait pour une promenade à cheval et qu'il serait de retour pour le souper.
    Dans la belle demeure personne ne prit immédiatement conscience de son départ : Belfond concentré sur ses pièces tentait de mettre échec et mat un Malo se
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