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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas
Autoren: Hervé Gagnon
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remettre en selle malgré sa jambe brisée. Il est reparti avec ce qu’il lui restait de soldats, bien décidé à tanner le cul de son pleutre de fils dès qu’il pourrait se tenir debout.
    —    Comment t’es-tu retrouvé ici ? m’enquis-je. Montfort devait s’attendre à ce que tu repartes avec lui.
    —    J’ai prétendu vouloir m’assurer que nous ne laissions aucun survivant derrière nous. Dès qu’il a été assez loin, j’ai enfourché le premier cheval que j’ai trouvé et j’ai filé jusqu’ici.
    —    Il doit se demander pourquoi tu n’as pas réclamé ton paiement.
    —    Je l’ai fait avant de partir, au cas où. L’argent pourra toujours servir au Prætorium.
    Je hochai tranquillement la tête, impressionné par la manière dont il avait improvisé. Puis j’interpellai Ugolin.
    —    Tu as réussi à faire remarcher Montbard. Tu sauras bien m’arranger un semblant de main, non ? J’ai connu un brigand, jadis, qui avait remplacé celle que je lui avais tranchée par un crochet, ajoutai-je en songeant à Onfroi.
    Son visage s’éclaira d’un large sourire.
    —    J’y pense déjà, rétorqua-t-il.
    Je fronçai les sourcils et toisai Payraud.
    —    D’où sortaient les templiers ? lui demandai-je.
    —    Norbert ne faisait pas plus confiance à Montfort qu’au diable en personne, expliqua-t-il. La veille de notre départ, il avait ordonné que nos hommes nous suivent discrètement, au cas où quelque chose tournerait mal. Il était entendu qu’ils n’interviendraient que sur mon ordre.
    —    Norbert. fis-je, me souvenant de l’état dans lequel nous l’avions laissé.
    —    Il est mort pendant notre absence, sans savoir qu’il avait réussi, m’apprit Jacques, ému. Nous l’avons enterré hier.
    Une grande tristesse m’envahit à la pensée que le vieil homme qui avait consacré toute sa vie à sa mission n’en avait pas connu la conclusion. Une fois encore, Dieu se montrait cruel.
    Payraud jeta un coup d’œil aux autres. À son signal, les soldats et les Parfaites me prirent par surprise en posant tous un genou au sol.
    —    Les Prætores sont à tes ordres, Cancellarius Maximus, déclara-t-il solennellement.
    Tu devras protéger la Vérité et l’empêcher d’être détruite par ses ennemis jusqu’au moment où l’humanité sera prête à la recevoir , m’avait dit Métatron, voilà si longtemps. C’était fait. Seule la conscience qui m’avait été imposée faisait que je me trouvais encore parmi les vivants. Et je savais que j’y resterais, à attendre et à préparer celui qui me remplacerait.
    —    Bordel de Dieu, cessez ces cérémonies, ronchonnai-je, imitant malgré moi Bertrand de Montbard. Tout est accompli. Jusqu’à ma mort, ma seule tâche sera de veiller sur les paroles de Yehohanan comme une poule couve son œuf. Une vieille femme infirme pourrait le faire aussi bien que moi. Il n’y a pas de quoi se lancer dans les grands honneurs. Il me reste encore deux pieds. Relevez-vous avant que je m’en serve pour vous botter le cul !
    Ils se remirent debout, amusés par ma réaction.
    —    Pourquoi as-tu donné l’ordre, Jacques ? repris-je. Amaury détenait déjà le dernier parchemin. Tout était réglé. Le Prætorium avait vaincu. L’arrivée des templiers a failli tout gâcher.
    —    Je sais. Je. j’en avais assez. Trop d’hommes de valeur sont déjà morts pour les paroles de Yehohanan, maugréa-t-il. Il était trop tard pour Eudes, mais nous pouvions encore vous sauver toi, Ugolin, Foix et dame Cécile. Le maudit monstre l’aurait utilisée pour accroître ses terres et il aurait probablement réduit son père, le comte, à l’impuissance par la même occasion. Le Sud est déjà trop affaibli. Et puis. je sais que tu l’aimes.
    Je soupirai. Effectivement, j’aimais Cécile.
    —    Va chercher Foix, demanda Payraud à Odon.
    Le garçon sortit aussitôt. Silencieux, mes compagnons échangèrent des regards dérobés qui ne m’échappèrent pas.
    —    Combien d’hommes nous reste-t-il ? m’enquis-je.
    —    Moins d’une dizaine, répondit Payraud, dont certains assez amochés. Grâce à toi et aux croisés, nous en avions déjà perdu plusieurs dans notre embuscade ratée. Montfort, Pierrepont et Thury n’ont rien à envier à un templier et leurs hommes n’étaient pas manchots non plus. Ils nous en ont coûté quelques-uns de plus.
    —    Pour le peu qui
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