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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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barbe, les sourcils froncés. Il était perplexe.
    — Pourquoi ne vous ont-ils pas emmenée ? Quelques pierres ou volets ne sauraient les arrêter, puisqu'ils traversent celles-ci.
    — Sans doute parce qu'ils vous attendaient.
    Mounia et Enguerrand se regardèrent, repris de fébrilité.
    — Les premières fois, j'ai cru qu'ils jouaient avec moi. J'attendais de mourir dans la tourmente qu'ils déchaînaient dans la cabane. Elle cessait au matin, me laissant épuisée, la tête emplie de mots incompréhensibles, d'images toutes aussi incroyables les unes que les autres. Au fil des mois j'ai compris, comme les villageois, qu'ils ne m'emporteraient pas. On s'est mis à me craindre, à me respecter, à me confier les chèvres, à me donner quelques paniers garnis. Ma famille m'a de nouveau ouvert sa porte. J'aurais pu revenir au village, mais à la peur avait succédé la curiosité. J'ai fabriqué des volets pour me garantir de la pluie et du vent, aménagé la pinnettu. Et remplacé ma grand-mère en servant de lien entre les vivants et les trépassés pour qui me le demandait.
    — Et les Géants ? demanda Mounia en se redressant, courbaturée d'être demeurée trop longtemps agenouillée auprès de la Sarde.
    — Leur fureur venait de ce que personne ne les écoutait. Tout leur était hostile. On avait massacré leurs descendants, ruiné leurs souvenirs, souillé les puits sacrés du sang des batailles. Cette terre qu'ils avaient aimée ne savait plus rien du chant de ses origines. J'ai mis du temps avant de pouvoir les comprendre. Si j'y suis parvenue c'est grâce aux images qu'ils me communiquaient et qui faisaient écho à leur langage.
    Une couleuvre aussi grosse que le poing fermé d'Enguerrand zigzagua entre les pierres, dérangée par le piétinement de Mounia. L'Égyptienne n'y prêta pas davantage attention qu'aux picotements restés dans ses mollets.
    — Ils parlent la langue des pharaons, se souvint-elle.
    — Disons plutôt que les pharaons avaient hérité de la leur. Cela tient aux origines de notre monde. Bien avant qu'il ne ressemble à ce que nous en connaissons. En fait, d'après ce que les esprits m'en ont dit, il n'y avait sur terre, au commencement des temps, qu'un seul continent perdu dans l'immensité de la mer.
    — Un seul continent ? Voyons Catarina, c'est impossible, s'étrangla Enguerrand.
    — Un seul. Que se partageaient hommes et bêtes aussi gigantesques d'allure que cette terre l'était. Je les ai vus en rêve. Je pourrais les dessiner si vous voulez.
    — Pourquoi pas des dragons, persifla Enguerrand, sceptique.
    Catarina détourna la tête et poursuivit, pour Mounia qui buvait ses paroles.
    — De rustres à leurs origines, les Géants acquirent une infinie sagesse et leurs cités rayonnaient de partout alors même que, régulièrement, des rochers ardents tombaient du ciel, embrasaient et disloquaient ce continent unique. Il se fragmenta en plusieurs blocs, isolant les habitants les uns des autres. Une première civilisation s'éteignit dans les glaces. Une autre recommença dans le feu, forte des vestiges de la première. Et ainsi de suite jusqu'à ce que, il y a deux cent cinquante millions d'années environ, les terres reforment un continent, laissant une île à l'est qui, au-delà d'une mer intérieure, barrait la vue sur le large.
    — Sauf votre respect, Catarina, avez-vous seulement conscience de ce que représentent deux cent cinquante millions d'années ? explosa Enguerrand en bondissant de son siège improvisé.
    Folle, cette femme était folle et il l'écoutait ! Il arpenta la pièce, bouleversant le brûlot paisible de la torche dont les flammes se mirent à danser, auréolant les murs de lueurs fantasques. Imperturbable, Catarina poursuivit.
    — Une île, disais-je, isolée des créatures monstrueuses, sur laquelle trouvèrent asile les plus sages des Géants. Pendant des millénaires, leur civilisation connut son apogée, avant d'être abîmée lorsque ce monde sans cesse rugissant rapprocha l'île rectangulaire du milieu du continent où progressivement elle fut avalée. Tout fut reconstruit néanmoins et durant une centaine de millions d'années, l'accalmie régna, avant une fois encore que le visage de la terre ne change et modèle ce que nous en connaissons ce jourd'hui.
    Enguerrand s'immobilisa face à elle.
    — Tout cela est absurde. Rien dans la très sainte Bible ne vient étayer vos arguments. Rien ! Ces vingt-huit années auront
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