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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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promets de te montrer demain la plus belle créature qui se soit jamais offerte à tes yeux. » Lancelot pensa en lui-même que la plus belle créature qu’il avait jamais vue était la reine Guenièvre, mais il se garda bien d’exprimer ses réflexions. Il accepta l’invitation sans se faire prier, car il était bien las. « Viens donc et suis-nous », dit la femme.
    Elle passa la première et il s’empressa de la suivre, sur sa monture qui aurait eu bien besoin de souffler un instant, jusqu’à une vallée au fond de laquelle s’élevait une forteresse bien bâtie, et assise sur un rocher avec des murs hauts et solides, surmontés de nombreux créneaux. Arrivés à destination, il faisait nuit noire. La dame appela le portier afin qu’on leur ouvrît, puis ils allèrent à cheval jusqu’à la salle principale, les gens du château accourant à leur rencontre avec des chandelles et des torches. Ils firent descendre de cheval la dame qui leur recommanda de ne pas s’occuper d’elle, mais d’honorer et de servir le chevalier qui l’accompagnait, car, disait-elle, c’était le plus valeureux et le meilleur du monde. Ils aidèrent donc Lancelot à mettre pied à terre, lui enlevèrent son bouclier et le désarmèrent. Voyant son visage tuméfié et enflé, son nez écorché et sanglant, la dame fit apporter de l’eau chaude pour lui laver le cou et la figure noircis par les mailles du haubert et le contact du heaume. Portant les yeux sur le bouclier du chevalier, elle s’écria : « Ah ! bouclier, tu as été l’objet de bien des regards, de bien des désirs de la part des jeunes filles et des dames ! Que Dieu m’aide, mais celui qui le porte est en droit de se vanter d’avoir accompli de prodigieux exploits. Béni soit Dieu qui m’a permis de connaître ce chevalier ! C’est le plus grand bonheur qui me soit arrivé que de l’avoir dans ma demeure ! » Elle gagna ensuite sa chambre et en revint avec une robe de soie pour Lancelot qu’elle fit asseoir avant de l’en revêtir. « Seigneur, dit-elle, repose-toi, car la journée a dû être bien rude pour toi. »
    Elle ordonna ensuite à ses gens de préparer le repas, ce qu’ils firent avec hâte. Alors, tandis qu’ils se restauraient, un valet vint annoncer l’arrivée du seigneur des lieux. « Par Dieu, dit la dame, dis-lui de venir se joindre à nous et qu’il ne tarde pas. Il y a ici un chevalier à qui je souhaite qu’il fasse bon accueil. » Le valet alla transmettre le message à son maître qui se désarmait avec ses compagnons, et qui fit bientôt son entrée avec neuf chevaliers. La dame se leva et alla à sa rencontre, et Lancelot fit de même, mais le seigneur l’invita à se rasseoir.
    Cette nuit-là, Lancelot eut un lit confortable qui convenait à sa fatigue. Il sombra tout de suite dans un profond sommeil et dormit tant qu’il ne vit pas le soleil se lever. À son réveil, il trouva un vêtement de lin, frais et neuf que la dame avait préparé et le revêtit avec grand plaisir. On lui présenta une légère collation, et quand celle-ci fut terminée, Lancelot demanda ses armes, déclinant l’offre du seigneur de demeurer chez lui davantage. En armes et à cheval, il prit son bouclier, demanda une lance qu’on lui apporta. « Dame, dit-il alors, te souviens-tu de la promesse que tu m’as faite hier au soir ? – Fort bien, seigneur chevalier. – Je te prie donc de t’en acquitter. – Je le ferai volontiers », dit la dame.
    Elle fit seller un palefroi et ordonna à un valet de l’accompagner. « Ma dame, dit son époux, où vas-tu ainsi ? – Je vais conduire ce chevalier à Corbénic, car j’ai promis de lui montrer la plus belle créature d’ici-bas. – Va, dit le seigneur, et ne tarde pas à revenir. » Elle se mit en chemin avec Lancelot, voilée avec précaution contre les atteintes du soleil qui commençait à devenir très chaud. Ils chevauchèrent jusqu’au milieu de l’après-midi, et débouchant dans une vallée, virent une forteresse bien orientée, sise sur un grand tertre, entourée d’une eau profonde et située non loin d’un vaste étang qui miroitait. À proximité de la forteresse, une jeune fille demanda à la dame : « Où mènes-tu ce chevalier ? – À Corbénic, dit-elle. – Vraiment, fit la jeune fille, tu n’aimes guère cet homme pour l’amener dans un tel lieu qu’il ne pourra quitter sans honte et sans dommage. » La dame ne répondit rien, et ils
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