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L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles
Autoren: Alain Baraton
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dimension telle qu’il était impossible de ne pas les remarquer. Elles sont aussi fort pratiques pour dissimuler quelque éruption cutanée !
    Certaines audacieuses vont jusqu’à entrouvrir leur robe au passage du roi, prétextant un hoquet malheureux ou un malaise malicieux, d’autres, moins effrontées, s’évanouissent, par feinte ou par émotion. Bref, tous les regards féminins convergent vers le roi, et ils ne veulent qu’une chose, son sexe. Quel paradis !
    En 1651, le bruit court qu’une demoiselle Isabelle de Châtillon a masturbé le membre royal. La « Châtillonne » l’a si bien chatouillé que le petit dieu aurait éjaculé. Ces dames sont partagées : certaines la snobent, d’autres lui demandent conseil. La question n’est pas tant de savoir comment elle afait, mais comment elle est parvenue à déjouer la surveillance d’Anne d’Autriche. La belle s’en vante un peu trop haut, car, quelque temps plus tard, la reine mère la fait renvoyer de la Cour.
    Si Anne d’Autriche n’a jamais été portée sur les plaisirs de la chair, avec l’âge, et la religion, elle est devenue une duègne de première grandeur. La vérité est sans doute qu’elle couve son premier-né à outrance et tremble de le voir ravi par quelque gredine. Les lettres s’accumulent, les langues vont bon train : pas une rumeur à laquelle la reine ne prête attention, même celle, ridicule, accusant Mazarin d’avoir abusé du petit, lors d’un voyage à Melun. Elle fait verrouiller les portes, vérifie chaque soir que l’enfant est bien couché, seul; les draps du lendemain sont inspectés avec minutie. Mais elle a beau écarter des essaims entiers de jolies femmes, les nouvelles arrivent tous les jours en masse.
    Comme souvent, le vrai danger est ailleurs, là où la méfiance a baissé la garde. Catherine Bélier, baronne de Beauvais, âgée alors de plus de quarante ans, est officiellement la première à déniaiser le roi. Son âge, avec ce qu’il comporte à l’époque de dents cariées ou manquantes, de seins et de chairs avachis, n’est pas son seul handicap : la belle est borgne, piquée de vérole, a une réputation de vicieuse et répond au doux nom de « Cateau laborgnesse ». C'est bien pourtant ce cyclope en jupon qui, aux dires de la princesse Palatine, aurait « appris au roi comment il faut agir avec les dames ». Le fait est contesté, mais il est sûr que le roi retourne la voir de temps en temps. Il lui offre, signe qui ne trompe pas quand on sait le côté bâtisseur du grand Louis XIV, l’hôtel de Beauvais. Le château de la borgnesse abrite aujourd’hui la cour administrative d’appel de Paris.
    Si le premier prix a été enlevé par Cateau, les femmes ne se calment pas, d’autant plus que le roi, qui est âgé à présent de quinze ans, devient un beau garçon : les yeux noirs, les cheveux châtain doré, des muscles et une aisance de danseur, il a tout pour affoler la gent féminine, les Lucie de La Motte-Argencourt avec laquelle il danse à en perdre la vertu, ou Mlle de Marivaux, qui dégrafe son corsage « par hasard », lorsque le roi la croise. La première surtout inquiète Anne d’Autriche et Mazarin : la jeune demoiselle d’honneur est belle, dotée d’yeux bleus et d’une ambition immenses ; elle appartient à une famille puissante. La reine craint que son fils n’« offense Dieu », c’est-à-dire qu’elle tremble de le voir « s’écarter des sentiers de l’innocence et de la vertu ». La mère sermonne le fils et, pour plus de sûreté, Lucie est envoyée au couvent.
    La ronde des prétendantes est incessante et Louis XIV n’a qu’une idée : les rejoindre, la nuit.Mlle de Navaille, responsable des demoiselles d’honneur, veille sur son cheptel de vierges peu farouches. Quand elle se rend compte que le jeune garçon grimpe, malgré toutes les interdictions, aux étages, elle fait placer des grilles et des loquets. Voilà les brebis sous clef. Le roi cogne, trépigne et si jamais il parvient à déplacer ou arracher l’une de ces entraves, à glisser une main, pour effleurer les lèvres ou toucher le bras de l’une des prisonnières, le lendemain, les barreaux sont remplacés, plus serrés. Il s’en souviendra : quand il fera construire son château, les fenêtres n’auront ni grille ni barreau.
    Anne d’Autriche est effondrée, Mazarin réfléchit. Pourquoi ne pas saisir l’aubaine? Il fait venir ses nièces, les soeurs Mancini. Les « mazarinettes »
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