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L'Art Médiéval

L'Art Médiéval

Titel: L'Art Médiéval
Autoren: Élie Faure
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de découragement
apparurent en eux précisément au cours d’un siècle, le
XV e , où la foi catholique connut sa minute de fièvre et
de surexcitation la plus ardente. Nous ne nous sommes jamais
demandé pourquoi l’Inde confondit ses dieux contradictoires dans la
même explosion d’ivresse sensuelle, pourquoi l’Islam qui a conservé
de nos jours l’intransigeance fanatique d’il y a dix siècles,
laisse ses mosquées tomber en ruines et n’en bâtit pas d’autres,
pourquoi l’artiste chinois appartient quelquefois à trois ou quatre
sectes différentes tandis que l’artiste japonais donne presque
toujours l’impression de n’appartenir à aucune, pourquoi l’Européen
élevait des autels à un dieu de miséricorde à l’heure où l’Aztèque
faisait ruisseler sur les siens le sang des victimes humaines. Nous
ne nous sommes jamais demandé si les peuples ne donnaient pas à
leurs croyances la forme de leurs sensations.
    Il faut bien, cependant, que nous ayons de la
création artistique à nos heures de virilité, un besoin aussi
impérieux que de la nourriture et de l’amour, et entraînant dans
son mouvement triomphal nos croyances, puisque les peuples même
auxquels les théologiens et les philosophes enseignent le néant
final de l’effort créent, puisque leurs poètes chantent, en termes
créateurs de vie, la vanité de notre action. Le christianisme est
pessimiste, l’islamisme est pessimiste, le panthéisme est
pessimiste, qu’importe ! Le chrétien fait bondir hors du sol
une forêt sonore de voûtes, de vitres et de tours, le musulman
étend l’ombre fraîche de ses coupoles sur son incurable inertie,
l’Indien éventre les montagnes pour les féconder. L’homme veut
vivre et demande à ceux qui chantent et qui sculptent de lui
montrer les voies de la vraie vie, même quand ils lui parlent de la
mort. Quels que soient les dieux qu’adore un peuple, ce peuple les
fait ce qu’il est.
    Sans doute, il nous faut une foi. C’est
seulement en elle que nous puisons la force nécessaire pour
résister à nos désillusions et maintenir devant nos yeux l’image de
notre espérance. Mais cette foi que nous ornons d’étiquettes
nouvelles quand une métaphysique ou une morale nouvelle s’impose à
nos besoins, cette foi ne change que d’aspect, elle ne change pas
d’esprit, et tant qu’elle vit en nous-mêmes, quelles que soient
l’époque où se déroule notre action et la religion qui lui serve de
prétexte, les formes d’art les plus diverses ne feront que
l’exprimer. Cette foi n’est que la confiance qui succède à de longs
sommeils et s’émousse à de trop longs contacts avec le mystère que
notre ardeur à vivre nous pousse à pénétrer. Quand une religion
parvient à son degré de développement le plus harmonieux et le plus
expressif, ce n’est pas elle qui éveille en nous cette foi, elle en
naît au contraire, elle est la projection dans le champ de nos
illusions des réalités intérieures qui nous guident et nous
exaltent. L’homme, près de se réaliser, accepte tout d’un coup, en
bloc, une grande synthèse simple de tout ce qu’il ignore pour
n’être pas gêné par le doute et l’inquiétude dans la recherche de
ce qu’il veut savoir. Quand il a trop appris, quand sa foi en
lui-même baisse, ses croyances extérieures peuvent durer et
s’exaspérer même, mais toutes les expressions de sa pensée
vacillent en même temps. Les peuples en action forcent toute
religion à se plier aux manifestations de leurs vertus originales.
Une religion ne modèle un peuple sur ses dogmes que quand il ne
croit plus en lui. Quel que soit notre paradis, nous le réalisons
sur terre quand nous avons confiance en nous. Nous attendons pour
le diviniser, à travers les siècles et le monde, l’heure de pleine
ascension de la vie dans notre cœur, et le mot foi est le nom
religieux que nous donnons à l’énergie.
    Jamais d’ailleurs l’irruption de cette énergie
dans le monde ne s’était produite avec cette violence de mysticisme
enivré. C’est ce qui donne aux esprits réellement religieux, dès le
seuil de la cathédrale, de la mosquée ou de la pagode, ce profond
et complet oubli du rite qui s’y célèbre, cette indifférence
absolue aux dogmes sur lesquels se sont bâtis ces temples, cette
exaltation supérieure aux formes arrêtées et mortes de l’adoration
de l’homme et du champ illimité de son action par l’homme. Le mot
mystique est encore à
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