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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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hérétiques et seraient reconnus pour ce qu’ils étaient vraiment.
    J’avais par contre grand mal à me faire à la présence des templiers, qui circulaient librement parmi les hérétiques qu’ils auraient dû combattre. Seulement cinq d’entre eux connaissaient l’existence de la Vérité. Les autres avaient fait vœu d’obéissance au pape et arboraient la croix qui les distinguait entre tous. Leur place était dans l’autre camp, et pourtant ils étaient là. Tous les templiers postés dans le Sud étaient-ils implicitement sympathiques à la cause cathare ? Il semblait bien que oui. Peut-être même descendaient-ils tous d’hérétiques. Ou peut-être l’hérésie était-elle chose normale pour eux ? Je savais, par Ravier, que les commanderies du Sud avaient invoqué toutes sortes de prétextes pour éviter de s’impliquer dans la croisade. Malgré les appels répétés, l’Ordre était resté à l’écart des combats, au grand dam d’Amaury et, sans doute, du pape. Aucun templier n’avait levé la main contre un cathare, ni même cautionné les exactions dont ils étaient victimes. Mieux, chaque fois qu’ils en avaient eu la chance, ils les avaient hébergés et cachés. Mais que savaient exactement les cathares, qui semblaient accepter si naturellement leur présence ? Tout cela restait mystérieux pour moi et je me promis de questionner Ravier à la première occasion.
    Nous avions à peine pris place autour d’une table ronde qu’une femme y déposa un pichet de vin, des gobelets, un poulet rôti et des assiettes. Nous bûmes et mangeâmes en discutant combat. Mon maître et les cinq templiers de Montségur rivalisaient d’anecdotes sur la Terre sainte. À les entendre, chacun d’eux avait occis à lui seul une centaine de Sarrasins par bataille et autant de chameaux.
    Assis entre Eudes et Raynal, j’appris que les deux colosses se connaissaient depuis leur tendre enfance et avaient toujours été comme cul et chemise. Issus de familles cathares, ils s’étaient entraînés ensemble dès qu’ils avaient été assez forts pour tenir l’épée. C’est côte à côte qu’ils avaient quitté leur petit village du Sud pour se rendre à la commanderie la plus proche et demander leur admission parmi les Templiers. À leur grande surprise, ils avaient été initiés le même soir, l’un à la suite de l’autre, et, après quelques semaines d’entraînement, ils avaient pris la direction de la Terre sainte. Là, ils étaient restés en Orient quelques années, stationnés à la forteresse de Tortose, en Syrie, avant d’être renvoyés dans le Sud deux ans plus tôt. C’était à Montségur que les Neuf les avaient reçus pour prendre la place de deux membres aînés qui étaient retournés à la Lumière. À peine plus âgés que moi, ils m’avouèrent être encore stupéfaits de l’existence même de l’Ordre. Eudes, particulièrement, avait les yeux brillants d’enthousiasme et de ferveur en évoquant à mots couverts la mission qui lui était désormais impartie. Raynal, lui, était plus réservé, mais son visage prenait une expression grave à l’évocation de son obligation. Son air calme et déterminé en faisait, à mes yeux, le plus dangereux des deux.
    Jaume et Véran, eux, plus âgés, semblaient parfaitement à l’aise avec la situation. Venus du Sud, ils avaient été stationnés à la forteresse de Safed, dans le royaume de Jérusalem, dont on venait tout juste d’apprendre qu’elle était tombée aux mains de Saladin, ce qui les attristait grandement. Ils avaient connu le combat, mais aussi la cohabitation avec les Sarrasins, avec lesquels l’Ordre entretenait des relations discrètes malgré la guerre, n’hésitant pas à conclure des traités de collaboration lorsque cela était justifié. C’était au contact de certains d’entre eux, qui formaient une secte musulmane spécialisée dans l’assassinat et qu’on appelait Ismaélites ou Assassins, qu’ils avaient appris à combattre différemment. Au corps à corps, les Occidentaux s’avéraient souvent trop lourdement équipés, ce qui affectait leur agilité. Les deux s’entendaient pour dire que combattre différemment leur avait plus d’une fois sauvé la vie. Ils étaient à Montségur depuis 1202 et avaient travaillé à la fortifier. Hormis leur escapade vers Quéribus, ils en étaient rarement sortis, veillant sur la Vérité.
    La rencontre, abondamment arrosée, s’étira jusqu’aux petites
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