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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin
Autoren: Jean-François Parot
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l'ensemble des accusations qui sont portées contre vous. Cela nous fatiguerait, et vous aussi. Je vais donc produire devant les magistrats une preuve concernant l'un des meurtres. Si cette preuve est concluante, cela signifiera que non seulement vous êtes coupable de celui-ci, mais aussi de tous les autres.
    Nicolas se leva et marcha à pas lents vers Duchamplan. La lumière dansante des torches projeta son ombre immense sur la muraille. Il saisit le jeune homme par le haut de la chemise, le leva de la sellette et, dans un grand bruit de chaînes, l'entraîna jusqu'à la bière. D'un coup de poing, il en fit tomber le couvercle sur le sol dallé et contraignit Duchamplan à baisser la tête presque à toucher celle du cadavre.
    — Regarde ton œuvre, cette face flétrie, ces yeux caves ! Contemple l'une de tes victimes et ose maintenant prétendre que tu ne l'as pas tuée !
    Il le lâcha, le laissant gémissant près du cercueil. Il revint rapidement jusqu'à la grande table.
    — Messieurs, continua-t-il, je vous prie de bien vouloir examiner cet homme. Lors de la découverte de la victime trouvée à la triperie chaudière, j'ai recueilli, en présence de l'inspecteur Bourdeau, dans le déshabillé de la jeune fille un débris humain. Un ongle qui s'était accroché dans le tissu s'était arraché, emportant un morceau de peau. Le voici.
    Nicolas sortit son petit carnet noir et déplia avec soin un papier de soie contenant un fragment d'ongle et de peau desséchée.
    — Eudes Duchamplan, veuillez approcher.
    Il fallut que Bourdeau aille le chercher.
    — Qu'on lui retire les chaînes.
    Comme saisi d'un fol espoir, l'homme se redressa et reprit son arrogance ; il n'avait rien entendu du propos de Nicolas.
    — Montrez vos mains, dit Le Noir.
    — Quelle raison aurais-je de vous montrer mes mains ?
    — Ne discutez pas.
    Les deux magistrats se penchèrent. Duchamplan avait les ongles plutôt longs. Seul le majeur de la main droite montrait l'ongle cassé et une plaie encore vive sur l'un de ses bords. Nicolas approcha, tint fermement la main. Le fragment en sa possession coïncidait exactement avec la blessure du doigt.
    — Que signifie ? balbutia Duchamplan.
    — Cela signifie, monsieur, dit le lieutenant criminel, que les preuves réunies par le commissaire Le Floch confirment les accusations portées contre vous. Qu'on l'emmène.

    Décembre 1774
    — Alors, Nicolas, fit Noblecourt, reposant avec prudence une fine tasse de porcelaine « Compagnie », l'année s'achève mieux qu'elle n'avait commencé ! Quelle terrible et inconcevable suite d'événements !
    Cela faisait deux mois que Nicolas avait confondu Duchamplan au grand Châtelet. Il leva la tête en soupirant.
    — Hélas, la série n'est point achevée. Je viens d'apprendre de surprenantes nouvelles.
    — Dites-moi.
    — Duchamplan, jugé secrètement par une commission ad hoc , a échappé à la peine capitale. Galères à vie, c'est peu cher payé.
    — Cela, je le savais ; le secret n'est jamais bien gardé… Je me suis laissé dire que votre brillante démonstration et la matérialité des preuves présentées n'avaient pas tout à fait convaincu cette docte assemblée. Que leur fallait-il ? Ce n'est qu'un prétexte, je le crains, pour épargner une tête qui en savait trop long sur certains.
    — Ce que vous ignorez encore, c'est que Duchamplan, sur la route de Toulon, a été découvert étouffé au côté de son compagnon de chaîne qui, lui, ne s'est rendu compte de rien. La poussière de la paille de la prison de Clamecy l'aurait asphyxié !
    — Y a-t-il eu ouverture ?
    — Que non pas ! Il a été aussitôt inhumé dans une fosse commune.
    — Est-on assuré qu'il s'agissait bien de lui ?
    — J'ose l'espérer. Avec Mauval et Camusot qui courent, et sans compter mes amis anglais, cela fait maintenant beaucoup de monde à mes trousses dont il faut me méfier.
    — Vous avez connu des temps difficiles : 1774 demeurera pour vous l'année du deuil et de la calomnie… Cet air-là contre vous et contre la Vrillière. Le duc vous a-t-il au moins marqué sa reconnaissance de l'avoir tiré de ce mauvais pas ?
    — Je n'en attendais guère. Une gêne s'est installée entre nous. Je suis celui qui en sait trop sur son compte ; encore ignore-t-il l'essentiel. Il demeure ministre, mais on observe à la cour une froideur marquée et redoublée à son égard de la part du roi. La duchesse m'a fait tenir un message
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