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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale
Autoren: Jean-François Parot
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des hardes de Naganda puisqu’on ne peut plus les replacer dans sa mansarde. Quelle angoisse ! Comment faire ? Sortir, c’est risquer toutes les questions. Survient Louis Dorsacq pour les raisons qu’il nous a, il y a un moment, exposées. Les ou la coupables, qui connaissent son secret, l’utilisent aussitôt et par ce moyen de chantage, l’expédient chez le fripier rue du Faubourg-du-Temple.
    — Des preuves, des preuves ! s’impatienta Sartine.
    — J’y viens, monsieur, et il me reste des armes pour confondre le crime. Dans la grange fatale du couvent, outre du foin retrouvé sur le corps d’Élodie, j’ai ramassé dans la boue un mouchoir.
    Nicolas le saisit parmi les pièces à conviction et le brandit aux yeux de tous.
    — Initiales CG, finement brodées. CG, cela peut signifier beaucoup de choses. Claude Galaine, le père d’Élodie, auquel cas l’objet pouvait appartenir à sa fille ; ou bien, Charles Galaine, mais aussi Charlotte ou Camille Galaine. Qui reconnaît son mouchoir parmi les vivants présents ?
    Il agitait le petit carré de tissu. Le marchand pelletier indiqua qu’il n’en possédait point ; un exempt, sur un signe de Nicolas, vérifia son affirmation. Charlotte sortit le sien : il était de dentelle et ne portait pas d’initiales. Camille Galaine, à son tour, tendit le sien. Il apparut absolument identique à celui découvert sur le sol de la grange, même façon, mêmes initiales.
    — Mademoiselle, dit Nicolas, comment expliquez-vous la présence de votre mouchoir dans cette grange ?
    — Je ne l’explique pas.
    M. de Sartine fit un signe à Nicolas, qui s’empressa d’approcher.
    — Vous nous la baillez belle, Nicolas ! Tout à l’heure, des bandages sous un lit, et maintenant… Voilà un nouvel indice qui surgit bien facilement sous vos pieds, comme champignon après pluie d’automne. N’y voyez-vous nulle malice ?
    — Tout juste, monsieur. Ces indices ne sont pas venus là innocemment, mais bien pour qu’on les trouve, comme vous le constaterez à l’issue de ma démonstration.
    Il rejoignit sa place et reprit la parole.
    — Je vous demande, Camille Galaine, de me rejoindre.
    Camille se leva, jeta un regard effrayé à sa sœur qui la regardait sans la voir. Bourdeau s’approcha des deux mannequins. Il enleva les défroques de l’Indien, ouvrit avec précaution le paquet enveloppé de papier de soie, et en sortit deux buscs à baleines qu’il disposa sur les mannequins.
    — Voilà deux corps, corset ou busc, comme vous voulez, reprit Nicolas, enfin deux vêtements qui se portent immédiatement par-dessus la chemise, embrassant seulement le tronc depuis les épaules jusqu’aux hanches. Ils sont identiques, à peu de chose près, à celui trouvé sur le corps d’Élodie Galaine. Messieurs, je souhaiterais inviter Camille et Charlotte Galaine à venir lacer ce vêtement.
    Camille prit les deux extrémités des cordons et sans émotion particulière noua le premier corset, puis regagna le banc. Sa sœur aînée se leva.
    — Je proteste contre cette comédie indigne du souvenir de notre pauvre nièce !
    — Protestez, dit M. de Sartine qui paraissait de plus en plus passionné par le tour que prenait cette comparution, mais je vous somme et vous conseille de vous exécuter.
    Charlotte Galaine s’approcha du second mannequin et noua les lacets en s’y reprenant à plusieurs fois. Elle courut se rasseoir. Nicolas saisit alors, avec une sorte de respect, le busc d’Élodie.
    — Je l’avais trouvé si étroitement noué, au moment de l’ouverture du corps, que j’imaginais qu’il n’avait été ainsi serré que dans le but de comprimer les seins pour faire passer le lait. On a dû trancher les cordons au scalpel. Maintenant, tout s’ordonne dans mon esprit et je comprends pourquoi le corset replacé sur le cadavre d’Élodie pouvait être serré si fort ; c’est qu’aucune respiration ne venait troubler son laçage.
    Devant cette image d’horreur, une sorte de soupir d’effroi se fit entendre dans la salle. Sur l’invitation de Nicolas, les deux magistrats quittèrent leur fauteuil et s’approchèrent des deux mannequins.
    — Constatez vous-même, messieurs, si les nœuds se ressemblent ou sont différents. Voyez celui de Camille ; il n’est pas identique à l’original. Au contraire, celui de Charlotte en est la copie conforme.
    — Je ne comprends pas votre raisonnement, monsieur le commissaire, dit Sartine. Cette
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