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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk
Autoren: Anne Perry
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lame longue et tranchante,
large d’au moins un pouce. Il n’y avait qu’une seule blessure, et elle avait dû
être fatale.
    — Bien.
    Forbes gravit l’escalier derrière lui, ses bottes résonnant
lourdement sur les marches en pierre.
    Une fois dehors, Pitt respira l’air d’été. Les arbres
étaient couverts de feuilles et, à huit heures du matin, il faisait déjà bon. Un
cab passa dans un cliquetis de sabots ; un garçon de course suivait son
chemin en sifflotant.
    — Allons-y à pied, dit Pitt, allongeant le pas, la
veste grande ouverte, le chapeau perché au sommet de la tête.
    Forbes fut obligé de trottiner pour le suivre ; bien
avant d’arriver à Paragon Walk, il était déjà à bout de souffle et priait avec
ferveur pour qu’on lui assigne une autre mission, avec n’importe qui, excepté
Pitt.
    Paragon Walk était une promenade dans le style Régence, suprêmement
élégante, donnant sur un parc ouvert avec parterres de fleurs et arbres
ornementaux. Elle ondulait en douceur sur un kilomètre environ. Ce matin-là, tout
était blanc et silencieux : il n’y avait pas le moindre valet, pas le
moindre aide-jardinier en vue. La nouvelle du drame s’était déjà propagée, évidemment ;
il devait y avoir des messes basses dans les cuisines et à l’office, et un
échange embarrassé de platitudes à l’étage du dessus.
    — Fanny Nash, dit Forbes, reprenant son souffle pour la
première fois tandis que Pitt s’arrêtait.
    — Pardon ?
    — Fanny Nash, monsieur, répéta Forbes. C’est son nom.
    — Ah oui !
    L’espace d’un instant, la tristesse revint. Hier, à la même
heure, elle était en vie, derrière sa fenêtre à l’architecture classique, réfléchissant
probablement à ce qu’elle allait mettre ; elle disait à la femme de
chambre quelle toilette elle devait lui sortir, planifiait sa journée, les
visites, les potins à échanger, les secrets à garder. C’était le début de la
saison londonienne. Quels rêves avaient peuplé son imagination tout récemment
encore ?
    — Numéro quatre, pantela Forbes à ses côtés.
    Intérieurement, Pitt maudit son pragmatisme, même si c’était
injuste. Ce monde-là était totalement étranger à Forbes, plus étranger que les
ruelles obscures de Paris ou de Bordeaux. Il avait l’habitude des femmes qui
portaient de simples robes en laine et travaillaient du matin au soir, des familles
nombreuses entassées dans quelques pièces surchargées de meubles, où régnaient
des odeurs de cuisine et où l’on partageait dans l’intimité fautes et plaisirs.
Il était incapable de considérer ces gens-là sous le même jour, derrière leurs
soieries et leurs conventions rigides. Privés de la discipline du travail, ils
s’étaient inventé la discipline de l’étiquette et lui obéissaient tout aussi
aveuglément. Mais ça, Forbes ne pouvait le comprendre.
    En tant que policier, Pitt savait que l’usage lui commandait
de se présenter à l’entrée de service, mais il n’était guère d’humeur à se
plier à une règle qu’il avait refusée toute sa vie.
    Le valet qui ouvrit la porte d’entrée avait la mine lugubre
et figée. Il contempla Pitt avec une aversion non déguisée, même si son
attitude hautaine se trouva quelque peu atténuée par le fait que Pitt le
dépassait d’une bonne tête.
    — Inspecteur Pitt, police, dit ce dernier laconiquement.
Puis-je parler à Mr. et Mrs. Nash ?
    Sans attendre la réponse, il s’apprêta à entrer, mais le
valet ne bougea pas.
    — Mr. Nash n’est pas là. Je vais voir si Mrs. Nash peut
vous recevoir, répondit-il, l’air dégoûté, avant de reculer d’un demi-pas. Vous
n’avez qu’à attendre dans le vestibule.
    Pitt regarda autour de lui. La maison était plus vaste qu’elle
ne le paraissait de l’extérieur. Il vit un grand escalier flanqué d’un palier
de part et d’autre, et une demi-douzaine de portes donnant sur le vestibule. Ayant
acquis quelques connaissances à force de rechercher des objets d’art volés, il
estima que les tableaux aux murs étaient d’une valeur considérable, même s’il
les trouvait trop stylisés à son goût. Il préférait l’école moderne, plus
impressionniste, aux lignes floues, où le ciel et l’eau se fondaient en une
brume lumineuse. Mais un portrait, dans le style de Burne-Jones, attira son
attention, non pas à cause du peintre, mais du sujet lui-même, une femme d’une
beauté exceptionnelle… fière,
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