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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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s’obstinèrent, affirmant que le corps ne serait enlevé tant qu’ils seraient en vie, et que le chevalier venu dans cette intention, fût-il plus preux que Lancelot lui-même, ne l’emporterait pas. « C’est bon, dit-elle, nous verrons bien comment tout se terminera. Je vous aurai prévenus. »
    Lancelot surgit, au moment même, l’épée à la main. « Que veux-tu ? demandèrent les gardiens. – Je veux, répondit Lancelot, le corps enseveli sous cette dalle – Tu ne l’auras à aucun prix. Nous mourrons plutôt que de le laisser prendre. – Vous voici donc à l’article de la mort ! fit Lancelot, puisque vous ne voulez pas vous montrer raisonnables. » Alors, il bondit dans le chœur, l’épée nue, et porta sur les gardiens de si terribles coups qu’ils reculèrent. Blessé, l’un d’eux s’affaissa sur le sol, mais ses quatre compagnons se ruèrent sur Lancelot avec fureur, et mirent en pièces son bouclier et son heaume. Réagissant à leur attaque, ne se contrôlant plus, Lancelot assomma d’un coup sec ses trois plus proches adversaires et acculant le dernier dans un angle, appliqua son épée à la base de son cou. « Grâce ! cria le guerrier. Épargne-moi et je ferai ce que tu voudras ! – Tu vas promettre, dit Lancelot, de conduire le corps de mon seigneur Galehot au château de la Douloureuse Garde. Pour cela, tu devras traverser la mer et te rendre dans mon pays, la Bretagne armorique. Une fois là-bas, tu veilleras sur lui jusqu’à mon arrivée. Et si l’on te demande qui t’y envoie, tu diras simplement que c’est le chevalier qui portait des armes blanches le jour où la Douloureuse Garde fut conquise. » Le gardien prononça son serment.
    Lancelot saisit alors la pierre tombale par le côté le plus épais et la tira à lui de toutes ses forces, au point de se démettre presque les membres. Le sang jaillit de son nez et de sa bouche tant l’effort fut intense. Mais il souleva la dalle. Alors, la douleur une nouvelle fois le submergea à la vue du corps de Galehot tout en armes, gisant, l’épée au côté. Il ébaucha le geste de se transpercer avec l’arme mais la messagère de la Dame du Lac la lui arracha prestement. Il fallait maintenant préparer un brancard en bois. Lancelot le recouvrit des plus riches étoffes disponibles et y ajouta tous les ornements qu’il put. « Seigneur, lui dit son prisonnier, il vaudrait mieux se mettre en route de nuit, ce serait plus prudent. – Pourquoi ? – Si tous les chevaliers de ce pays apprennent qu’on emporte le corps, ils vont poster partout des sentinelles et le convoi sera tôt ou tard arrêté. Il faut partir immédiatement. » Lancelot donna son accord, fit placer le brancard sur deux palefrois et ordonna le départ, au grand désarroi des frères du monastère.
    Lancelot escorta le corps une bonne partie de la nuit, se remémorant, en larmes, les prouesses et les mérites de son compagnon d’armes qu’il regrettait tant, pensant ainsi que, sans la messagère de la Dame du Lac qui avait tenu à le suivre, il se serait livré à des extrémités encore plus regrettables. Puis, il fit en sorte que le chevalier pût embarquer sur un bateau qui s’en allait en Bretagne armorique, et il lui défendit de mettre le corps en terre tant qu’il ne serait pas présent lui-même à la Douloureuse Garde. Ils se séparèrent, et Lancelot revint au monastère. Il refusa toute la nuit de boire et de s’alimenter malgré l’insistance des frères, plongé dans la plus grande affliction, jusqu’au lever du jour.
    Le moment venu, il prit ses armes et, prenant congé de la messagère, après lui avoir recommandé de transmettre son affection à la Dame du Lac, il sauta sur son cheval, en direction de la cité de Flœgo, car il n’avait nullement oublié ce qu’il devait y faire. Parvenu sur un pré, au pied de la ville, il vit alors une grande foule se presser autour d’un bûcher où l’on devait brûler la pauvre Énora, la sœur de Méléagant. Apercevant des flammes, il eut bien peur d’être arrivé trop tard, et, piquant des deux, il s’élança dans la plaine de toute la vitesse de son cheval. Énora en effet était déjà sur les lieux, sur le point d’être menée au supplice, vêtue seulement de sa chemise. Six gueux la maintenaient, trois d’un côté et trois de l’autre, et n’attendaient que l’ordre des juges pour la précipiter dans le brasier. Elle pleurait à chaudes larmes, déplorant avec
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