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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale
Autoren: Jean-François Parot
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d’un garçon et que les deux sœurs, ou l’une d’elles, craignent, avant même d’en avoir la confirmation, qu’il puisse devenir l’héritier d’une grande fortune. Sans doute font-elles croire à la malheureuse mère que l’enfant est mort-né ou a péri de maladie. De même l’engagent-elles à paraître à la fête quelques jours après sa délivrance, pour mieux donner le change.
    — Sur quel fait précis vous fondez-vous pour des accusations aussi graves ? demanda M. Testard du Lys.
    — Témoignage de la petite Geneviève, qui voit une silhouette étrange descendre à la cave avec une pelle.
    — Le témoignage d’une enfant !
    — Mais une enfant qui observe et rapporte exactement.
    — Et de quelle manière fait-on agir la Miette ? interrogea Sartine.
    — Une pauvre fille, un peu simple, grosse elle aussi, et à la merci d’être jetée à la rue. Cela me paraît amplement suffisant. Je constate aussi que, plusieurs jours avant la date du 30 mai, les sœurs, ou la sœur, disposent d’une tenue identique à celle de Naganda, et cela dans le but de faire plus tard accuser l’Indien de la mort d’Élodie. Et, justement, revenons à Naganda. Il faut s’emparer de son talisman qui contient un secret. C’est un jeu d’enfant pour la cuisinière de droguer l’Indien. Endormi, il est aussitôt dépouillé. On lui brise son collier, on ouvre le talisman, on y découvre le testament de Claude Galaine — retrouvé plus tard dans l’œuf à couture de Camille —, testament qui stipule que la fortune revient au premier enfant mâle d’Élodie. On se félicite, sans doute, de sa prescience et des mesures extrêmes employées.
    — Où nous conduisez-vous, monsieur le commissaire ? jeta Sartine. Quel roman !
    — À la fête, monsieur, à la fête. Rien ne s’explique sans plusieurs acteurs. On habille la Miette en satin jaune avec son corsage et son corset. On habille Élodie en habit de la Miette. Camille — ou Charlotte — entraîne la pauvre fille dans une grange du couvent des filles de la Conception. Et de cela, j’ai des témoins oculaires : des gardes françaises. Et là, on l’étrangle. La Miette, laissée par Marie Chaffoureau, rejoint le point de rendez-vous fixé et repéré de longue main, ce qui au passage, établit la préméditation. Maintenant, considérez cette scène sordide. La Miette enlève les vêtements d’Élodie, récupère les siens propres sur le cadavre et l’une des sœurs Galaine habille les pauvres restes sans vie. On place une perle d’obsidienne dans la main de la victime. Chacun rentre au logis. Un témoin a vu deux Naganda, ce qui à la fois brouille et confirme les soupçons ultérieurs. Survient alors l’imprévisible.
    — Je vous interroge à nouveau, monsieur le commissaire, dit le lieutenant criminel. Dans votre mémoire, je lis le récit de la journée de la cuisinière, je constate…
    — Et il est exact. Une fois sortie avec la Miette, elle s’en sépare assez vite, rentre rue Saint-Honoré et file jouer à la bouillotte avec des commères qu’elle abandonnera bientôt.
    — Soit.
    — L’imprévu surgit avec la catastrophe de la place Louis XV. Le couvent de la Conception n’est pas loin de la rue Royale. La Miette a quitté l’une des sœurs qui, elle, se rend aux nouvelles et constate le drame. Elle voit les corps apportés sans vie en bas du Garde-Meuble, mais l’idée ne lui vient sans doute pas tout de suite de pouvoir utiliser l’événement. Elle retourne au logis. Là, il apparaît que Naganda s’est éveillé, qu’il est peut-être sorti, selon la cuisinière. Lui faire porter la responsabilité du crime pour raison de jalousie n’est plus aussi sûr qu’auparavant. Qu’a-t-il fait et que va-t-il faire ? C’est trop dangereux. Au petit matin, la coupable et Marie Chaffoureau ressortent dans la nuit. Toutes deux récupèrent le cadavre d’Élodie. Par bonheur, les alentours du couvent sont déserts. Elles portent le corps par la rue Saint-Honoré jusqu’au Garde-Meuble. Personne ne s’en étonne, la panique et l’épouvante sont à leur comble dans le quartier. Personne ne remarque leur étrange équipage. Le corps, jeté sur les monceaux de victimes, est ensuite ramassé et porté au cimetière de La Madeleine où Charles et Jean Galaine le reconnaîtront dans la matinée. Cependant, la nuit ne s’achève pas pour autant pour vous, Camille, ou pour vous, Charlotte. Il faut se débarrasser
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