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L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles
Autoren: Alain Baraton
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l’éventail vers l’épaule droite : je te hais.
    Abaisser l’éventail vers le sol : je te méprise.
    Effleurer son oeil droit de son éventail fermé : quand te verrai -je ?
    Faire signe vers soi de l’éventail fermé : j’ai tout le temps envie d’être avec toi.
    Menacer de l’éventail fermé : ne sois pas trop audacieux.
    Soulever l’éventail de sa main droite : m'es-tu fidèle ?
    Cacher ses yeux derrière son éventail : je t’aime.
    Proposer un éventail : tu me plais beaucoup.
    Dissimuler son oreille gauche sous son éventail fermé : ne dévoile pas notre secret.
    Porter l’éventail à son coeur : je t’appartiens pour la vie.
    Refermer très lentement son éventail : j’accepte tout.

    A l’époque où est construite la galerie des Glaces, les amours secrètes, c’est-à-dire celles qu’on dissimule aux yeux de tous , sont à la mode, etl’éventail se révèle un ustensile indispensable à la coquetterie autant qu’aux cachotteries. Les dames s’éventent, pour que leurs secrets ne soient pas éventés. L'accessoire fut d’ailleurs introduit en France par une reine ès dissimulation, Marie de Médicis. Mais pour certaines, il ne suffit plus à masquer les mystères. C'est le cas d’Henriette d’Angleterre. A deux ans déjà, lorsque la petite Anglaise arrive en France, fuyant les rivalités assassines de la Cour d’Angleterre, elle est déguisée en jeune paysan. Anne d’Autriche la prend sous son aile, et la laisse mijoter quelque temps chez les soeurs de la Visitation. Il lui faudra bien de la ferveur pour être visitée par l’époux que la reine mère lui destine, Philippe, Monsieur, frère du roi. En effet, Monsieur est une Madame, qui n’a que faire du charme piquant d’Henriette. Il lui préfère le chevalier de Lorraine, amant jaloux et beau comme un diable, qui aurait, dit-on, tenté d’empoisonner Henriette en 1670.
    Pour l’heure, Henriette a jeté son dévolu sur Louis XIV, plus séduisant, plus puissant et surtout plus porté sur le sexe dit faible, rendant ainsi un hommage visionnaire à la morale de l’une des fables les plus célèbres de La Fontaine, Le Loup et l’agneau : « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. » En l’occurrence, l’agneau britannique est à croquer. Louis a alors vingt-trois ans, il commence à s’émanciper etfait entamer les premiers travaux du château de Versailles. Tous deux sont de fortes têtes et partagent la même passion pour la danse et le cheval. Il n’en faut pas plus à la Cour pour médire, un peu trop fort au goût d’Anne d’Autriche qui, bien que malade, essaie une ultime fois de briser les amours de son fils. Elle tente la raison, sans trop de succès : Anne d’Autriche sermonne Louis qui opine du chef, mais prend ses jambes à son cou pour rejoindre sa jolie belle-soeur. Celle-ci l’aguiche dès qu’elle en a l’occasion, et ne manque pas d’imagination pour la créer. L'été 1661 se révèle particulièrement chaud : Henriette part se baigner nue dans les bois où un hasard bienheureux a porté son cher beau-frère. Une autre fois, elle brûle d’admirer l’avancée des travaux du nouveau château et court in extremis se serrer dans la calèche royale. Elle monte, hors d’haleine, le décolleté vibrant, tandis que les cahots de la route accompagnent les mouvements de ses seins qui, à cause de l’étroitesse du carrosse, s’agitent en cadence sous les yeux de son beau-frère émerveillé.
    Même Anne d’Autriche ne sait que faire : la famille royale a déjà connu les tromperies, les mariages secrets, les amours interdites, mais l’inceste ! En effet, non seulement Henriette est, par alliance, la soeur du roi, mais elle est l’arrière-petite-fille d’Henri IV. Les tourtereaux sont doncdeux fois parents. D’un commun accord avec Olympe de Soissons, la nouvelle surintendante, elles mettent au point un stratagème visant à masquer le penchant incestueux du roi. La ruse, éculée, répond au doux nom de « chandelier » ou de « paravent » et consiste à faire croire à la Cour que le roi en aime une autre. Parmi les filles d’honneur pouvant servir la cause, Olympe choisit la plus douce et la plus timide, Louise de La Vallière. Le paravent est de gaze et ne risque pas de faire de l’ombre à Henriette. En effet, Louise est un peu trop frêle pour les canons de l’époque, arrive fraîchement de sa province et, sans avoir d’accent, n’a pas l’aisance verbale des belles
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