Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
d’humiliation
depuis tant d’années. Mais pas question de le montrer. Il sourit intérieurement.
Charlotte aurait pris la mouche tout de suite : elle aurait riposté par la
première repartie cinglante qui lui serait venue à l’esprit.
    — J’aurais cru qu’elle serait restée avec son père.
    À la pensée amusée de Charlotte, son expression avait dû s’adoucir.
Elle s’imagina à tort qu’il ricanait, et ses joues se colorèrent délicatement.
    — Elle préférait habiter chez nous, déclara-t-elle d’un
ton tranchant. C’est évident. Une jeune fille n’entame pas la saison sans une
compagnie féminine appropriée, quelqu’un de sa famille si possible, qui puisse
la conseiller et veiller sur elle. J’étais heureuse de le faire. Êtes-vous sûr
que c’est pertinent, Mr… Pitt ? Ne cherchez-vous pas simplement à
satisfaire votre curiosité ? Je suppose que notre mode de vie vous est
pratiquement inconnu.
    Une réponse acerbe lui monta aux lèvres, mais la colère
était irrévocable, et, pour le moment, il ne pouvait se permettre de s’attirer
l’inimitié de Jessamyn Nash.
    Il fît la moue.
    — C’est peut-être bien hors sujet. Je vous en prie, continuez
votre récit de la soirée d’hier.
    Elle prit une inspiration comme pour parler, puis parut se
raviser. S’approchant du manteau de cheminée encombré de photographies, elle
enchaîna de la même voix atone :
    — Elle avait passé une journée parfaitement normale. Elle
n’avait pas de tâches domestiques à accomplir, évidemment… je m’occupe de tout.
Le matin, elle a écrit des lettres, consulté son agenda et vu sa couturière. Elle
a déjeuné ici, à la maison, après quoi elle a pris la voiture pour faire ses
visites. Elle m’avait bien dit qui elle allait voir, mais j’ai oublié. On a
toujours affaire à la même catégorie de gens et, du moment que l’on sait qui on
est soi-même, ça n’a pas beaucoup d’importance. Vous pourrez peut-être le
savoir par le cocher. Nous avons dîné à la maison. Lady Pomeroy était là :
elle est tout à fait assommante, mais une obligation familiale… vous ne
comprendriez pas.
    Pitt réussit à se maîtriser sans se départir de son
expression d’intérêt poli.
    — Fanny est partie de bonne heure, continua-t-elle. Elle
n’était pas encore formée aux mondanités. Parfois, j’avais l’impression qu’elle
était bien trop jeune pour la saison ! J’ai essayé de l’éduquer, mais elle
était d’une candeur ! Il lui manquait la plus élémentaire faculté d’invention.
Le moindre faux-fuyant lui était un supplice. Elle avait quelque commission à
faire, porter un livre à Lady Cumming-Gould. Du moins, c’est ce qu’elle a dit.
    — D’après vous, ce n’était pas vrai ? s’enquit-il.
    Une lueur fugace traversa son regard, mais Pitt fut incapable
de la décrypter. Charlotte, elle, aurait su l’interpréter, mais elle n’était
pas là.
    — À mon avis, c’était la stricte vérité, répondit
Jessamyn. Comme j’ai tenté de vous l’expliquer, Mr… euh…
    Elle agita la main, irritée.
    — La pauvre Fanny n’était pas douée pour la tromperie. Elle
était aussi naïve qu’une enfant.
    Pitt ne trouvait pas les enfants particulièrement naïfs :
dépourvus de tact, oui… mais la plupart de ceux qu’il avait rencontrés
possédaient la ruse innée d’une hermine et étaient aussi coriaces en affaires
qu’un usurier, malgré, pour certains d’entre eux, une contenance résolument
angélique. C’était la troisième fois que Jessamyn faisait allusion à l’immaturité
de Fanny.
    — Eh bien, je peux toujours poser la question à Lady Cumming-Gould.
    Et il la gratifia d’un sourire aussi candide, espérait-il, que
celui de Fanny.
    Elle lui tourna brusquement le dos, haussant une épaule gracile,
comme si son visage lui avait rappelé qui il était et qu’il fallait donc le
remettre à sa place.
    — Lady Pomeroy était partie, et j’étais toute seule
quand…
    Sa voix vacilla ; pour la première fois, elle parut
perdre son assurance.
    — … quand Fanny est rentrée.
    Elle fit un effort pour ne pas hoqueter, en vain. Elle fut
obligée de chercher un mouchoir à tâtons, et sa maladresse l’aida à se
ressaisir.
    — Fanny est entrée et s’est écroulée dans mes bras. Je
me demande où la pauvre enfant a trouvé la force de se traîner jusqu’ici. C’est
ahurissant. Elle est morte l’instant d’après.
    — Je suis
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher