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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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je dois défendre par-delà la tombe, bien que je souhaite à ces femmes justice rendue.
    — Quel dommage que vous soyez bien plus riche que moi et manquiez de vénalité, commenta Arnaud de Tisans. Le marché eût été rondement conclu. Que puis-je vous offrir qui vous tente ?
    — Votre aide réciproque, quoi d’autre ? sourit le bourreau.
    — Dites ?
    — Je doute que ma proposition vous agrée sitôt. Cependant, réfléchissez-y avant de la repousser définitivement. Songez qu’il ne s’agira pas de trahison, mais de… d’équité, de rendre un peu à Dieu ce qui Lui revenait : rappeler Ses créatures quand bon Lui semble… un moyen de Lui demander humble pardon de nous être fautivement substitués à Lui dans toute notre arrogance. De plus, rien ne s’échappera d’entre nous.
    — Dites, répéta le sous-bailli.
    — L’accès aux transcriptions de procès. Certains procès, j’ignore encore lesquels.
    — Ah ça ! cria Arnaud de Tisans en se levant d’un bond. Êtes-vous bien fol ? Auriez-vous tout à fait perdu le sens ? Ces transcriptions sont confidentielles, portant scellés.
    D’un ton calme, très doux, Hardouin le pria :
    — Assoyez-vous, seigneur bailli. De grâce, sondez votre esprit sans passion. Si vous n’aviez pas eu connaissance des témoignages à charge contre Évangeline, sa pauvre âme errerait pour l’éternité dans les limbes, attendant réparation et une sépulture chrétienne. Celui qui est à l’origine de sa mort, de celle de sa maîtresse, doit payer. Ces deux agnelles trouveront enfin le repos.
    — Vous exigez de moi une forfaiture !
    — Il s’agit là d’un terme que l’on peut retourner à l’envi, en fonction des intérêts que l’on défend, argumenta M. de Mortagne. Est-ce forfaiture que de permettre qu’éclate la vérité, que des innocents soient lavés d’odieuses accusations, que la ternissure qui a rejailli sur leurs familles soit enfin effacée ? Vaut-il mieux rompre le sceau d’une transcription ou envoyer au trépas un innocent ? Quant aux desperatis 24 qui sont parfois, en réalité, des assassinés, ne doit-on pas rendre leurs biens à leur famille et leur restituer le sein de l’Église ? J’y vois une simple entorse aux us. Réfléchissez, en votre âme et conscience.
    Le sous-bailli le considéra, l’air grave. Après de longs instants de silence, il déclara :
    — J’ai mieux que cela à vous proposer, du moins le crois-je. Rendre justice aux défunts, une œuvre honorable. Préserver les vifs, une tâche salutaire, une obligation de cœur et d’honneur.
    Hardouin cadet-Venelle attendit la suite, ignorant où Tisans le souhaitait mener. Elle ne tarda pas.
    — Revenons à Nogent-le-Rotrou, justement. Il s’y perpètre depuis quelque temps d’horribles meurtres d’enfants. Des deux sexes. Des petits galopins 25 , des enfants des rues. Je tiens du bailli de cette seigneurie, Guy de Trais, lequel se désespère de son impuissance en la matière, que les enfants seraient enlevés, disparaîtraient durant deux à trois jours avant qu’on ne retrouve au matin dans une ruelle ou aux abords de la ville leurs corps suppliciés d’épouvantable façon. L’enquête se heurte au vague des témoignages, les familles des enfants les laissant vivoter de petits expédients sans s’en préoccuper beaucoup 26 .
    — Je ne suis ni le bailli, ni l’un de ses lieutenants. Je n’enquête pas.
    — Ne l’avez-vous point fait pour Faussay en retrouvant puis en contraignant ce fermier, Germain Flanche, à me venir confier ce qu’il savait ? riposta Arnaud de Tisans.
    — Habile objection, admit Hardouin. M’en contez davantage, je vous prie.
    — Je ne dispose que du dire de Guy de Trais et il est bien flou, hormis en ce qui concerne une erreur de jugement qui l’a grandement affecté. Un trucheur, un certain Bastien Mollard qui paya pour ce qu’il n’avait pas commis. Ces parasites passent d’église en église et de ville en ville. Leur réputation est vite taillée et nul ne gobe plus leurs jérémiades après quelques semaines. Celui-ci était nouveau venu à Nogent, mais n’y serait pas resté très longtemps, puisqu’il invectivait ceux qui refusaient de lui offrir aumône. C’est du reste ainsi que les hommes du bailli l’ont vite arrêté. Je lis sur votre visage que je vous embrouille de détails.
    Le bourreau sourit en acquiescement courtois.
    — Votre pardon, poursuivit Tisans. Il me faut
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