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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard
Autoren: Alain Pecunia
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dit d’aller prévenir
les gars du maquis de leur arrivée.
    Le « capitaine » était soucieux. Le village était à
une quinzaine de kilomètres et les Allemands devaient
nécessairement passer par la ville au plus vite s’ils voulaient
s’échapper vers l’est.
    – S’il s’agit d’un groupe isolé, on pourra tenir le pont. Si
c’est une colonne, on le fera sauter.
    Les artificiers du groupe firent alors remarquer,
judicieusement, que ce n’était pas avec quelques pains de plastic
et une caisse de bâtons de dynamite que l’on parviendrait à faire
sauter un pont de pierre aux arches aussi épaisses qu’un bastion et
datant de François I er . C’était quasiment de
l’indestructible.
    Il y eut alors un léger flottement.
    Les deux Espagnols se proposèrent pour tenir le pont avec la
mitrailleuse récupérée sur la section allemande du château. Ils
couvriraient la retraite du groupe.
    – On sait faire, dirent-ils avec leur accent rocailleux.
    Le « capitaine » opina avec gravité et ordonna aux
autres de récupérer leur barda.
    Il exposa brièvement son plan.
    – Nous ne pouvons pas nous replier vers le nord. Le terrain y
est trop découvert. Nous allons passer la Loire en amont et nous
glisser sur les arrières des Allemands en récupérant au passage
ceux qui voudront nous rejoindre, puis nous les harcèlerons à
revers. Ils doivent pas trop avoir le moral. Bon,
exécution !
    – Nous, on reste, dit l’aîné des frères Cartelan.
    – J’ai donné un ordre !
    – On a libéré la ville, c’est pas pour la laisser aux
Boches ! renchérit-il, la voix pâteuse.
    Deux ou trois autres acquiescèrent.
    – Ils ont un peu forcé sur la bouteille, fit remarquer Émile, le
« lieutenant ».
    – Si vous restez ici, vous allez tous vous faire massacrer. Pour
rien. Le combat frontal, ce n’est pas le rôle d’un maquis. Nous les
harcèlerons sur leurs arrières.
    – C’est l’insurrection générale, reprit l’aîné des Cartelan. Il
faut combattre le Boche et protéger les habitants de la ville. On a
assez couru comme ça tous ces derniers mois, hein les
gars ?
    Il entonna
La Marseillaise
et une demi-douzaine des
camarades se joignirent à lui, sous le regard dubitatif des deux
Espagnols qui, discrètement, pointèrent légèrement leur
mitraillette sur l’aîné des Cartelan. Interrogeant brièvement du
regard le « capitaine ».
    D’un geste de la main, celui-ci leur fit signe d’abaisser leurs
armes. Ce qu’ils firent, à contrecœur.
    Le « capitaine » avait compris qu’il était peine
perdue de chercher à convaincre ceux qui voulaient jouer au héros
et ceux qui avaient un peu trop bu, parfois les mêmes.
    – Bien, ceux qui veulent rester restent. Je vous souhaite malgré
tout bonne chance et on vous laisse la mitrailleuse.
    Puis il leur tourna le dos.
    – Les autres avec moi. Vous aussi, les Espagnols.
    Sept camarades restèrent avec les frères Cartelan, dont deux des
blessés. Nous fûmes onze à suivre le « capitaine ».
    Nous avions à peine remonté le fleuve sur deux kilomètres que
nous avons commencé à entendre une fusillade nourrie et une
succession d’explosions.
    L’échange fut vif, mais ça n’a pas duré plus d’un quart
d’heure.
    Nous, on s’est dépêchés de traverser le fleuve. À cet endroit,
il n’y avait pas trop à nager, mais il fallait quand même se mettre
à l’eau.
    Un des deux blessés qui étaient venus avec nous s’est noyé avec
le camarade qui le soutenait.
    Voyant cela, les trois derniers, qui hésitaient car ils ne
savaient pas nager, ont préféré continuer de remonter la Loire.
    On ne devait plus les revoir vivants et on ne retrouva leurs
corps que deux mois plus tard au fond d’un puits d’une ferme isolée
où ils s’étaient réfugiés.
    Dans le puits, il y avait également les corps de toute la
famille du fermier.
    Ils avaient croisé un groupe de francs-gardes de la Milice.
     
     
    Quand nous revînmes, les sept survivants, le surlendemain, le
17 août, dans la sous-préfecture abandonnée par les Allemands,
quelques heures avant l’arrivée des Américains, les corps de nos
neuf camarades tués au combat ou achevés par les Allemands étaient
pendus aux platanes après le pont. Comme pour nous accueillir.
    L’accueil de la population, lui, fut tout aussi lugubre.
    Ça se comprenait. Elle avait eu la trouille que les Allemands ne
se livrent à des représailles sur elle, comme ils le faisaient
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