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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas
Autoren: Hervé Gagnon
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   Montfort, finis-je par dire. La première part. Je devais la lui remettre, mais il m’a roulé. Ses hommes ont tué Eudes.
    Au souvenir de la tête du Magister au pied de l’arbre, mon estomac se noua. Une autre vie avait été sacrifiée sur l’autel de la Vérité.
    —    Le salaud a menti. Il n’a jamais voulu me rendre Cécile. Les templiers de Norbert. ils sont venus à notre rescousse. Il y a eu une bataille. Nous avons eu le dessus.
    La porte s’ouvrit et Odon entra, suivi d’Ugolin, de Véran et de Payraud. Le Minervois avait quelques spectaculaires bosses au visage mais, en gros, il semblait en pleine forme et souriait à pleines dents. Véran, lui, boitait un peu et arborait un pansement sur la tête. Quant à Payraud, il était indemne et frais comme une rose.
    —    Comment est-il ? s’enquit le Minervois.
    —    Il s’en tirera, répondit Pernelle.
    Véran s’approcha du lit et resta planté là, visiblement mal à l’aise.
    —    Quoi ? finis-je par demander.
    —    Ta main. répondit-il après une longue hésitation.
    —    Qu’est-ce qu’elle a ?
    —    Vous ne lui avez rien dit ? fit-il en se retournant vers Pernelle.
    Alarmé, je voulus porter ma dextre devant mon visage et, aussitôt, un élancement me déchira le bras.
    —    Ton épaule s’est démise lorsque Montfort t’est rentré dedans avec son cheval, expliqua Ugolin. Dame Pernelle a eu besoin de moi pour la remettre en place.
    —    Le gros balourd t’a presque arraché le bras en tirant dessus, blagua mon amie. Mais tout est bien en place et dans quelques semaines tu ne sentiras plus rien.
    Je réalisai que j’étais torse nu et que mon épaule était solidement bandée, de sorte que mon bras restait collé à mes côtes. Je reportai mon attention sur Véran, qui semblait toujours aussi embarrassé.
    —    Je faisais référence à ta senestre, dit-il, les yeux rivés au sol.
    Craintif, je pliai le bras gauche et portai ma main informe devant mes yeux. Sauf qu’elle ne s’y trouvait pas. Mon avant-bras se terminait par un épais bandage. Je tournai lentement la tête vers Véran, incrédule.
    —    Tu allais occire Montfort, expliqua-t-il, tel un petit garçon pris sur le fait en train de commettre quelque mauvais coup. Mort, il n’aurait pas pu emporter la première part et elle nous serait restée sur les bras. La mission du Prætorium aurait échoué et l’Église aurait continué à chercher. Il aurait fallu tout recommencer.
    Je reportai les yeux sur le moignon. Étrangement, je ne ressentais que du détachement. J’avais déjà fait mon deuil de ma senestre et le fait qu’elle soit maintenant absente ne me touchait presque pas.
    —    Si j’avais frappé ton épée, le choc aurait enfoncé la lame dans la gorge de Montfort, reprit Véran. Je n’avais pas le temps de te saisir le bras. La seule chose que je pouvais faire était de te frapper au poignet. Je. je suis contrit.
    —    Je voyais rouge, expliquai-je. Je ne pensais plus. Je ne voulais que le tuer. La luxure du combat.
    —    Je sais. Je la connais bien, moi aussi.
    Je considérai Véran, dont la gêne faisait pitié à voir. Au fond, il n’avait fait que me priver de ce qui m’était déjà inutile. Et il l’avait fait pour les bonnes raisons.
    —    Ne te tourmente pas. Tu as bien fait. Et puis, ne te devais-je pas une paire d’oreilles ? Nous sommes quittes.
    —    C’est vrai, ricana-t-il, visiblement soulagé, en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
    Je tournai la tête vers Pernelle.
    —    Combien de temps ai-je été inconscient ?
    —    Cinq jours. Tu as fait une forte fièvre et nous avons craint que le moignon ne se corrompe. Esclarmonde et moi avons dû nous démener pour que ton état ne s’aggrave pas.
    —    Ne crains rien, dis-je sombrement en me souvenant de mon rêve. Je ne mourrai pas tout de suite. J’ai encore à faire.
    Je reportai mon attention sur Véran.
    —    Qu’est-il arrivé ensuite ?
    —    Comme Montfort me croyait toujours de son côté, il a naturellement tenu pour acquis que je lui avais sauvé la vie, répondit-il. J’ai rallié ce qu’il restait de ses hommes et Jacques a compris ce que je cherchais à faire. Il a joué le jeu. Les templiers ont feint d’être mis en fuite. Lorsqu’ils ont disparu, j’ai ramassé le parchemin de Pilatius et je l’ai rendu à Montfort. Puis je l’ai aidé à se
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