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L'Art Médiéval

L'Art Médiéval

Titel: L'Art Médiéval
Autoren: Élie Faure
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qu’on tire encore des sépultures béotiennes. L’art chinois,
comme l’art indien, ou l’art mexicain, ou l’art nègre, se
rapprochent de plus en plus de nous, comme s’en était rapproché il
y a un demi-siècle l’art japonais, au point de déterminer dans nos
recherches des courants essentiels. Non seulement l’homme universel
apparaît partout pareil à quelques intelligences
[3] ,
mais il semble que ce rapprochement
vertigineux qu’on observe entre les différentes formes de son
langage figuré ne soit pas loin – ou du moins soit susceptible

de devenir le point de départ d’une communion grandissante.
Communion incapable, je le crois, de supprimer aucun des grands
instincts qui constituent les sources de l’esprit, aucun des drames
qui en marquent la croissance, mais capable de créer

par
le cinéma par exemple

des ivresses spirituelles unanimes
hier encore inespérées, et absolument inconnues.

Les Indes
    I
    À l’heure où les peuples de la Méditerranée
orientale ouvraient l’histoire, l’Inde aussi commençait à vivre
d’une vie morale supérieure. Mais la rumeur des hymnes védiques,
plus anciens de mille ou deux mille ans, peut-être, que les épopées
de la Grèce, monte seule de la confusion du passé. Pas un seul
poème de pierre, sauf quelques monuments mégalithiques dont on ne
connaît pas l’ancienneté, n’est là pour dévoiler le mystère de
l’âme indienne avant le seuil du Moyen Âge occidental dont elle
paraît d’abord plus voisine que des civilisations antiques.
    C’est que les tribus de l’Iran, quand elles
avaient quitté les hauts plateaux pour descendre le long des
fleuves, vers l’horizon des grandes plaines, ne rencontraient pas
partout le même sol, les mêmes arbres, les mêmes eaux, les mêmes
ciels. Les unes s’étaient trouvées aux prises avec l’unité du
désert, source des absolus métaphysiques. D’autres peuplaient des
contrées d’étendue moyenne, de végétation clairsemée, de formes
nettes qui les entraînaient vers l’observation objective et la
volonté de faire fleurir dans l’esprit les forces équilibrées qui
font l’univers harmonieux. Les Iraniens qui avaient suivi la vallée
du Gange durent se laisser aller d’abord à l’ivresse des sens.
Gardant encore en eux le silence et la fraîcheur des cimes, ils
s’enfonçaient sans transition dans un monde écrasant d’ardeur et de
fécondité.
    Jamais, en aucun point du globe, l’homme ne
s’était trouvé en présence d’une nature aussi généreuse et aussi
féroce à la fois. La mort et la vie s’y imposent avec une telle
violence qu’il était forcé de les subir comme elles se
présentaient. Pour échapper aux saisons mortes, pour trouver les
saisons vivantes, il lui suffisait de monter vers le nord ou de
descendre vers le sud. La végétation nourricière, les racines, les
fruits, les graines sortaient d’un sol qui ne s’épuise pas. Il
tendait la main, et il ramassait de la vie. Dès qu’il entrait dans
les bois pour recueillir l’eau des grands fleuves ou chercher les
matériaux de sa maison, la mort surgissait irrésistible, entraînée
par le flot avec le crocodile, tapie dans les taillis avec le
tigre, grouillant avec le cobra sous les herbes, effondrant le
rempart des arbres sous la marche de l’éléphant. À peine s’il
distinguait, dans l’enchevêtrement nocturne des troncs, des
rameaux, des feuilles, le mouvement de la vie animale des
mouvements de la pourriture et de la floraison des herbes. Né des
fermentations obscures où la vie et la mort fusionnent, le torrent
de la sève universelle éclatait en fruits sains, en fleurs
vénéneuses, sur le corps confus de la terre.
    Les visages indistincts de sourire et de
cruauté que la nature offrait à l’homme, faisaient tomber les armes
de son esprit et de ses mains. La possibilité d’atteindre un idéal
moral au travers des bois formidables et des tentations
multipliées, lui paraissait aussi inaccessible que le front de
l’Himalaya qui soulevait les plus hauts glaciers de la terre dans
la lumière bleue du Nord. Acceptant la vie et la mort avec la même
indifférence, il n’avait plus qu’à ouvrir sa sensualité à la
pénétration de l’univers et à laisser monter peu à peu de ses
instincts à son âme ce panthéisme grandiose et trouble qui est
toute la science, toute la religion, toute la philosophie de
l’Indien. Pourtant, lorsque Alexandre arriva sur les bords
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