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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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trucheur ?
    — Il y a quatre, cinq mois.
    — Le meurtre de la fillette a donc eu lieu voilà trois à quatre mois. Et depuis ? D’autres enfants ?
    — Je l’ignore, rien ne m’est venu aux oreilles depuis ma rencontre avec le bailli de Nogent-le-Rotrou, peu avant la Saint-Jean d’été 29 . La fillette avait été retrouvée deux semaines auparavant 30 .
    — Combien d’enfants assassinés de même manière depuis… deux ans et demi environ ?
    — Onze en comptant la fillette… à moins que certains petits cadavres n’aient pas été découverts.
    — Morbleu 31  !
    L’exécuteur sentit la gêne extrême du sous-bailli lorsqu’il s’empêtra dans ses mots :
    — Je… Je retenais ce… cette précision abjecte, mais il me semble… que j’avais tort. Elle pourrait s’avérer importante… Je ne sais… Ce mire 32 d’excellence… celui qui officie à Nogent-le-Rotrou, un certain Antoine Méchaud, a, à la demande de Guy de Trais, examiné les corps, assisté d’une matrone jurée 33 . Tous les enfants ont été violés, sodomisés et… les garçonnets… émasculés.
    — Maudit, rôtis en enfer ! cracha Hardouin.

    Jusque-là, cette histoire lui avait été assez indifférente, lointaine en quelque sorte. Il n’en attendait qu’un avantage afin d’exiger, ou plutôt de solliciter, une contrepartie de Tisans. Étrangement, lui qui avait tant supplicié, émasculé des adultes sur ordre, tué, ne parvenait à tolérer que des tortures soient dispensées par plaisir. Se réjouir des souffrances et des hurlements de petits innocents le suffoquait de rage. Toutefois, la prudence s’imposait envers le sous-bailli, fin politique et assez rusé pour le mener où il le souhaitait, obéissant à des raisons qui restaient à démêler.
    Hardouin hésitait encore à poser la question qui lui brûlait les lèvres. Le sous-bailli y verrait-il impertinence ? Même s’ils discutaient aujourd’hui en cordialité, l’exécuteur n’oubliait pas qu’Arnaud de Tisans était de haut et lui de la fange aux yeux de tous. La nouvelle civilité avec laquelle le seigneur sous-bailli le traitait devait à son besoin d’un tueur légitime. Peut-être à autre chose aussi, un but plus confidentiel. Bah ! Pourquoi ne pas se permettre une menue insolence, puisqu’il en avait enfin la possibilité !
    — Seigneur bailli, avec tout mon respect, si je comprends votre intérêt pour ce Garin Lafoi puisque le meurtre de feu son épouse survint en votre baillage, en quoi vous chaut Nogent-le-Rotrou ou ce trucheur ? Quant aux petits miséreux défunts, les enfants morts sont légion.
    Hardouin perçut l’effort que fournissait Tisans afin de rester impavide. Son regard noisette s’assombrit et le bourreau, pour avoir tant pataugé dans les tréfonds de l’âme humaine, pure ou impure, sut qu’il allait mentir ou, du moins, offrir une demi-vérité.
    — Me voici à nouveau contraint de vous demander votre parole de discrétion.
    — Vous l’avez à nouveau. Sur l’honneur. Honte à jamais si…
    Hardouin fut interrompu par un coup porté contre la porte. Bernadine passa la tête et s’enquit :
    — Avez-vous toujours d’l’infusion, assez d’rissoles, mon maître ?
    — Tout va bien, merci.
    Elle hocha la tête avant de refermer le battant. Hardouin en profita pour remplir leurs gobelets. Il se réinstalla en face du sous-bailli et demanda :
    — Votre confidence ?
    Arnaud de Tisans hésita avant de lâcher :
    — Quel encombre ! Je vous l’ai dit : je crois Guy de Trais homme de bien, d’agréable fréquentation, amoureux de société, quoique ne le connaissant que de rencontres. Originaire de Rennes, il est de belle noblesse bretonne, de fine érudition, féru, ainsi que vous, d’art, de poésie et de littérature. Je pense, sauf à me fourvoyer, que la charge de bailli d’une petite seigneurie loin de toute ville d’importance lui va telle une coiffe à une taure 34 . Je suis bien certain que ces vilaines affaires de meurtres lui donnent envie de dégorger de dégoût.
    — D’où son manque d’empressement à les résoudre ?
    — Fichtre, je n’irai pas jusque-là ! D’où son incompréhension, plutôt. De plus, il est encore jeune – de votre âge, je pense – marié à une ravissante mie 35 qui vient de lui offrir un fils. Voyez, il serait bien plus à son aise à la cour d’un grand du royaume. Car on le prétend aussi d’appréciable intelligence.
    D’un
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