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Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Titel: Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848
Autoren: Paul Lafargue
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affirmer, dit le père de
l’histoire, Hérodote, si les Grecs tiennent des Égyptiens le mépris
qu’ils font du travail, parce que je trouve le même mépris établi
parmi les Thraces, les Scythes, les Perses, les Lydiens ; en
un mot parce que chez la plupart des barbares, ceux qui apprennent
les arts mécaniques et même leurs enfants sont regardés comme les
derniers des citoyens… Tous les Grecs ont été élevés dans ces
principes, particulièrement les Lacédémoniens [24] . »
    « À Athènes, les citoyens étaient de
véritables nobles qui ne devaient s’occuper que de la défense et de
l’administration de la communauté, comme les guerriers sauvages
dont ils tiraient leur origine. Devant donc être libres de tout
leur temps pour veiller, par leur force intellectuelle et
corporelle, aux intérêts de la République, ils chargeaient les
esclaves de tout travail. De même à Lacédémone, les femmes mêmes ne
devaient ni filer ni tisser pour ne pas déroger à leur
noblesse [25] . »
    Les Romains ne connaissaient que deux métiers
nobles et libres, l’agriculture et les armes ; tous les
citoyens vivaient de droit aux dépens du Trésor, sans pouvoir être
contraints de pourvoir à leur subsistance par aucun des
sordidœ
artes
(ils désignaient ainsi les métiers) qui appartenaient de
droit aux esclaves. Brutus, l’ancien, pour soulever le peuple,
accusa surtout Tarquin, le tyran, d’avoir fait des artisans et des
maçons avec des citoyens libres [26] .
    Les philosophes anciens se disputaient sur
l’origine des idées, mais ils tombaient d’accord s’il s’agissait
d’abhorrer le travail.
    « La nature, dit Platon, dans son utopie
sociale, dans sa
République
modèle, la nature n’a fait ni
cordonnier, ni forgeron ; de pareilles occupations dégradent
les gens qui les exercent, vils mercenaires, misérables sans nom
qui sont exclus par leur état même des droits politiques. Quant aux
marchands accoutumés à mentir et à tromper, on ne les souffrira
dans la cité que comme un mal nécessaire. Le citoyen qui se sera
avili par le commerce de boutique sera poursuivi pour ce délit.
S’il est convaincu, il sera condamné à un an de prison. La punition
sera double à chaque récidive [27] . »
    Dans son
Économique
, Xénophon
écrit : « Les gens qui se livrent aux travaux manuels ne
sont jamais élevés aux charges, et on a bien raison. La plupart,
condamnés à être assis tout le jour, quelques-uns même à éprouver
un feu continuel, ne peuvent manquer d’avoir le corps altéré et il
est bien difficile que l’esprit ne s’en ressente. »
    « Que peut-il sortir d’honorable d’une
boutique ? professe Cicéron, et qu’est-ce que le commerce peut
produire d’honnête ? Tout ce qui s’appelle boutique est
indigne d’un honnête homme […], les marchands ne pouvant gagner
sans mentir, et quoi de plus honteux que le mensonge ! Donc,
on doit regarder comme quelque chose de bas et de vil le métier de
tous ceux qui vendent leur peine et leur industrie ; car
quiconque donne son travail pour de l’argent se vend lui-même et se
met au rang des esclaves [28] . »
    Prolétaires, abrutis par le dogme du travail,
entendez-vous le langage de ces philosophes, que l’on vous cache
avec un soin jaloux : un citoyen qui donne son travail pour de
l’argent se dégrade au rang des esclaves, il commet un crime, qui
mérite des années de prison.
    La tartuferie chrétienne et l’utilitarisme
capitaliste n’avaient pas perverti ces philosophes des Républiques
antiques ; professant pour des hommes libres, ils parlaient
naïvement leur pensée. Platon, Aristote, ces penseurs géants, dont
nos Cousin, nos Caro, nos Simon ne peuvent atteindre la cheville
qu’en se haussant sur la pointe des pieds, voulaient que les
citoyens de leurs Républiques idéales vécussent dans le plus grand
loisir, car, ajoutait Xénophon, « le travail emporte tout le
temps et avec lui on n’a nul loisir pour la République et les
amis ». Selon Plutarque, le grand titre de Lycurgue, « le
plus sage des hommes » à l’admiration de la postérité, était
d’avoir accordé des loisirs aux citoyens de la République en leur
interdisant un métier quelconque [29] .
    Mais, répondront les Bastiat, Dupanloup,
Beaulieu et compagnie de la morale chrétienne et capitaliste, ces
penseurs, ces philosophes préconisaient l’esclavage. – Parfait,
mais pouvait-il en être autrement, étant donné les
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