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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale
Autoren: Jean-François Parot
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d’Orléans, alors Régent. Il entra dans une terrible colère.
    Une porte s’ouvrit. Le roi se retourna ; en un instant, il avait repris son air distant et froid. Qui se permettait ainsi d’entrer sans être annoncé par un huissier ? Son visage se détendit et s’adoucit à l’apparition radieuse d’une jeune femme dont Nicolas comprit qu’il ne pouvait s’agir que de la nouvelle sultane, la comtesse du Barry.
    Quel éblouissement, songeait Nicolas et quel contraste avec la bonne dame de Choisy, si malade et si défaite sur la fin ! La jeune femme portait une robe à paniers de satin blanc chiné en réseaux d’argent de paillons verts et roses. De petites roses brodées en surjet parsemaient le corps du vêtement. Sur toute sa personne, des bijoux en diamant ruisselaient en cascades. Chacun de ses pas livrait des entraperçus sur les blondes 93 de ses jupons.
    — Oh ! madame, dit le roi, en se penchant vers elle, des roses sans les épines !
    La svelte silhouette plongea pour une révérence, puis elle prit place sur une bergère. Ses cheveux blond naturel encadraient des traits réguliers et gracieux. Le visage, tout de finesse, se parait d’un éclat à peine accentué par une petite bouche et par des yeux bleus allongés à demi ouverts qui, pourtant, regardaient sans retenue, s’offraient sans réserve et dispensaient un charme languide. L’ensemble était plein de jeunesse et de séduction. On la disait bonne et obligeante. Il restait que M. de Sartine conservait quelque amertume d’un démêlé avec la dame, qui riait peut-être des chansons qui la brocardaient, mais n’oubliait pas d’en vouloir à celui auquel revenait le soin de les empêcher de paraître ou de les faire saisir.
    — Madame, dit le roi, vous avez manqué là un conte auprès duquel ceux de beaucoup d’auteurs pâliraient. Le petit Ranreuil, dont je vous ai parlé, nous a fort divertis… ou effrayés, c’est selon.
    — Alors, dit la comtesse, il a droit à ma reconnaissance s’il a diverti Votre Majesté.
    Le roi se leva et engagea Mme de Flavacourt, la maréchale de Mirepois et M. de Chauvelin pour une partie de whist. Le duc de Richelieu prit Nicolas par le bras et le mena vers la favorite.
    — Madame, je vous conseille de gagner ce cœur-là. Il est digne de son père, tout Le Floch qu’il prétend rester.
    — Pour le service de Sa Majesté, monseigneur. La police — songez-y — le marquis de Ranreuil ne pourrait qu’y déchoir.
    — Hon, hon ! fit le vieux maréchal, je vais répéter ça à Sartine, il sera ravi. Alors, madame, qu’en est-il de vos appartements ?
    — J’ai abandonné celui de la cour des fontaines pour celui laissé par Lebel 94 près de la chapelle, et j’attends celui des petits cabinets. Je collectionne, je rassemble et j’écume les amateurs. Laques, ivoires, minéraux et biscuits, où vont mes préférences, n’ont plus de secrets pour moi.
    — Les minéraux ? Les diamants surtout, je présume.
    — Ils sont nés pour couler en rivière, monsieur le maréchal.
    — Tout un programme ! Qu’en dit Choiseul ?
    — Il fronce son vilain nez !
    — Savez-vous, reprit Richelieu, que le bon Chauvelin a abandonné son logement au château et que Sa Majesté a eu la bonté de l’accorder au maréchal d’Estrées. Chauvin n’a pas perdu au change en reprenant celui de la marquise de Durefort. Il est vrai qu’il a eu le geste de lui rembourser la dépense des améliorations qu’elle y avait faites, afin que l’ensemble reste dans toute sa parure.
    La comtesse se tourna vers Nicolas, qui frémit sous le feu de son regard. On entendait la voix enrouée du roi qui commentait les coups heureux et se moquait de Chauvelin.
    — Monsieur, dit-elle, on m’a dit pouvoir compter sur votre dévouement, que rien n’était égal à votre ardeur à servir le roi et ceux… qui lui sont proches.
    — C’est trop d’indulgence, madame.
    —  On me dit qu’une certaine dame vous appréciait fort et que vous lui rendîtes des services que l’on ne peut mesurer qu’à l’aune de votre fidélité.
    — Madame, le service du roi est un.
    — Je suis convaincue, monsieur le marquis, du désir que vous aurez un jour de faire quelque chose qui me soit agréable.
    — Je tiens tout de Sa Majesté, madame. Aussi, pouvez-vous compter sur mon zèle et mon attachement pour tous ceux qui lui sont chers.
    Les favorites se succédaient, pensa-t-il, mais elles croyaient toutes
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