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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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arrière.
    — Qui va là ? s'enquit-il sans crainte mais persuadé à la carrure qu'il ne s'agissait pas du palefrenier.
    — Ce n'est que moi, Janisse. Janisse de Sassenage.
    — Maître Janisse ? Mais parbleu, que faites-vous donc ici ?
    Grattant d'une main son ventre proéminent, frottant de l'autre un œil ensommeillé, le cuisinier bâilla à pleine bouche tout en le rejoignant d'un pas mal assuré.
    — Je vous attendais, affirma-t-il comme la chose la plus normale du monde.
    Cette incongruité toute pleine du bienheureux tempérament de l'homme amena du baume au cœur du baron. Il lui sourit avec bienveillance.
    — C'est une heure peu commune pour recevoir les doléances.
    — Important, bâilla encore Janisse sans prendre la peine de masquer le gouffre carié qui lui servait de bouche.
    Réfutant une envie de rire quand un autre se serait courroucé d'autant de hardiesse, Jacques sentit ses épaules s'alléger. Au fond, cet intermède avant de retrouver le joug de Marthe l'aiderait à paraître comme si de rien n'était.
    — Soit, décida-t-il. Puisque vous vous êtes donné la peine de voyager, accordez-moi le temps de réveiller le garçon d'écurie. Ensuite, ma foi, je veux bien vous entendre.
    — Faites, faites, lui autorisa Janisse d'un balaiement de la main en s'accoudant sans grâce à la traverse de la charrette.
    Un seigneur n'eût pas eu plus d'indulgence que lui en cet instant à l'égard d'un valet, s'amusa encore Jacques en tournant les talons. S'il n'avait eu au cœur affaire plus grave, il l'aurait repris. Pour la forme seulement, car il savait maître Janisse trop dévoué pour l'imaginer un seul instant lui manquer de respect.
    Secoué, le rouquin bougonna, se retourna sur sa couche, avant de se dresser comme un diable en reconnaissant la voix du baron. Jacques n'eut rien besoin de dire. Décoiffé, piqueté de paille, le palefrenier détala auprès des bêtes pour les desseller. Jacques retrouva maître Janisse qui dodelinait de la tête, un ronflement en suspension au fond du palais. Il se secoua à son approche, quitta son réconfortant support et attendit que le baron soit devant lui pour lui proposer de marcher un peu.
    — Ça vous tiendra éveillé, lui servit-il avec le même aplomb inconscient, prêtant à son maître sa propre somnolence.
    Ils étaient seuls, nonobstant le garçon d'écurie, qui, pressé de retrouver sa couche s'activait à sa besogne. Jacques accorda donc son pas à celui, traînant, du cuisinier, ravi au fil des secondes de le sentir plus marqué sur les graviers. Ils s'écartèrent de la bâtisse, préférant à l'odeur du purin celle des lilas qui s'épanouissaient en boule le long de l'allée menant au jardin d'agrément. À l'abri des branches hautes des châtaigniers en fleur piquetés çà et là, des rossignols se répondaient dans une mélodie aussi fleurie que l'air lui-même.
    — C'est à propos de Gersende, monsieur le baron, se lança enfin Janisse qui, le nez au vent, n'avait pu s'empêcher l'espace d'un instant de rêver de beignets.
    — Ah!
    — Maintenant que la bécaroïlle n'est plus empoisonnée et qu'elle va convoler, on voudrait bien en faire autant.
    Jacques de Sassenage tourna vers lui un visage perplexe. Ce discours nébuleux n'avait en lui rien éveillé de concret.
    — Je crains mon bon Janisse de ne pas saisir le sens de votre pensée.
    Entre la faim et l'endormissement, Janisse se méprit sur les intentions du baron. Plantant ses mains sur ses hanches, rouge d'angoisse autant que de reproche, il lui barra le chemin.
    — Alors ça, je comprends pas. Qu'on nous batte à mort comme cette pauvre fille la nuit dernière, ma foi, si ça nous fait pas plaisir, c'est fatalité. Mais Gersende et moi, monsieur le baron, on n'a pas démérité. Pourquoi vous voulez pas nous marier ?
    Interloqué, Jacques de Sassenage fronça les sourcils.
    — Qui a été battu à mort pendant mon absence ?
    — Est-ce que je sais, moi ? Une servante, je crois. C'est le Mathieu qui a vu un valet de chambre se débarrasser du corps. Mais c'est pas le propos…
    — Mathieu est ici ?
    Décidément, cette affaire prenait des allures insoupçonnées.
    Bien réveillé à présent, Janisse tordit la bouche, plissa le front et fronça le nez.
    — Dites voir, monsieur le baron, sauf le respect que je vous dois et que je veux pas vous manquer pour pas être bastonné, vous vous moqueriez pas de moi, par hasard ?
    — En ai-je l'air
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