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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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guidés par leurs prêtres, serait de la rejeter. Tu devras protéger la Vérité et l’empêcher d’être détruite par ses ennemis jusqu’au moment où l’humanité sera prête à la recevoir, m’avait déclaré Métatron. J’ignorais si cela se ferait de mon vivant, mais je ne croyais pas être celui qui en ferait l’annonce. Je n’avais pas l’envergure requise. Ni la foi. Mon rôle était d’empêcher qu’elle soit perdue. Rien de plus.
    —    Je ne m’habituerai jamais à cette façon que vous avez d’apparaître sans bruit. Vous seriez un esprit malin que je ne serais pas étonné.
    —    Parfois, je me le demande moi-même, jouvenceau...
    Mon maître soupira, s’accouda au rempart à ma droite et me tendit une bouteille d’eau-de-vie qu’il avait apportée. J’en pris quelques bonnes lampées et la lui rendit. La brûlure de l’alcool dans ma gorge puis dans mon estomac me réconforta un peu. Il s’abreuva à son tour et grimaça en secouant la tête sous la puissance du breuvage.
    —    Mordiable, voilà une boisson pour homme. Tout cela est bien difficile à accepter, non ? soupira-t-il en regardant droit devant lui.
    —    Disons qu’il me reste bien peu de certitudes. Je n’avais jamais réalisé à quel point j’y tenais jusqu’à ce qu’elles disparaissent d’un coup, dans le temple.
    Un long silence suivit, pendant lequel nous bûmes, songeurs. Je me doutais bien de ce qui préoccupait mon maître.
    —    Je n’ai jamais été porté sur la philosophie, reprit Montbard. Je laisse cela à ceux qui font œuvre de penser et ils sont déjà trop nombreux à mon goût. Je ne suis qu’un homme de guerre. Si j’ai joint l’Ordre du Temple, encore tout jeunot, c’est que je croyais sincèrement qu’il existait une seule vraie foi et qu’elle devait conquérir la Terre sainte pour sauver l’âme des infidèles. Je n’ai jamais remis en question mes convictions. Pourquoi l’aurais-je fait ? Le pape en personne affirmait que Dieu le voulait.
    —    Au moins, vous en aviez, des convictions. Vous tentiez de faire le Bien tel qu’on vous le présentait.
    —    Mais tout n’était que mensonge, ragea-t-il en abattant son poing sur la pierre de la muraille. Ma vie entière n’a été qu’un mensonge !
    Devant le désarroi évident d’un homme si solide, je ne sus que dire. Je me contentai de hocher la tête. Je le comprenais.
    —    Le pire, reprit-il, c’est que, cette nuit-là, à Quéribus, lorsqu’on m’a révélé la Vérité, on m’a appris que j’y avais droit depuis longtemps. Avant même d’arriver en Terre sainte, j’avais été identifié comme un futur membre des Neuf et mon initiation était imminente. Quelques jours de plus et j’aurais connu le secret avant que Robert de Sablé ne me confie la cassette. J’aurais pu comprendre au lieu d’obéir aveuglément. J’aurais su pourquoi je devais quitter l’Ordre et errer comme un manant. Je ne me serais pas senti malheureux comme les pierres du chemin pendant toutes ces années.
    Il but une grande gorgée d’eau-de-vie et reprit.
    —    J’ai beaucoup réfléchi. J’ai tenté d’imaginer la vie qui aurait été la mienne si j’avais su ce que je transportais vers le Sud.
    —    Et ?
    Montbard me tendit la bouteille.
    —    Morbleu, je n’en sais trop rien, dit-il en secouant la tête, désabusé. Aussi bien déterminer le sexe des anges. Mais comment aurais-je pu combattre auprès de mes frères si j’avais su ce que je sais maintenant ? Comment prétendre être un défenseur de ce que je savais être un mensonge ? Au combat, le doute tue, mon garçon. Je me dis que j’aurais sans doute fini par quitter l’Ordre.
    Nous partageâmes la bouteille. Le fait de boire ainsi avec mon maître me procurait une certaine sérénité.
    —    Et maintenant ? demandai-je.
    —    Maintenant, je sais. Cela change tout.
    J’arquai le sourcil dans une interrogation silencieuse.
    —    Comme toi, j’ai fait le serment de protéger la Vérité et, par le cul du diable, je le ferai. Elle vaut infiniment plus que ma misérable vie et ma parole est ma seule richesse. Mais j’ai l’impression d’être une cruche qu’on a vidée. D’avoir vécu pour rien. Tout était... faux. Ma vie n’a été qu’un rendez-vous raté.
    —    Croyez-m’en, je ressens la même chose. Pourtant, si personne ne s’assure que la Vérité survive, le mensonge continuera de
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