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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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Janisse ? gronda le baron pour le ramener à plus de révérence.
    Le cuisinier oscilla d'un pied sur l'autre avant de convenir que même à la faveur de la lune, ce pli disgracieux au front du baron était plus de reproche que de persiflage. Penaud, il se mit à triturer ses doigts, comme un garnement pris en faute.
    — Je vous demande pardon, messire. Je me suis laissé emporter. C'est que je l'attends depuis longtemps, la Gersende…
    Radouci bien que toujours circonspect, Jacques de Sassenage lui tapota l'épaule.
    — C'est entendu, vous vous marierez, mais auparavant et puisqu'il semble que le sommeil nous ait fuis, je serais content que tu me racontes toute cette histoire.
    — Par le menu ?
    — Ma foi, Janisse, n'est-ce pas ta spécialité ?
     
    Lorsqu'il regagna ses appartements, deux bonnes heures plus tard, s'étant fait détailler ses dires par Mathieu qu'ils étaient allés réveiller dans la carriole, Jacques de Sassenage tenait une approche globale des faits. Il n'en était pas réjoui pour autant, au contraire. Algonde avait été empoisonnée à petit feu par Francine, elle-même au service du chevalier de Montoison qui voulait par cette pression obliger Philippine à l'épouser. Fort heureusement, Algonde en avait réchappé grâce aux médications de la sorcière de Sassenage. Voilà ce que lui avait affirmé Mathieu avant de lui redemander la permission d'épouser la jouvencelle à présent que leur fille était née. Jacques de Sassenage y avait consenti sans hésiter. Mariée ou non, si Mélusine s'était réincarnée en Algonde, ce qui devait advenir adviendrait. Il se promit pourtant de la prendre en aparté et cette fois, de lui poser la question clairement. Puisqu'ils avaient tous deux un ennemi commun, ils devaient s'entendre pour le combattre.
    Pour le reste, la mort de Francine traduisait hélas ce que Jacques craignait jusque-là. L'alliance du chevalier de Montoison et de son fils aîné. Il ne voyait que Louis, dont il savait la cruauté, pour avoir massacré la servante. Ce n'était pas la première fois qu'il battait un domestique. Jusque-là, seul l'abus occasionnel d'alcool l'y avait incité. Jacques de Sassenage ne savait que décider. Punir ou se taire. Reprendre son fils reviendrait à avouer sa connaissance, non seulement des faits, mais encore de l'alliance ignoble conclue avec le chevalier. Quant à demander des comptes à Philibert de Montoison sans s'attirer les foudres du grand prieur d'Auvergne, il n'y fallait pas compter. Jacques n'avait pas besoin d'une guerre supplémentaire à ses portes. Mieux valait tempérer, éclaircir les trop nombreuses zones d'ombre qui restaient et laisser à Aymar de Grolée le temps de mettre Jeanne en lieu sûr avant de se précipiter. Il fallait s'y résoudre. Dans l'immédiat, il se devait d'afficher la plus grande docilité.
    Quittant ses bottes de cavalier sur le palier, il passa la porte de sa chambre sur la pointe des pieds. La chandelle était mouchée depuis longtemps. Seul un rai de lune filtrait à travers la fente des volets intérieurs. Il en utilisa la lueur pour s'assurer que Marthe ne se trouvait pas dans la pièce et que la porte de communication avec son appartement était close. Fort de ce constat, il s'approcha de la couche et releva la tenture de velours qui la fermait. Sidonie dormait. Seule. Marthe n'avait pas jugé bon d'investir le lit pour la mieux surveiller. Fallait-il que cette diablesse soit sûre d'elle et de la crainte qu'elle inspirait ! Tant mieux, songea-t-il. Son absence prolongée et l'heure tardive à laquelle il rentrait le servaient. Jusqu'au petit jour il serait tranquille.
    Laissant le rideau retomber derrière lui, les isolant plus encore, il se pencha au-dessus des oreillers et tandis qu'il secouait l'épaule de Sidonie, il lui plaqua une main sur la bouche pour l'empêcher de crier. Elle ouvrit de grands yeux affolés.
    — Pas un bruit, ma mie. Je dois vous parler. Seul à seule, lui glissa-t-il à l'oreille.
    Il retira ses doigts.
    — Pas ici. Elle pourrait nous surprendre…
    La voix de Sidonie, presque inaudible, était néanmoins suffisante pour laisser percer le trouble qui la tenait. Jacques lui caressa la joue tendrement. À présent que sa situation lui apparaissait dans toute sa monstrueuse cruauté, il s'en voulait de l'avoir injustement accusée. Et bien qu'il s'en défende par le seul fait de la renaissance de Jeanne, son cœur gardait pour elle l'élan qui l'avait
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