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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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d’être changée, mais pour l’instant elle était le seul vêtement que je possédais et elle ferait l’affaire.
    Sur le coin de la table, quelqu’un avait laissé un oignon, un bout de fromage, un peu de lard et un morceau de pain dans une assiette en bois. Je tâtai les denrées et, n’arrivant pas à me rappeler la dernière fois que j’avais mangé, je déterminai qu’elles dataient de quelques jours. On aurait pu assommer quelqu’un avec le quignon, mais il était vaguement comestible. Je dévorai le tout avec un gobelet d’eau. Satisfait et repu, je laissai échapper un rot sonore.
    Je me sentais bien et décidai de mettre à profit le conseil d’Esclarmonde. Les jérémiades ne m’aideraient en rien à protéger la Vérité, si traumatisante soit-elle. Plus encore, je savais maintenant que ma vie était en danger. Ce n’était pas en m’apitoyant sur mon sort au lieu de garder mes réflexes aiguisés que j’augmenterais mes chances d’échapper à un autre attentat. Pour sauver mon âme, il me fallait vivre. Si les choses devaient se préciser, elles le feraient en temps et lieu.
    J’empoignai mon ceinturon. Je le passai à ma taille et le bouclai, puis y glissai ma dague. D’un pas décidé, je sortis et me dirigeai vers la cour, qui se trouvait à l’autre extrémité de la forteresse. J’étais à mi-chemin lorsque ma conscience me fit bifurquer vers la gauche. Je me rendis à l’habitation qui tenait lieu d’infirmerie. La contagion étant une chose fort mystérieuse, j’hésitai à y entrer, craignant d’être frappé à mon tour par le mal. Dieu semblait ne pas vouloir me permettre de mourir dans l’immédiat, mais je n’étais certes pas plus immunisé contre la maladie que contre les blessures. J’allais finalement frapper lorsque la porte s’ouvrit. En m’apercevant, Pernelle écarquilla les yeux de surprise. Elle baissa le chiffon qui lui couvrait le nez et la bouche et son visage s’éclaira du franc sourire que je lui connaissais depuis qu’elle était encore fillette. Elle me sauta au cou et me serra très fort. J’en fus si surpris que je dus faire un effort pour ne pas tomber à la renverse. Puis, mes bras l’enserrèrent et je lui rendis son affection.
    —    Attention, petite furie ! Tu vas me casser les vertèbres ! ricanai-je.
    —    Te voilà enfin ! s’exclama-t-elle en me libérant de son étreinte. Où donc étais-tu passé depuis des semaines ? Je m’inquiétais pour toi.
    —    Avec l’épidémie, tu étais très prise, mentis-je, un peu embarrassé. Et puis.
    Ma douce amie me regarda avec une tendresse que je savais ne pas mériter et posa ses doigts sur mes lèvres.
    —    Ne dis rien, Gondemar. Tu es préoccupé. Je vois bien que sire Bertrand l’est aussi. Tu n’as pas à t’expliquer. Certaines choses ne regardent que toi. Mais sache que tu n’es pas seul. Je suis là.
    —    D’accord, répondis-je en souriant, mal à l’aise.
    Elle avisa mon épée.
    —    Tu vas t’entraîner ?
    —    Oui, il est plus que temps. Sinon, je fais finir gringalet.
    —    C’est Ugolin qui sera content. Sans toi, il a l’air d’un chaton égaré.
    À la mention du fidèle géant de Minerve, j’eus l’impression d’émerger d’un rêve. Je n’avais même pas pensé à lui depuis les événements du temple. J’en ressentis une profonde honte.
    —    Allez, va jouer au soldat avec tes petits amis, brute. J’ai mes cataplasmes à poser sur des fluxions.
    Elle allait rentrer lorsqu’elle se retourna.
    —    Gondemar ?
    —    Quoi ?
    —    Tu ne vas pas disparaître encore une fois ? demanda-t-elle, inquiète.
    —    Non, je te le promets.
    —    Bien.
    Elle remonta le linge sur son visage et rentra. Le cœur plus léger, je repris mon chemin. Bientôt, l’écho du choc des armes me parvint aux oreilles. Lorsque j’arrivai dans la cour, elle était remplie d’hommes en sueur qui s’entraînaient avec un admirable sérieux. Les plus jeunes avaient à peine du poil au menton. Les plus vieux l’avaient déjà plus blanc que noir. Tous étaient fort compétents et, visiblement, il ne s’agissait pas de paysans convertis à l’art de la guerre, mais de soldats. Montségur n’était pas seulement imprenable, elle était aussi bien défendue.
    Le plus vieux des combattants était sire Ravier lui-même. Curieux, je l’observai et j’en conçus une grande admiration. Ses meilleures années
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