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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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seulement de me révéler mon nom et mes origines. À moi, m’a-t-elle dit, de me trouver, et de prouver qui j’étais. Je l’ai fait. J’ai vaincu des félons et des orgueilleux, j’ai défendu des causes qui me paraissaient justes, j’ai levé des enchantements, j’ai lutté contre l’oppression. Chaque fois aussi qu’une femme s’est offerte à moi, j’en ai joui pleinement, jusqu’au jour où j’ai vu la reine Guenièvre. Depuis, je n’ai de pensées que pour elle, je suis devenu son esclave, persuadé que je suis de ne plus pouvoir vivre sans son regard. Guenièvre, hélas, est l’épouse du roi, et quand je la rejoins, je commets une faute envers Dieu autant qu’envers mon roi. Suis-je donc maudit ou suis-je condamné à errer par le monde sans jamais trouver de lieu où reposer ma tête ? On prétend que je suis le meilleur de tous les chevaliers, mais c’est parce qu’on me craint qu’on dit cela. Je ne suis qu’un orgueilleux croyant que le monde m’appartient parce que je sais me servir d’une épée et d’une lance. Ah ! que ne suis-je un serf qui cultive son champ et rentre le soir chez lui manger sa soupe de pain noir ! »
    Pendant qu’il soliloquait ainsi, la nuit était presque tombée, et Lancelot était entré dans une sombre forêt. Cette forêt était nommée Périlleuse car les bêtes sauvages pullulaient, et parce que ses frondaisons étaient si sombres et si épaisses, que quiconque ne tardait pas à s’égarer. Lancelot allait donc au hasard, au gré du pas de son cheval, lorsqu’il vit apparaître un valet qui courait comme un fou, poursuivi par un ours rugissant comme un diable. « Sainte Marie ! à l’aide ! » criait le valet. Lancelot piqua des deux, la lance allongée, et courut sus à l’animal qui venait vers lui, la gueule béante. Il le frappa au côté et l’abattit mort sur le chemin. Comme le valet le remerciait de lui avoir ainsi sauvé la vie, Lancelot lui demanda alors s’il y avait quelque lieu dans les environs où l’on pût se loger. Le valet acquiesça et lui offrit de le guider vers un ermitage où il se rendait lui-même.
    La lune s’était levée, ronde et luisante. Les deux hommes se mirent en route et, comme ils traversaient une vallée profonde, ils virent venir un cerf plus blanc que fleur naissante en un pré, qui portait au cou une chaîne d’or. Il marchait tranquillement entre quatre lions, deux devant et deux derrière, lesquels semblaient le protéger aussi attentivement qu’une mère son enfant. Les cinq bêtes passèrent devant Lancelot et son compagnon sans s’occuper d’eux et sans leur faire aucun mal, puis disparurent au plus profond de la forêt. Fort intrigué par cette rencontre, Lancelot eut brusquement l’impression qu’il allait se passer quelque chose d’important pour lui.
    Quand il fut arrivé à l’ermitage, il ne manqua pas de demander à l’ermite si c’était par enchantement ou par le commandement de Dieu que des lions protégeaient ainsi un cerf. « Tu as vu le cerf blanc ? dit l’ermite. Seigneur, sache que c’est une des plus grandes merveilles du monde. Ce n’est pas un enchantement, ni l’œuvre du diable, mais un miracle qui advint par la volonté de Dieu. Mais ce mystère ne pourra être expliqué que par le Bon Chevalier, ce chevalier céleste qui surpassera tous les chevaliers terriens. C’est lui qui achèvera les aventures et qui fera connaître au monde comment les lions prennent le cerf sous leur garde. – Qui est donc ce Bon Chevalier dont j’entends parler partout ? demanda Lancelot. – Je n’en sais pas plus que toi, répondit l’ermite, mais je sais qu’il viendra bientôt (58) . »
    Dans l’état de langueur et d’incertitude dans lequel il était, Lancelot eut envie de se confesser à l’ermite. Il lui avoua toutes ses fautes et lui confia qu’il éprouvait du repentir pour toutes, sauf pour une. L’ermite lui demanda quel était ce péché dont il ne voulait pas se repentir. « Il me semble, répondit Lancelot, que c’est le plus doux et le plus beau péché que j’aie jamais commis. – Cher seigneur, dit l’ermite, les péchés ne sont jamais beaux. Ils sont tous laids. Certes, il peut y en avoir de doux, mais le prix à payer n’en est que plus amer. – Saint homme, reprit Lancelot, ce péché que ma bouche se refuse à avouer, mon cœur ne peut s’en repentir. J’aime ma suzeraine, qui est reine, plus qu’aucune femme au monde, et celui qui
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