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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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décida Mounia. Sans doute faut-il pour que la confiance s'installe que nous vous disions toute la vérité.
    Elle passa le flambeau à Enguerrand puis s'écarta suffisamment pour récupérer sous ses jupons le flacon de verre bleu. Elle le brandit dans sa paume ouverte sous les yeux de la Sarde.
    — La prophétie… C'est la clef de la prophétie.
    De saisissement, Catarina laissa tomber la croix de bois dans la poussière millénaire.
    *
    Ils avaient repris leur marche. N'osaient plus se regarder, à peine se frôler encore pour ne pas céder à l'impulsion de se jeter de nouveau dans les bras l'un de l'autre. Et sans doute de commettre l'irréparable. Il ne fallait pas. Djem s'était écarté le premier. Il n'était pas en Anatolie, auprès d'une de ses femmes. Il ne pouvait la coucher sur l'herbe comme une esclave, céder à ses pulsions. Céder à son amour. Ici les choses n'étaient pas aussi simples. Éclaircissant sa voix dans un raclement de gorge, il lui avait pris le bras pour la ramener vers le centre de la clairière, vers Nassouh et Algonde. Pour se garantir de leur présence.
    Philippine était tellement troublée que si Djem ne lui avait offert son bras pour qu'elle y pose ses doigts tremblants, son vertige l'aurait emportée. Habité des trilles et des gazouillis d'oiseaux autant que des voix familières de leurs compagnons, le silence qui s'était installé entre eux lui semblait empli de promesse. Son cœur se gonfla.
    — Ce moment est si doux que je voudrais ne pas le voir finir, prince.
    — Je vous en prie, appelez-moi Zizim.
    — Zizim, reprit-elle, légère et curieuse dans un regard de biais, le premier depuis leur baiser.
    — C'est le surnom que ma mère m'avait donné enfant. Il chante à mon cœur, comme pour vous le prénom d'Hélène. Comme pour vous, mes intimes l'ont adopté.
    Elle frémit.
    — Vos femmes aussi ?
    Il caressa les doigts tremblants, un sourire aux lèvres. Cette piqûre soudaine de jalousie, éveillée par leur relation nouvelle, rendait celle-ci plus forte encore.
    — Ne vous tracassez pas à cause d'elles, Hélène. Il est normal en mon pays de posséder un harem.
    — Mais au regard de Dieu, c'est une incongruité.
    Il gagna un arbre proche et s'y adossa, la laissant s'asseoir sur une pierre plate surélevée, tournée vers lui dans sa jupe en corolle que les fougères, caressantes, rendaient par l'intensité de leur couleur plus chatoyante encore.
    — Les aimez-vous ? demanda-t-elle, devinant qu'il se refusait à remettre entre eux le poids de leur différence cultuelle.
    — Ma mère est grecque. D'une beauté hautaine, que l'âge a adoucie en blanchissant sa chevelure et ses traits. Je crois que c'est la seule que mon père a véritablement aimée.
    — Et vous ? Laquelle a votre préférence. Almeïda ? Ses yeux vous dévorent. Sur moi, hier, ils possédaient l'éclat de l'acier, insista-t-elle.
    Il la fixa longuement, dévorant chaque frémissement de ce visage inquiet. Cette fossette qui se creusait à sa joue droite, la petite perle de beauté, naturelle et ombrée, qui ponctuait la pommette, le nez légèrement retroussé, la frange de ses cheveux bouclés en lisière de la coiffe. Il ne voulait rien lui cacher, à elle qui sur cette terre hostile lui offrait de renaître. Pour autant il ne voulait rien brusquer.
    — Almeïda ne représente rien véritablement pour moi. Ma première femme est en Égypte. Elle m'a donné deux fils déjà. Ils sont sous la protection du sultan des mamelouks, mais je continue de craindre pour elle. Pour eux. Ils me manquent souvent.
    Philippine hocha la tête. Malgré ce poignard qu'elle venait de prendre en plein cœur, elle préférait à Almeïda le souvenir de cette femme qu'il ne reverrait jamais.
    Quittant son dosseret d'écorce, il vint s'asseoir à ses pieds, reprenant dans la sienne la main d'albâtre.
    — Je ne veux pas que vous soyez une de mes femmes, Hélène.
    Déception. Ou soulagement. Le cœur de Philippine oscilla entre les deux. Elle détourna la tête.
    — Que suis-je pour vous, alors ?
    — La seule en ce monde pour laquelle j'abjurerais jusqu'à mon Dieu si vous me le demandiez.
    Elle ferma les paupières. Était-ce un rêve qui se réalisait ? Trop tôt, songea-t-elle. Trop tôt encore.
    — Devenir chrétien ne détournerait ni le chevalier de Montoison ni mon frère de leurs sinistres projets.
    Il soupira.
    — Les découdre l'un et l'autre ne servirait pas davantage notre
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