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Lacrimae

Titel: Lacrimae
Autoren: Andrea H. Japp
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l’instant !

    Une énorme masse apparut à l’autre bout du couloir, brandissant une esconce. La brute se précipita au-devant d’elle et la salua bas. Elle regarda le visage grêlé, défiguré par la variole 9 , avec une moue de dégoût et demanda d’un ton de menace :
    — Dormais-tu ?
    — Nan.
    D’un geste sec, elle lui intima de la précéder.
    Ils s’arrêtèrent devant une porte basse et Hervi bascula la traverse. Aliénor lui arracha l’esconce des mains et descendit à pas prudents l’escalier de bois qui menait à une cave dont le soupirail avait été muré des années auparavant.
    Elle déboucha dans la pièce de petite taille, l’odeur était devenue intenable. S’y ajoutaient maintenant les relents de moisissure des murs de pierre.

    Un sourire ironique flotta sur ses lèvres lorsqu’elle détailla la femme maigre, vêtue de hardes souillées, assise sur le matelas de paille jeté à même le sol de terre battue humide. La lividité de son visage contrastait avec la noirceur de ses prunelles. En dépit de la crasse qui la couvrait, de ses cheveux sales maladroitement nattés, une sorte de puissance émanait d’elle.
    — Comment te portes-tu, chère Laig ? susurra Aliénor.
    L’autre la fixa sans mot dire. Elle étendit ses jambes, arrachant un cliquetis aux maillons de la chaîne de quelques pieds scellée au mur et dont l’anneau serrait l’une de ses chevilles.
    Aliénor de Colème tira sa courte dague du fourreau pendu à sa ceinture et prévint :
    — Pas de geste inconsidéré, ma bonne. Fichtre, ça pue à dégorger !
    Elle approcha, ne lâchant pas l’autre du regard, et posa le panier non loin d’elle avant de reculer.
    — Je te pose à nouveau la question. Où se trouve-t-elle ? La pierre rouge est-elle en sa possession ?
    Laig leva les yeux vers le plafond voûté, sans répondre.
    Un soupir désolé salua son mutisme, puis :
    — Laig, ma bonne Laig, tu lasses ma patience.
    — Vous m’en voyez fort marrie, lâcha la prisonnière, sans l’ombre d’une crainte.
    — Ta désinvolture te jouera un jour un vilain tour, rétorqua Aliénor en tentant de dissimuler son exaspération. Ne souhaites-tu pas revoir ta chère Paderma ?
    — Qui me dit que vous n’allez pas l’occire dès après que je vous aurais obéi ? rétorqua Laig.
    — Ne peux-tu le prédire… ? Ne vois-tu pas qu’elle est en belle santé, là où je l’ai cachée ? Au contraire, tes divinations ne t’indiquent-elles pas que je l’égorgerai de mes propres mains si tu persistes dans ton obstination ?
    — Il existe tant de passés et de futurs possibles.
    — Oh, épargne-moi ces sornettes de bonimenteuse de foire ! Le passé est… eh bien, passé. Quant au futur, il est ce qu’on en fait. Où se trouve-t-elle ? La pierre rouge est-elle en sa possession ? martela à nouveau Aliénor.
    — Que pourriez-vous tenter ? Occire Paderma ? Vous n’apprendriez plus rien de moi et je concentrerais mes forces pour une ultime et dévastatrice malédiction. Me tuer ? De quelle aide vous serait un cadavre ? Paderma est encore bien trop jeune pour vous être d’un quelconque secours. Réfléchissez.

    Aliénor de Colème détestait les échecs, et encore plus qu’on lui résiste. Pourtant, sa prisonnière avait raison. Contre mauvaise fortune, garder la face à défaut d’un bon cœur.
    — Que veux-tu en échange de ton aide ?
    — Ma fille, des vêtements propres et de quoi me laver 10 .
    — Que nenni pour ta première exigence. Paderma demeure où elle se trouve. Elle s’y amuse bien. Bah, je cède sur le reste. Ma bienfaisance me perdra. D’autant que mes visites deviendront un peu moins… nauséabondes. Dieu que ça pue !
    — Tel ne serait pas le cas si votre répugnant nervi 11 nettoyait. À ce sujet, il tourne parfois autour de moi lorsqu’il me croit endormie. Les remugles de sa sueur de verrat en rut me réveillent. Qu’il ne s’avise pas à des indécences. Le rendre encore plus laid relèverait de la prouesse. En revanche, je puis le tuer et vous en tenir rigueur au point que vous n’obtiendriez plus rien de moi.
    Un lent sourire malfaisant étira les jolies lèvres d’Aliénor qui déclara :
    — Il n’esquissera pas un geste dans ce sens. Il sait de quoi je suis capable. Bien, ma parole, au sujet des vêtements et du bain. Dis-moi où elle se trouve et si elle détient la pierre rouge.
    Un pouffement étouffé lui répondit, puis :
    — Votre
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