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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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agresseur par-dessus son épaule, car l’homme était maintenant assis devant lui. Mon maître lui empoigna la tête à deux mains et d’un coup sec, lui fit faire un demi-tour. Le bruit des vertèbres qui cédaient retentit dans la nuit et l’homme s’affaissa sur le côté. Montbard et moi nous regardâmes, stupéfaits et maintenant tout à fait dégrisés.
    —    Par la barbiche de Satan, on dirait presque que quelqu’un nous veut du mal, gronda-t-il, un sourire amusé sur les lèvres.
    —    Vous auriez été mieux avisé de ne pas l’occire, lui reprochai-je en désignant le cadavre qui gisait à ses pieds. Vous m’avez souvent dit qu’un homme mort ne parle pas.
    —    Bah ! fit-il en écartant mon commentaire du revers de la main. Tu avais déjà ménagé le tien. Un seul suffira bien !
    Sur l’entrefaite, deux sentinelles, alertées par le bruit, surgirent dans l’escalier, l’arme au poing. Quelques minutes plus tard, sire Ravier accourut à son tour, accompagné d’un des gardes. Il avisa l’homme inconscient et l’autre, dont le visage était retourné presque entre ses omoplates. Il comprit aussitôt ce qui s’était passé.
    —    Celui-ci est vivant, l’informai-je.
    —    Bien, emmenez-le à l’étage du donjon, ordonna-t-il aux deux hommes. Qu’on double la garde. Gondemar, Bertrand, avec moi.
    En silence, nous nous mîmes en chemin. Cet homme avait voulu ma mort et j’étais bien décidé à lui rendre la pareille, mais pas avant d’en savoir davantage sur ses motivations.
    Si j’avais été emmené dans ses caves pour y être initié à l’Ordre des Neuf, je n’avais encore jamais visité l’étage du donjon. Nous y accédâmes par un étroit escalier en colimaçon. Les gardes ouvrirent la lourde porte bardée de fer et allumèrent des torches. La pièce illuminée s’avéra fort différente de ce que j’anticipais. Il s’y trouvait une longue table de bois munie de solides bracelets de fer aux quatre coins. Des pinces tranchantes de longueurs variées, des couteaux et quelques barres de fer étaient suspendues au mur de pierre. Sur une tablette, un maillet de bois et de longs clous de charpentier acérés étaient posés. Un brasero rempli de braises rouges chauffait l’endroit. Je reconnus sans mal une salle de torture et je montrai à Ravier un visage étonné.
    —    À la guerre comme à la guerre, fit-il en haussant les épaules.
    —    Mais vous êtes cathare. dis-je bêtement.
    —    Je suis aussi soldat, répliqua le Magister des Neuf, un peu piqué. La fin justifie les moyens.
    —    Ne prends pas un air de vierge effarouchée, jouvenceau, rétorqua Montbard à son tour. Tu as fait bien pire et tu le sais !
    Doublement rabroué, je me tus. Qui étais-je, en effet, pour m’offenser ainsi ? La conscience me venait bien tard. Les deux gardes, visiblement au courant de ce qu’ils devaient faire, étendirent le prisonnier inconscient sur la table et lui immobilisèrent les poignets et les chevilles.
    —    Tu l’as bien assommé, le bougre, remarqua Montbard, admiratif, en observant le nez de l’homme, qui tirait distinctement sur la droite.
    Ravier s’en approcha, l’observa un moment puis interrogea les soldats.
    —    Vous le connaissez ?
    —    Un peu, répondit l’un d’eux. J’étais de garde lorsqu’il est arrivé, voilà peut-être un mois. Quelque temps avant leur apparition, à eux, ajouta-t-il en nous désignant, Montbard et moi. Il disait venir de Minerve et a demandé asile.
    —    Bien. Raymond de Péreille pourra peut-être m’en dire davantage. Montez la garde à l’extérieur et ne laissez entrer personne.
    Les hommes sortirent et Ravier verrouilla derrière eux. L’air soucieux, il dévisagea à nouveau le prisonnier.
    —    Et vous, vous ne le connaissez pas, évidemment.
    J’observai attentivement l’inconnu. Il était d’âge moyen et son
    visage, que j’avais passablement remanié, était piqué de vérole. Je pouvais aussi y apercevoir plusieurs vieilles cicatrices sans doute acquises au cours de rixes ou de batailles. Sa poitrine et ses épaules étaient massives, ses bras et ses mains tout autant.
    —    Non, dis-je. Mais nous n’avons pas affaire à un vulgaire coupe-jarrets. Cet homme est un soldat.
    —    M’est avis que le temps est venu d’avoir une petite conversation, déclara Montbard en faisant craquer ses doigts.
    Il s’approcha de l’homme et lui
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