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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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l’a pour épouse est l’un des meilleurs rois du monde. Ce désir me semble si noble et si bénéfique que je ne puis y renoncer, et il est si profondément enraciné dans mon cœur qu’il ne peut s’en arracher. Ce que j’ai de meilleur en moi me vient de cet amour. »
    L’ermite s’écria : « Ah ! pécheur perdu sans recours ! Que dis-tu ? Il n’est aucun bienfait de la luxure qui ne finisse par coûter très cher ! Tu es traître à ton seigneur d’ici-bas et criminel envers le Sauveur. Des sept péchés capitaux, tu t’es rendu coupable de l’un des plus graves. Le plaisir que tu en as est trompeur, et tu en paieras le prix terrible si tu ne t’en repens rapidement ! – Frère, dit Lancelot, ce que je viens de dire, je ne l’avais jamais avoué à personne. – C’est pire encore, fit l’ermite. Il y a longtemps que tu aurais dû t’en confesser et y renoncer immédiatement. Aussi longtemps que tu persévéreras dans le mal, tu seras l’ennemi du Sauveur ! »
    L’amertume envahit Lancelot, persuadé qu’il était que l’ermite ne le comprenait pas. « Ah, saint homme, dit-il encore, il y a en elle tant de beauté, de noblesse, de sagesse, de courtoisie que celui qu’elle accepterait d’aimer ne pourrait renoncer à son amour. – Elle en est d’autant plus blâmable, répondit l’ermite. Et toi aussi d’ailleurs. Car chez des êtres sans grandeur, la faute est moins grave que chez ceux de grand mérite. En outre, cette dame est bénie, est sacrée, et dès le commencement elle a été vouée à Dieu. Or elle s’est donnée au diable par amour pour toi, et toi à elle ! Repens-toi de ce péché, et je prierai chaque jour que Dieu vous pardonne, à l’un et à l’autre, ce péché dans lequel vous vous êtes complu trop longtemps. J’en prends sur moi la pénitence. – Je te suis reconnaissant, saint homme, d’intercéder auprès de Dieu. Mais je n’ai nullement le désir de renoncer, et je ne veux pas prononcer des paroles avec lesquelles mon cœur ne s’accorde pas. J’accepte d’accomplir la pénitence qu’exige un tel péché, si lourde soit-elle, car je désire servir ma dame et reine aussi longtemps qu’il lui plaira de m’accorder sa bienveillance. Je l’aime si profondément que je souhaite que jamais ne me vienne le désir de renoncer à l’aimer. Dieu est bon et compatissant, s’il faut en croire les hommes de religion. Je suis certain qu’il aurait pitié de nous en voyant que jamais je n’ai été déloyal envers elle, ni elle envers moi. – C’est bon, dit l’ermite. Je vois bien que tout ce que je pourrais dire ne servirait à rien. Tout ce que je peux faire, c’est te recommander à la miséricorde divine. – Qu’il en soit ainsi », dit Lancelot. Et, sans plus attendre, il gagna sa couche que l’ermite lui avait préparée. Il dormit peu cette nuit-là, car la conversation qu’il avait eue réveillait d’étranges sentiments dans son cœur. Mais le matin, au petit jour, il prit congé de son hôte et reprit sa route vers la cour du roi Arthur, bien décidé à l’atteindre au plus tôt tant il avait le désir de Guenièvre (59) .
    Il chevaucha tout le jour. À un moment, la chaleur l’incommoda tellement qu’il eut un étourdissement et glissa de son cheval dans un buisson d’épines qui l’égratigna sérieusement. Il se reposa à l’ombre d’un arbre pendant quelque temps, puis se lança de nouveau dans sa course folle. Mais, le soir, alors que le soleil déclinait, son cheval était si fourbu qu’il n’avançait plus qu’au pas. Comme il se demandait où lui-même et sa monture allaient pouvoir passer la nuit, il entendit soudain du bruit derrière lui. Se retournant, il vit venir un chevalier en armes, accompagné d’une très belle dame. Tous deux, qui allaient plus vite que lui, le dépassèrent et le saluèrent. De peur d’être reconnu, Lancelot murmura à voix basse : « Que Dieu vous bénisse ! » Mais la dame ralentit l’allure, se retourna et lui demanda : « Cher seigneur, qui es-tu ? – Un chevalier, tu le vois bien. – Dieu m’assiste, reprit la femme, tu es un chevalier qui, me semble-t-il, n’a pas son égal dans tout le royaume. Je le sais par ouï-dire et, d’ailleurs, je t’ai vu à l’œuvre plusieurs fois dans des tournois. Je te prie, au nom de l’être qui t’est le plus cher au monde, de venir prendre repos chez moi, dans mon château, tout près d’ici. Si tu acceptes, je te
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