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L'Art Médiéval

L'Art Médiéval

Titel: L'Art Médiéval
Autoren: Élie Faure
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avaient consenti à se
produire entre des
frontières philosophiques et politiques à peu près imperméables et
tout à fait semblables à ce qu’elles étaient cinq ou dix siècles
avant. Le critère habituel de l’art médiéval d’Occident et sans
doute d’Amérique, qui ont ceci de commun avec l’art primitif de
toutes les régions du monde, y manquait, à vrai dire, surtout pour
le Japon. L’anonymat de l’art, qui n’est pas complet en Chine,
puisque dès les premiers siècles avant le Christ nous connaissons
les noms de plusieurs artistes chinois, n’existe pas au Japon où, à
partir du VII e ou VIII e siècle, on a pu
attribuer à des artistes dont la vie est fort bien située et
connue, la plupart des œuvres d’art qui expriment les îles du
Soleil levant. Or, cet anonymat est l’un des caractères les plus
constants de ce que nous pourrions appeler
« 
les
moyen âges »
,
car l’antiquité, comme l’Occident
catholique ou musulman, a eu aussi ses moyen âges, l’Égypte par
exemple, du moins jusqu’aux Ramessides, la Grèce égéenne, la Grèce
dorienne jusqu’à l’apparition chronologiquement constatée des cités
grecques dans l’Histoire. Chez les Mongols, on doit le remarquer
tout de suite à ce propos, l’existence d’un système religieux ou
politique unitaire n’empêche pas, comme chez les
Indo-Européens

ceux des bords du Gange, de la Seine, du
Rhin, de la Tamise ou de l’Arno
–,
un certain
individualisme de se manifester. J’imagine que c’est l’indice d’une
plus haute sagesse, qui pousse les castes dirigeantes à moins
comprimer l’individu, mais aussi empêche à la fois ces élans
lyriques prodigieux de l’individu et des collectivités qui se
manifestent alternativement ailleurs. Si on veut saisir sur le fait
cette exception singulière, c’est au Japon surtout, à partir d’une
époque beaucoup plus reculée que dans le moyen âge occidental

dès le VII e siècle, nous l’avons vu
–,
qu’il faut assister au passage de l’homogène qui caractérise le
moyen âge à l’hétérogène qui caractérise l’esprit des temps où nous
vivons, et dont la Renaissance et la Réforme ont marqué l’heure la
plus dramatique chez nous.
    C’est d’ailleurs qu’au Japon comme en
Chine

et surtout en Chine, car tous les artistes
japonais, peintres, sculpteurs, architectes et même graveurs,
potiers, laqueurs, jardiniers, ferronniers sont aussi connus ou
plus connus que les artistes d’Occident

la peinture
surtout s’accommode mal de l’anonymat. On y assiste au même
phénomène qu’en Europe où, dès le XIV e siècle en Italie,
dès le XV e en France et en Flandre, l’anonymat disparaît
quand apparaît la peinture. Ce phénomène est trop constant

puisqu’on le retrouve jusqu’en Perse où les noms d’artistes qui
surgissent à partir du XVI e siècle sont des noms de
peintres

pour qu’il n’ait pas partout la même
signification. La peinture, comme nous l’apprendra la Renaissance
italienne avec un accent si poignant, est le langage de l’individu,
de l’être prêt à traduire par le drame des valeurs, des contrastes
et des passages, les luttes, les contradictions et les nuances de
son propre drame intérieur. Presque nulle part et peut-être bien
nulle part, sauf, remarquez-le encore, chez les Mongols, quand
l’état d’esprit médiéval règne, il n’est question de
peinture : dans l’Islam, l’Europe chrétienne, le Mexique,
l’art tout entier se fixe et joue dans la masse architectonique où
les saillies de la sculpture et du bas-relief créent presque
exclusivement la tragédie de la lumière. Quand apparaît un élément
qui contient déjà en puissance les développements futurs de la
convention picturale

le tapis en Orient, la mosaïque à
Byzance, le vitrail en France

il
participe à
l’harmonie monumentale et obéit entièrement au rythme
architectural.
    Cette naissance de la peinture nous
conduit naturellement à constater une parenté singulière entre
révolution respective de l’art chez les Occidentaux et chez les
Orientaux. Non seulement l’aspect général est partout assez voisin
quand on considère d’ensemble la marche de deux ou plusieurs
grandes écoles

étape architecturale des symboles
archaïques, étape d’équilibre entre la forme épanouie et le monde
extérieur de plus en plus consulté, étape naturaliste où la
dissociation commence
–,
mais, à considérer
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