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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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témoigné à charge contre Évangeline.
    — Et ?
    — L’un des témoins s’offrit un étal de saucissier 19 . L’autre reprit une ferme non loin de Dancé. Quant à la jeune servante, elle se maria bellement avec le fils d’un gros vivandier 20 . Avec quel argent ? Certes pas les quelques fretins de rémunération que leur concédait Garin Lafoi, peu réputé pour ses largesses.
    — Vous supputez qu’il paya leurs déclarations ? s’enquit l’exécuteur.
    — Hum-hum.
    — Quelles étaient-elles ?
    — La jeune servante affirma sous serment qu’Évangeline détestait la femme Muriette Lafoi, qu’elle s’en plaignait et avait proféré de graves menaces envers elle. L’homme de peine, Éloi Talon, un ancien soldat, notre bon saucissier, jura qu’il accompagnait son maître lors de sa visite des terres et ne l’avait pas quitté d’un pas. Alphonse Fortin, le troisième larron, devenu fermier, attesta qu’Évangeline lui était venue emprunter la hachette, le matin du meurtre, au prétexte de décapiter des carpes. Si la demande l’avait un peu étonné, il n’y avait plus pensé ensuite.
    — Les autres serviteurs ?
    — C’est là que se noua le procès. Les trois autres servantes de la maison étaient parties au lavoir. Les deux hommes, en sus du sieur Fortin, avaient mené le chariot afin d’abattre des arbres et de couper du bois de chauffage. Muriette Lafoi se retrouvait donc seule en compagnie d’Évangeline. Certains juges y virent la preuve de la rouerie de l’accusée qui avait attendu le moment propice pour commettre son ignoble besogne sans risquer d’être interrompue. L’eût-elle voulu, Évangeline aurait été incapable de ruse et de calcul. L’intelligence lui en faisait défaut.
    — Je suppose que ces serviteurs furent expédiés à leurs corvées sur ordre de leur maître ?
    — Vous supposez vrai, messire exécuteur. L’histoire ne s’arrête pas là. Garin Lafoi se remaria quelques mois après l’assassinat de sa femme, avec une fort jeune et jolie bourgeoise… de Mortagne, preuve qu’il la connaissait d’avant son déménagement à Nogent-le-Rotrou.
    — Avait-il des hoirs 21 de sa première épouse ? voulut savoir Hardouin.
    — Non pas. À son trépas, il a donc hérité de ses très confortables biens. Il a maintenant deux marmots 22 de deuxième lit.
    — Une classique histoire de cocufiage 23 qui se termine mal ? résuma le bourreau.
    — Si tous les cocus des deux genres se faisaient mettre en pièces, la Terre serait un désert ! rectifia le sous-bailli. Une classique et répugnante histoire de passion du lucre, de dérèglement des sens et de sauvagerie, plutôt.
    — Lourde présomption n’égale pas preuve, contra le bourreau.
    — De juste. Toutefois qui, mieux placé que moi, pourrait obtenir cette preuve ?
    — Certes. Pourquoi, alors, et avec tout mon respect, avoir tant tardé à la découvrir, seigneur bailli, puisque cette vieille affaire semble vous empoisonner le cœur ?
    — Parce que je m’en étais accommodé, ainsi que je vous l’ai dit. Tel n’est plus le cas et ce souvenir me hante aujourd’hui. Une erreur, une faute que j’entends expier. Peut-être me cherché-je des excuses… toutefois, il me semble que… j’attendais un signe. Une sorte d’ordre impérieux exigeant que justice soit rendue à Évangeline et Muriette.
    — Quel signe ?
    — Vous. Votre… emballement de nerfs au sujet de Faussay, vos menaces. Si une preuve confirmait sans équivoque la culpabilité de Garin Lafoi, m’aideriez-vous ?
    — En quoi ?
    — À le faire passer de vie à trépas ? Je veux qu’il sache pourquoi, pour quel impardonnable péché il meurt.
    — Mon aide afin de l’occire ? Ah ça, seigneur bailli ! s’exclama Hardouin. Je ne vous vois guère vous pâmer de crainte devant une épée ou vous effrayer de la devoir planter dans le cœur de votre opposant.
    Un mince sourire, puis :
    — Le merci, monsieur. Venant de vous, ce jugement me flatte. C’est que… il ne s’agit pas de vengeance, de haine, ni même d’un duel de devoir ou d’honneur… il s’agit de justice. Les us doivent être respectés. Mon métier consiste, entre autres, à arrêter et à juger, le vôtre à exécuter.
    — L’argument a juste allure. Cela étant, pourquoi vous aiderais-je ? Nous ne sommes ni en amitié, ni même en cordialité. Surtout, Évangeline Caquet, Muriette Lafoi ne sont pas… mes agneaux, ceux que
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