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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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C’est que, dit-il, elle ne m’a pas appelé ! Si elle le fait, j’irai la rejoindre tout de suite ! – Par Dieu, dit Brisane, tu le sauras bientôt. » Elle entra dans la chambre, fit mine de parler à la reine, puis revint vers Lancelot et chuchota : « Ma Dame t’attend et te prie de venir lui parler. »
    Alors, Lancelot se leva et, guidé par Brisane, pénétra dans la chambre où était soi-disant couchée Guenièvre. Il ne fut pas long à enlever ses chausses et se glissa dans le lit, tout enflammé par le désir d’étreindre celle qu’il aimait le plus au monde. Et la jeune vierge qui n’avait d’autre désir que d’avoir tout à elle, ne serait-ce qu’une fois, celui dont le rayonnement rejaillissait sur toute la chevalerie, l’accueillit dans le ravissement, le comblant des dons et des égards qu’il attendait de la reine.
    Ainsi furent unis le meilleur et le plus beau des chevaliers et la plus belle des vierges appartenant au plus haut lignage de ce temps, animés tous les deux par un même désir mais pour des raisons différentes : elle se donnait à lui non pas tant pour sa beauté, ni par luxure ni par échauffement des sens, mais pour recevoir le fruit grâce auquel tout le pays, ravagé à la suite du coup douloureux reçu par le Roi Pêcheur (60) , devait recouvrer sa beauté première. Lancelot, lui, la désirait d’une tout autre façon : il ne la convoitait pas pour sa beauté, mais uniquement parce qu’il la prenait pour sa dame, la reine Guenièvre. Seule cette méprise décuplait son plaisir, et il la connut comme Adam connut sa femme, ou plutôt autrement, car Adam connut sa femme légitimement, sur l’ordre de Dieu, tandis que Lancelot connut cette jeune vierge dans le péché et par une union illicite (61) . Mais le Seigneur, en qui habite toute piété et qui ne juge pas seulement les pécheurs à leurs actes, considéra cette union comme nécessaire à l’accomplissement des aventures. Et il leur accorda d’engendrer et de concevoir un fruit, sachant que la virginité d’une femme serait à l’origine d’une autre fleur, porteuse de vertu et de compassion, pour le plus grand bienfait de nombreuses terres qui retrouveraient ainsi plénitude et bonheur (62) . Et de cette fleur perdue, naquit Galaad, le pur, le vierge, le chevalier hors pair, celui qui mènerait à terme les aventures du Graal et s’assiérait sur le Siège Périlleux de la Table Ronde, là où nul, avant lui n’avait pu s’asseoir sans perdre la vie (63) .
    Quand il se réveilla, au matin, Lancelot regarda autour de lui mais n’aperçut aucune clarté. Les fenêtres étaient closes et le soleil ne pouvait absolument pas pénétrer. Se demandant où il se trouvait, il tâta autour de lui et sentit le corps inconnu d’une jeune femme nue allongée près de lui. Les effets du breuvage de Brisane s’étant dissipés, il avait retrouvé tous ses esprits. « Qui es-tu ? s’écria-t-il et que fais-tu là ? – Seigneur, je suis la fille du roi Pellès de la Terre Foraine », répondit une voix timide. Alors il comprit qu’il avait été abusé. Il sauta du lit, l’amertume au cœur, s’habilla en hâte et revêtit ses armes. Puis il se mit en devoir d’ouvrir les fenêtres de la chambre où il avait couché. À la vue de celle qui était allongée dans le lit, l’exaspération faillit bien lui faire commettre le pire. Voulant se venger sans attendre, il dégaina son épée et marcha vers la jeune femme. « Fille, dit-il d’une voix blanche, tu m’as tué ! Il faut donc que tu meures afin que plus jamais un homme ne soit trompé comme je l’ai été ! » L’infortunée poussa alors un grand cri. « Noble chevalier ! ne me tue pas. Au nom de la pitié que Dieu a eue pour Marie-Madeleine ! » Frappé par une horrible souffrance, Lancelot vacillait sous le poids de l’infidélité commise envers la reine. Bien sûr, on l’avait indignement trompé, mais pourquoi ? Tremblant de colère et de rancune, il ne parvenait qu’à grand-peine à retenir son épée. Mais la jeune fille sur sa couche l’implorait avec tant de grâce qu’il se laissa prendre par la pitié. Il contemplait ses yeux, son visage, et découvrait en elle tant de beauté qu’il en restait confondu. « Demoiselle, dit-il, torturé par le remords, je vais partir vaincu et lâche, en homme qui n’a pas le courage de se venger de toi. Mais je serais par trop cruel et déloyal si je détruisais une beauté
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