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Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Titel: Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848
Autoren: Paul Lafargue
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les
délicieuses petites bêtes, les ortolans, les truffes, les verres de
Margaux et d’Yquem qu’il y a engloutonnés pour encourager
l’agriculture et tenir en liesse les électeurs de Belleville.
    Dans la baraque, on débutera par la
Farce
électorale
.
    Devant les électeurs, à têtes de bois et
oreilles d’âne, les candidats bourgeois, vêtus en paillasses,
danseront la danse des libertés politiques, se torchant la face et
la postface avec leurs programmes électoraux aux multiples
promesses, et parlant avec des larmes dans les yeux des misères du
peuple et avec du cuivre dans la voix des gloires de la
France : et les têtes des électeurs de braire en chœur et
solidement hi han ! hi han !
    Puis commencera la grande pièce :
Le
Vol des biens de la nation
.
    La France capitaliste, énorme femelle, velue
de la face et chauve du crâne, avachie, aux chairs flasques,
bouffies, blafardes, aux yeux éteints, ensommeillée et bâillant,
s’allonge sur un canapé de velours ; à ses pieds, le
Capitalisme industriel, gigantesque organisme de fer, à masque
simiesque, dévore mécaniquement des hommes, des femmes, des enfants
dont les cris lugubres et déchirants emplissent l’air ; la
Banque à museau de fouine, à corps de hyène et mains de harpie, lui
dérobe prestement les pièces de cent sous de la poche. Des hordes
de misérables prolétaires décharnés, en haillons, escortés de
gendarmes, le sabre au clair, chassés par des furies les cinglant
avec les fouets de la faim, apportent aux pieds de la France
capitaliste des monceaux de marchandises, des barriques de vin, des
sacs d’or et de blé. Langlois, sa culotte d’une main, le testament
de Proudhon de l’autre, le livre du budget entre les dents, se
campe à la tête des défenseurs des biens de la nation et monte la
garde. Les fardeaux déposés, à coups de crosse et de baïonnette,
ils font chasser les ouvriers et ouvrent la porte aux industriels,
aux commerçants et aux banquiers. Pêle-mêle, ils se précipitent sur
le tas, avalant des cotonnades, des sacs de blé, des lingots d’or,
vidant des barriques ; n’en pouvant plus, sales, dégoûtants,
ils s’affaissent dans leurs ordures et leurs vomissements… Alors le
tonnerre éclate, la terre s’ébranle et s’entrouvre, la Fatalité
historique surgit ; de son pied de fer elle écrase les têtes
de ceux qui hoquettent, titubent, tombent et ne peuvent plus fuir,
et de sa large main elle renverse la France capitaliste, ahurie et
suante de peur.
    Si, déracinant de son cœur le vice qui la
domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa
force terrible, non pour réclamer les
Droits de l’homme
,
qui ne sont que les droits de l’exploitation capitaliste, non pour
réclamer le
Droit au travail
, qui n’est que le droit à la
misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme
de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille
Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel
univers… Mais, comment demander à un prolétariat corrompu par la
morale capitaliste une résolution virile ?
    Comme Christ, la dolente personnification de
l’esclavage antique, les hommes, les femmes, les enfants du
Prolétariat gravissent péniblement depuis un siècle le dur calvaire
de la douleur : depuis un siècle, le travail forcé brise leurs
os, meurtrit leurs chairs, tenaille leurs nerfs ; depuis un
siècle, la faim tord leurs entrailles et hallucine leurs
cerveaux !… Ô Paresse, prends pitié de notre longue
misère ! Ô Paresse, mère des arts et des nobles vertus, sois
le baume des angoisses humaines !

APPENDICE.
     
    Nos moralistes sont gens bien modestes ;
s’ils ont inventé le dogme du travail, ils doutent de son
efficacité pour tranquilliser l’âme, réjouir l’esprit et entretenir
le bon fonctionnement des reins et autres organes ; ils
veulent en expérimenter l’usage sur le populaire
in anima
vili
, avant de le tourner contre les capitalistes, dont ils
ont mission d’excuser et d’autoriser les vices.
    Mais, philosophes à quatre sous la douzaine,
pourquoi vous battre ainsi la cervelle à élucubrer une morale dont
vous n’osez conseiller la pratique à vos maîtres ? Votre dogme
du travail, dont vous faites tant les fiers, voulez-vous le voir
bafoué, honni ? Ouvrons l’histoire des peuples antiques et les
écrits de leurs philosophes et de leurs législateurs :
    « Je ne saurais
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