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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin
Autoren: Jean-François Parot
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recueillie sur l'attelage est de la même nature que celle de la berge près de l'établissement des bains des Tournelles. Que souhaitait le meurtrier de Vitry ? Mesurez, messeigneurs, qu'il a tenté de jouer sur deux tableaux. Soit le guet, ou nous-mêmes, prenions pour argent comptant la mise en scène du suicide. Alors Duchamplan, mort aux yeux du monde, pouvait s'évanouir sans coup férir. Il est probable, dans ce cas, que la chemise dérobée à l'hôtel Saint-Florentin eût reparu, impliquant M. de la Vrillière dans un nouveau crime. Le plus extraordinaire de cette affaire, c'est que Duchamplan avait également prévu que sa mise en scène pouvait ne pas convaincre ; dans les mêmes conditions, la chemise aurait été utilisée, et avec les mêmes résultats. Je sens monter une question de M. le lieutenant criminel. Pourquoi Duchamplan supprime-t-il Vitry ? On pourrait dire, par pure cruauté et parce qu'il a besoin d'un cadavre de jeune homme. Je crains – mais là encore, je dois imaginer – qu'il n'ait simplement voulu se débarrasser d'un témoin gênant, ou encore qu'il n'ait souhaité décrire à ce pauvre garçon la mort affreuse de Marguerite Pindron, déclenchant chez ce dernier un mouvement fatal de révolte. Sur cet horrible constat, messieurs, ma démonstration s'achève. En conviction, je crois pouvoir affirmer que Duchamplan est non seulement complice d'un complot contre l'État, mais coupable de ces quatre meurtres affreux.
    Un grand silence s'étendit sur la salle. Le Père Marie entra pour ranimer le brasero et y jeter de nouveaux morceaux d'encens. Les deux magistrats demeurèrent un long moment immobiles, perdus dans leurs réflexions. Enfin, M. Testard du Lys prit la parole.
    — Monsieur le commissaire, je vous ai écouté avec attention. Mes interventions, pour intempestives qu'elles aient pu vous paraître, n'avaient pour seul but que de mieux cerner la vérité. J'ai beau ressasser vos propos et mettre vos arguments les uns à côté des autres afin de rapetasser une intrigue dont les éléments s'éparpillent comme les morceaux d'une carte découpée, je ne parviens pas à me convaincre de tout cela. Il me faut vous poser deux questions essentielles avant d'opiner. Si M. de la Vrillière, que tout accusait, est innocent, où sont ses alibis ? Enfin, vous avez accumulé les notations, les indices, les présomptions, les suppositions et tout un ensemble de détails en fatras dont le poids voudrait emporter la conviction. Donnez-moi sur l'un de ces crimes une preuve qu'Eudes Duchamplan en est coupable, et je tiendrai pour vrai et légitime l'ensemble des accusations que vous venez de porter.
    — Monsieur, intervint Le Noir avant que le commissaire Le Floch défère à votre demande, je vais répondre à la première. Vous avez ma parole, monsieur le lieutenant criminel, que le duc de la Vrillière possède d'imparables alibis pour les moments où furent commis les quatre crimes. Cependant, je suis dans l'impossibilité, d'ordre du roi, de vous les communiquer. Je laisse la parole à M. Le Floch.
    — Je demande qu'on fasse entrer Eudes Duchamplan, dit seulement Nicolas.
    Un jeune homme chargé de chaînes entra, entouré d'hommes du guet. Il était en chemise et culotte marron. Nicolas fut frappé par sa ressemblance, dans la silhouette et la taille, avec le jeune Vitry. Seules les mains, fines et longues, n'appartenaient pas à un garçon jardinier. Sa joue gauche portait un pansement en taffetas gommé. Il jeta un coup d'œil de défi aux deux magistrats.
    — Je proteste, messieurs ! s'écria-t-il. Je suis ici retenu contre mon gré.
    Il désigna Nicolas d'un coup de menton.
    — J'ai été victime de ce monsieur qui a tenté de me noyer au cours d'une soirée privée.
    — Nous n'entrerons pas dans ces détails, répondit sèchement Le Noir. Vous êtes accusé de complot contre l'État et des meurtres de Marguerite Pindron, de la fille Marot, d'une jeune fille enfuie des Pays-Bas et d'Anselme Vitry, garçon jardinier. À cela s'ajoutent le crime d'enlèvement de mineurs et tentative de meurtre sur un magistrat du roi. La parole est au commissaire Le Floch.
    L'homme fixa Nicolas dans les yeux. Celui-ci revit soudain le regard de la couleuvre de Brière, les yeux verts de Mauval et ceux de son frère. Il frémit avant de se reprendre ; le mal continuait à courir.
    — Monsieur Duchamplan, dit-il enfin, il paraîtrait normal que j'illustre dans le détail
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