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Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Titel: Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848
Autoren: Paul Lafargue
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ils
répètent la leçon des économistes : « Travaillons,
travaillons pour accroître la richesse nationale. » Ô
idiots ! c’est parce que vous travaillez trop que l’outillage
industriel se développe lentement. Cessez de braire et écoutez un
économiste ; il n’est pas un aigle, ce n’est que M. L.
Reybaud, que nous avons eu le bonheur de perdre il y a quelques
mois : « C’est en général sur les conditions de la main
d’œuvre que se règle la révolution dans les méthodes du travail.
Tant que la main-d’œuvre fournit ses services à bas prix, on la
prodigue ; on cherche à l’épargner quand ses services
deviennent plus coûteux [21] . »
    Pour forcer les capitalistes à perfectionner
leurs machines de bois et de fer, il faut hausser les salaires et
diminuer les heures de travail des machines de chair et d’os. Les
preuves à l’appui ? C’est par centaines qu’on peut les
fournir. Dans la filature, le métier renvideur (
self acting
mule
) fut inventé et appliqué à Manchester, parce que les
fileurs se refusaient à travailler aussi longtemps
qu’auparavant.
    En Amérique, la machine envahit toutes les
branches de la production agricole, depuis la fabrication du beurre
jusqu’au sarclage des blés : pourquoi ? Parce que
l’Américain, libre et paresseux aimerait mieux mille morts que la
vie bovine du paysan français. Le labourage, si pénible en notre
glorieuse France, si riche en courbatures, est, dans l’Ouest
américain, un agréable passe-temps au grand air que l’on prend
assis, en fumant nonchalamment sa pipe.

IV. – À NOUVEL AIR, CHANSON
NOUVELLE.
     
    Si, en diminuant les heures de travail, on
conquiert à la production sociale de nouvelles forces mécaniques,
en obligeant les ouvriers à consommer leurs produits, on conquerra
une immense armée de forces de travail. La bourgeoisie, déchargée
alors de sa tâche de consommateur universel, s’empressera de
licencier la cohue de soldats, de magistrats, de figaristes, de
proxénètes, etc., qu’elle a retirée du travail utile pour l’aider à
consommer et à gaspiller. C’est alors que le marché du travail sera
débordant, c’est alors qu’il faudra une loi de fer pour mettre
l’interdit sur le travail : il sera impossible de trouver de
la besogne pour cette nuée de ci-devant improductifs, plus nombreux
que les poux des bois. Et après eux il faudra songer à tous ceux
qui pourvoyaient à leurs besoins et goûts futiles et dispendieux.
Quand il n’y aura plus de laquais et de généraux à galonner, plus
de prostituées libres et mariées à couvrir de dentelles, plus de
canons à forer, plus de palais à bâtir, il faudra, par des lois
sévères, imposer aux ouvrières et ouvriers en passementeries, en
dentelles, en fer, en bâtiments, du canotage hygiénique et des
exercices chorégraphiques pour le rétablissement de leur santé et
le perfectionnement de la race. Du moment que les produits
européens consommés sur place ne seront pas transportés au diable,
il faudra bien que les marins, les hommes d’équipe, les camionneurs
s’assoient et apprennent à se tourner les pouces. Les bienheureux
Polynésiens pourront alors se livrer à l’amour libre sans craindre
les coups de pied de la Vénus civilisée et les sermons de la morale
européenne.
    Il y a plus. Afin de trouver du travail pour
toutes les non-valeurs de la société actuelle, afin de laisser
l’outillage industriel se développer indéfiniment, la classe
ouvrière devra, comme la bourgeoisie, violenter ses goûts
abstinents, et développer indéfiniment ses capacités
consommatrices. Au lieu de manger par jour une ou deux onces de
viande coriace, quand elle en mange, elle mangera de joyeux
biftecks d’une ou deux livres ; au lieu de boire modérément du
mauvais vin, plus catholique que le pape, elle boira à grandes et
profondes rasades du bordeaux, du bourgogne, sans baptême
industriel, et laissera l’eau aux bêtes.
    Les prolétaires ont arrêté en leur tête
d’infliger aux capitalistes des dix heures de forge et de
raffinerie ; là est la grande faute, la cause des antagonismes
sociaux et des guerres civiles. Défendre et non imposer le travail,
il le faudra. Les Rothschild, les Say seront admis à faire la
preuve d’avoir été, leur vie durant, de parfaits vauriens ; et
s’ils jurent vouloir continuer à vivre en parfaits vauriens, malgré
l’entraînement général pour le travail, ils seront mis en carte et,
à
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