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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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des terres une fois la conquête achevée et la remise de mes péchés !
    —    Tu dis vrai ? demandai-je doucement en serrant sa génitoire entre mes doigts.
    —    Oui, oui ! Je ne sais rien de plus ! De grâce, pas l’autre couille, je t’en supplie...
    Puis, il se mit à pleurer piteusement, brisé.
    —    Fort bien, puisque tu insistes.
    Je tirai ma dague et la lui enfouis dans la poitrine, transperçant le cœur, qui cessa aussitôt de battre. Montbard me regarda, stupéfait.
    —    Ne craignez rien, dis-je, en la retirant pour l’essuyer sur mes braies. J’ai la tête bien froide.
    —    Morbleu. Je ne sais si je devrais m’en réjouir ou m’en blâmer.
    —    Un peu des deux, sans doute.
    Ravier contempla brièvement mon travail puis se détourna du cadavre.
    —    Quelles conclusions en tirez-vous ? demanda-t-il.
    —    Amaury semble avoir envoyé ces deux hommes à Montségur en même temps qu’il a délégué Evrart pour nous tendre un guet-apens après notre départ de Quéribus, répondis-je. Il ne se doutait pas qu’Ugolin et moi tomberions sur ses hommes et sauverions la cassette.
    —    Alors pourquoi voudrait-il ta mort ? demanda Ravier.
    —    Non seulement Gondemar a-t-il trahi la cause des croisés, ce qui, en soi, est plus que suffisant pour encourir le ressentiment du bon légat, mais il est devenu un des champions de la cause cathare, expliqua Montbard. Depuis Cabaret, il a fait beaucoup de dommages, ce qui a dû agacer grandement le saint homme. Or, de ce que j’ai pu voir de lui, il est fort rancunier. Montfort et lui auront voulu saisir l’occasion d’en finir avec lui.
    Mon maître se retourna vers moi, la mine réjouie, et me donna une claque dans le dos.
    —    Ta réputation est plus grande que tu ne le crois, jouvenceau. Voilà ta tête mise à prix. Il n’y a pas meilleur jugement de ta valeur ! Sois-en fier !
    —    Alors pourquoi l’idée me fait-elle dresser les poils sur la nuque ?
    —    Peut-être parce qu’il est moins confortable d’être le gibier que le chasseur. Juste retour des choses, non ?
    Ravier sembla sentir les non-dits qui passaient entre nous et choisit ce moment pour intervenir.
    —    Nous savons maintenant que même Montségur n’est pas sûre. Tenons-nous-le pour dit. La pire erreur que pourrait commettre l’Ordre des Neuf serait de baisser sa garde.
    Il se déplaça vers la porte et allait la déverrouiller lorsque Montbard l’arrêta.
    —    Et ces gardes ? Que leur direz-vous ?
    —    En ce qui les concerne, nous avons interrogé un espion qui avait infiltré Montségur. Rien de plus.
    —    Qui nous dit qu’ils ne sont pas de connivence avec les croisés ?
    —    Rien, j’en ai bien peur.
    Il ouvrit et appela les gardes.
    —    Ramassez-moi ça, ordonna-t-il en désignant le cadavre. Jetez-le aux ordures. Cette immondice chrétienne ne mérite pas de sépulture.
    Lorsque je quittai le donjon, j’éprouvais un étrange malaise. Ma conscience se manifestait, et je n’en aimais guère la sensation.

    1
    Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. Matthieu 7,1-2.
    2
    L’Église universelle.

Chapitre 2 Frères d’armes
    Le lendemain, je m’éveillai à l’aube, étonné d’avoir réussi à fermer l’œil. J’avais dormi comme un enfançon. Était-ce la fatigue accumulée au fil des nuits d’insomnie, l’effet de l’eau-de-vie, les paroles de dame Esclarmonde qui m’avaient apporté un peu de sérénité ou le choc de l’attentat ? Toujours est-il que, pour la première fois depuis Quéribus, je me sentais reposé. Je m’assis sur le bord de la vilaine paillasse et observai ma chambre en frottant mes yeux bouffis de sommeil.
    J’avais considérablement négligé ma personne depuis un mois, ne voyant pas l’intérêt de m’entretenir dans un monde qui n’avait plus de sens. En passant mes mains sur mes joues, je notai que ma barbe devait être rasée. Je me levai et me dirigeai vers la petite table bancale qui, outre le tabouret et le lit, formait tout l’ameublement. Je pris la cruche de terre cuite qui s’y trouvait et versai un peu d’eau fraîche dans le bassin qui lui était adjoint. Je me dévêtis et me lavai de pied en cap. Ne trouvant rien pour m’éponger, j’utilisai ma chemise. Elle empestait et avait un urgent besoin
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