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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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désespoir l’absence du seul homme qui aurait pu la sauver : « Hélas ! chevalier Lancelot ! balbutiait-elle, plaise à Notre-Seigneur que tu saches ce qui m’arrive ! Ah, si tu n’étais qu’à une demi-lieue d’ici, je suis certaine que je serais délivrée de mon tourment ! Mais tu ignores tout et je vais bientôt mourir pour t’avoir sauvé la vie. J’en suis moins peinée pour moi que pour le chagrin que tu ressentiras lorsque tu apprendras mon sort ! » Telles étaient les amères réflexions d’Énora quand Lancelot arrêta brusquement sa monture devant ceux qui la retenaient si cruellement. « Laissez en paix cette jeune fille ! s’emporta-t-il. – Et pourquoi, seigneur, la relâcherions-nous ? – Parce que vous n’avez aucun droit sur elle ! – Nous avons ce droit, et il est bien fondé. Elle est convaincue de meurtre. Elle a bien proposé de s’en défendre, mais n’a trouvé personne qui ait voulu prendre l’épée en son nom, ce qui n’est guère étonnant, puisque chacun connaît sa conduite déloyale ! – Et en quoi sa conduite a-t-elle été déloyale ? – Elle a délivré Lancelot du Lac dans le seul but de lui permettre de tuer Méléagant, notre seigneur et notre parent. »
    Lancelot leur dit alors : « Si vous avez le courage de prouver sa trahison et le meurtre, je serai prêt à la défendre. – Qui es-tu ? demanda l’un des accusateurs. – Je suis un chevalier qui vient ici pour défendre cette jeune fille injustement accusée. – Ma foi, je pourrais me dispenser de combattre, puisque depuis hier elle est convaincue de ce crime, mais cette querelle me semble si loyale et légitime que je ne reculerai devant aucun chevalier pour soutenir le droit qui est le mien et ceux de mes parents. – Soit, dit Lancelot. Alors, tu mourras en traître et déloyal que tu es ! »
    On éloigna la jeune fille du bûcher. Les deux adversaires prirent leurs distances et se lancèrent l’un contre l’autre de toute la vitesse de leurs coursiers. Ils se heurtèrent si impétueusement de leurs lances et s’entrechoquèrent si violemment, que chacun en fut étourdi et durement secoué. Mais plus ébranlé encore, le chevalier ne put se maintenir en selle et tomba sur le sol en se rompant presque le cou. Lancelot sauta à terre, dégaina son épée, courut sus à son adversaire qui se relevait et, d’un coup terrible, il le plaqua à terre, le saisit par le heaume, le traîna jusqu’au brasier et le jeta dans les flammes. Complètement traumatisé, privé de toutes ses forces, l’homme n’eut aucune réaction et périt dévoré par le feu.
    Les gardes du champ clos s’avancèrent alors et dirent à Lancelot que ce châtiment suffisait. Ils lui rendirent la jeune fille saine et sauve. Il la fit vêtir et lui demanda ce qu’il pouvait encore faire pour elle. « Seigneur, dit-elle, mène-moi en sécurité dans mon manoir. – Volontiers », dit Lancelot. Il la mit en selle et la reconduisit dans le manoir où elle l’avait déjà hébergé pendant quelques jours. Là, Énora se remit de ses émotions, ne cessant de remercier Lancelot pour sa miraculeuse intervention, si tendrement amoureuse de lui qu’elle n’osait même pas le lui dire. Tout ému, Lancelot la couvrit d’attentions et de prévenances, mais il se garda bien de rester trop longtemps seul avec elle, se doutant bien des sentiments qu’il lui inspirait. Un jour, cependant, on apprit que le cousin de Méléagant, celui qui était venu défier Lancelot et Arthur à Camelot, et qui avait emporté le corps du félon, se trouvait à la cour du roi Baudemagu et qu’il réclamait à cor et à cri la présence de Lancelot pour se battre avec lui. Lancelot prépara donc ses armes, prit congé de la demoiselle et arriva juste à temps dans la cité de Gorre pour s’opposer à son accusateur, qu’il ne fut pas long à terrasser. Le vaincu, après avoir demandé grâce, reconnut alors que ses accusations ne reposaient sur rien. Lancelot l’épargna à condition qu’il se rendît à la cour d’Arthur et qu’il se mît à la disposition de la reine Guenièvre.
    Le combat s’étant terminé de la sorte, Lancelot ôta son heaume et, voyant le roi Baudemagu, le salua respectueusement. Le roi lui donna un baiser. Alors Lancelot lui dit : « Roi, par Dieu tout-puissant, ne m’accueille pas ainsi avec si grande bienveillance. Tu ne le dois pas. Je t’ai causé si grand tort que tu devrais me haïr plus que
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