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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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âme en dépendait. Malgré Bertrand de Montbard, malgré Pernelle, j’étais seul et je le resterais jusqu’au terme de la vie qu’on m’avait rendue.
    Les choses les plus simples sont souvent les plus terribles. Or, la Vérité était déconcertante de simplicité : Jésus n’avait été qu’un homme. Non seulement il n’était pas mort pour racheter les péchés des hommes, mais il n’était pas mort du tout. Il avait été martyrisé, certes, mais descendu de la croix, bien vivant. Cela, j’en détenais maintenant l’absolue certitude. Partant, le dogme de la résurrection des justes à la fin des temps, sur lequel avait été érigé tout l’édifice de l'Ecclesia catolica 2 , n’était qu’une supercherie aux dimensions inconcevables. Une honteuse mystification. Un vulgaire canular sur lequel on avait construit un pouvoir spirituel et temporel si grand qu’il dominait l’Occident tout entier. La promesse de résurrection de la chair faite aux croyants ne se réaliserait jamais, quoi qu’en disent les prêtres. Leur corps ne se relèverait pas d’entre les morts. Pas plus que celui du Christ en qui ils plaçaient leur foi et leur espérance. Ce qui était mort resterait mort. Leur âme serait jugée, en effet, mais à la fin de leur vie, et selon les actes qu’ils auraient commis ; pas parce que le Fils de Dieu, tel un agneau, s’était sacrifié pour eux. Une religion entière et un millénaire d’histoire n’étaient qu’une vaste imposture. Cette Vérité, à la fois simple et inimaginable pour les chrétiens, était devenue une menace pour le pape et ses sbires, qui ne cherchaient plus maintenant qu’à préserver leur pouvoir.
    L’Église utilisait cette fausse doctrine comme une arme pour terroriser les fidèles ignorants et naïfs auxquels elle interdisait de penser, liant leur salut à leur soumission. Quiconque s’avisait d’en mettre en doute la légitimité était voué à la Géhenne. La petite prêtraille, qui ignorait sans doute tout de la supercherie et agissait de bonne foi, contrôlait les corps et les âmes. Mais le pape, lui, savait tout. Il pliait les souverains à ses désirs. Les hérétiques étaient anéantis dans le sang. La volonté de Dieu, dont le Saint-Père était l’interprète jaloux, autorisait, semblait-il, toutes les atrocités. L’obscénité résidait dans le fait que l’Église chrétienne ait commis tous les péchés qu’elle reprochait à ses fidèles. Que la charité chrétienne ne s’étende qu’aux chrétiens, au détriment de tous les autres. Qu’en vertu d’un mensonge, on se fasse la guerre pour établir qui détenait la vraie parole divine. Que la chrétienté ait mobilisé des moyens titanesques pour aller imposer par la force ses prétentions en Orient, où l’on massacrait allègrement les Sarrasins dont la seule faute était d’être d’opinion différente. Qu’on en fasse autant dans le Sud, où la croisade s’était transformée en une vulgaire chasse aux hérétiques. C’était une civilisation entière que l’on détruisait méthodiquement et patiemment. En vérité, l’Église ne se contentait pas de dominer l’au-delà. Elle voulait le Paradis sur Terre - pour Elle seule.
    Sur la muraille, je tentais, nuit après nuit, de faire le bilan de ma situation, espérant découvrir une piste qui me mènerait vers l’aboutissement de ma mission. Je détenais maintenant une partie de la Vérité. J’allais devoir faire en sorte que les documents conservés à Montségur ne tombent pas entre les mains des croisés. Cela était clair. J’avais déjà eu la preuve qu’Arnaud Amaury, le légat d’Innocent III, en connaissait l’existence et était prêt à tout pour s’en emparer. Pour y arriver, je pourrais compter sur l’Ordre des Neuf, mais, au bout du compte, cette responsabilité serait la mienne. Dieu l’avait voulu ainsi. Devais-je partir à la recherche de l’autre partie de la Vérité, qui avait été envoyée nul ne savait où par Robert de Sablé avant la prise de Jérusalem ? Si oui, par où commencer et que chercher ? Et même si je parvenais à retrouver ce qui était sans doute bien caché et à réunir les deux parts de la Vérité, qu’en ferais-je ensuite ? La conserver à Montségur ou ailleurs et veiller sur elle pour le reste de mon existence ?
    Même si la Vérité éclatait jamais au grand jour, je doutais fort qu’elle soit accueillie avec enthousiasme. La première réaction des fidèles,
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