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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas
Autoren: Hervé Gagnon
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reste à faire, une dizaine suffira amplement.
    —    Peut-être, mais les morts seront remplacés, que tu le veuilles ou non.
    Intrigué, je l’interrogeai du regard.
    —    Les familles fondatrices existent toujours et, je ne sais par quel moyen, rien ne leur échappe, expliqua-t-il. M’est avis que nous verrons sous peu apparaître un nouveau contingent de templiers.
    —    Si tel est le cas, je tiens à ce que tu sois à leur tête, Jacques de Payraud.
    Pris de court, il me dévisagea un moment, puis un large sourire éclaira son visage.
    —    J’en serai honoré, Gondemar, répondit-il avec sincérité en inclinant la tête avec élégance. Mon bras sera à ton service jusqu’à ce qu’il tombe.
    J’avais appris à respecter cet homme pour qui seul importait l’accomplissement de sa mission. Il avait tout sacrifié par fidélité et n’avait rien reçu en échange. Et voilà qu’il m’accordait son entière loyauté, alors que j’occupais le poste qui aurait dû lui revenir de droit. Dès lors, mon respect se mua en amitié et en confiance. De peine et de misère, je tendis la main droite pour la lui offrir. Il l’accepta sans hésiter et la serra en faisant attention à ne pas me faire trop mal. Je savais que, pour le reste de ma vie, le mystérieux templier qui avait tenté de m’occire serait mon allié fidèle.
    Le retour d’Odon en compagnie de Roger Bernard mit fin à la scène. Le jeune comte de Foix portait les traces de la bataille qu’il avait livrée et était fort mal en point. Son œil droit était enflé et une bonne entaille lui fendait la lèvre supérieure. Son bras gauche était en écharpe. Forçant un sourire, il passa entre Ugolin et Jacques pour se planter près de mon lit.
    —    Je suis heureux de te trouver réveillé, dit-il.
    —    Te voilà salement amoché, répondis-je.
    —    Pas autant que toi.
    —    Vrai. Tes plaies guériront et tu ne seras sans doute pas beaucoup plus laid qu’avant, mais ma main ne repoussera pas. Par contre, je serai toujours plus beau que toi.
    Nous nous esclaffâmes de bon cœur, puis il passa la main dans ses longs cheveux et se mordilla les lèvres.
    —    Qu’y a-t-il ? m’enquis-je en le voyant soudain si hésitant.
    —    J’ai été reçu dans le Prætorium malgré moi, répondit-il après quelques secondes d’hésitation. Même ma présence parmi les Neuf, je ne l’avais pas demandée.
    —    Je sais.
    —    En ce moment même, Amaury doit déjà être en route vers Rome pour remettre la première part à Innocent, à moins qu’il ne l’ait simplement détruite, reprit-il. L’Église croit avoir vaincu. La Vérité est en sécurité et, selon toute vraisemblance, elle le restera.
    —    Et toi, tu es pressé de repartir pour Toulouse, complétai-je pour lui.
    —    Voilà. Jusqu’à preuve du contraire, la croisade continue et nul ne peut dire si le légat tiendra parole. Je sais que j’ai juré de protéger la Vérité, mais je ne peux pas rester ici, à me tourner les pouces pour veiller sur un manuscrit que plus rien ne menace alors que le Sud est en danger, avoua-t-il. Mon père a besoin de mon aide.
    —    Tu as raison, mon ami. Ta place est là-bas.
    Il hocha la tête et resta silencieux.
    —    Il y a autre chose ? insistai-je.
    —    C’est Cécile, murmura-t-il. Je sais que tu l’aimes. Et elle t’aime aussi, mais.
    —    Toi aussi, tu l’aimes, coupai-je. Et comme moi, tu veux son bien. N’ajoute rien. Je comprends. Je ferai ce qui doit être fait. Je te l’assure sur mon honneur.
    Il fit la moue et se tut. Quelques minutes plus tard, trois coups discrets me tirèrent de mon tourment.
    —    Entrez, dis-je.
    La porte s’ouvrit et Odon y passa la tête.
    —    Dame Cécile, sire, annonça-t-il.
    Le garçon fit entrer ma tendre amie. Elle était vêtue d’une robe noire de Parfaite. Il lui retira le bandeau qu’elle avait sur les yeux et, discret, sortit en refermant derrière lui. Dès qu’elle m’aperçut, son visage s’illumina. Elle traversa la pièce et, sans aucune pudeur malgré le regard des autres, se lança sur moi, m’arrachant un hurlement de douleur lorsqu’elle me serra dans ses bras.
    Comprenant que je désirais être seul avec Cécile, tous se retirèrent discrètement. Tu peux mourir si tu le souhaites, ici et maintenant. À toi de décider. Tout n’est désormais qu’une question de conscience,
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