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la tondue

la tondue

Titel: la tondue
Autoren: Marie de Palet
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chambre.
    Là, rien n’avait bougé. La vie paraissait s’être arrêtée à son départ. L’armoire était toujours dans un coin et le lit dans l’autre.
    Elle aurait aimé faire un brin de toilette, mais apparemment, l’eau n’était pas encore arrivée à l’évier. Elle soupira et plongea dans des draps qui sentaient bon le grand air.
    Ce fut le coq du poulailler qui l’éveilla le matin. Elle sursauta au son de cette voix rauque, croyant qu’on criait son nom.
    Le jour pointait à la fenêtre et elle réalisa alors où elle se trouvait.
    De la cuisine montaient des bruits de vaisselle, et l’odeur du café frais flatta agréablement ses narines. Elle se rappela que la mère, été comme hiver, se levait avant l’aube.
    Elle s’étira et s’assit sur le lit en baillant, exactement comme elle le faisait dix ans auparavant.
    «  Il faut me lever  », se dit-elle, et elle sauta du lit. Elle ouvrit sa valise et chercha une robe pour accompagner cette journée de plein été qui se préparait, si elle en croyait le sourire du soleil matinal.
    Des robes, il y en avait, de toutes les couleurs et de toutes les formes ! Elle les contempla en rêvant. Ils étaient si beaux, les étés de Paris !…
    … Les fêtes succédaient aux fêtes et les occasions de porter des toilettes ne manquaient pas. D’abord, ces robes, on les lui offrait, pourquoi ne les aurait-elle pas mises ?… Bien sûr, il y avait toutes ces pauvres filles qui mendiaient, dans les magasins, un morceau de tissu pour se confectionner un vêtement… Elle, elle n’avait jamais eu ce genre de problème… A la guerre comme à la guerre, il faut savoir s’adapter à toutes les situations et, elle, elle avait su de quel côté tournait le vent… Enfin, jusqu’à un certain point, hélas !
    Elle fouilla, froissa et passa en revue les diverses tenues parisiennes. Elles s’amoncelaient, peu à peu, sur le lit, mais aucune ne paraissait assez simple pour la campagne. Elle donna un coup de pied rageur à la valise qui disparut sous le lit et ouvrit, d’une main nerveuse, l’armoire aux portes vermoulues.
    Ses robes d’autrefois étaient toujours là, à peine poussiéreuses, dans le même état où elle les avait laissées.
    «  Il me faut en mettre une , mais m ’ ira-t-elle  ? » se demanda-t-elle anxieuse.
    Elle tira une jupe à fleurettes roses qu’elle aimait beaucoup autrefois. Dans sa hâte, elle fit basculer toutes les robes qui tombèrent à ses pieds dans un bruit de tissus froissés.
    Yvette, étonnée, vit alors, cachée derrière la pile, une boîte blanche tout à fait ordinaire. Elle était sûre, pourtant de ne pas l’y avoir laissée en partant.
    Elle la sortit et l’ouvrit. Elle était remplie de papiers, notes et contenait des photographies jaunies.
    Elle prit les clichés et les examina à la lumière. Un couple de mariés à la mode 1910 souriait pour l’éternité. Les mêmes et des enfants de tout âge. Parmi ces photos, un jeune garçon au sourire timide attira son attention. Un air de déjà vu s’empara d’elle et une vague angoisse lui crispa l’estomac.
    «  Suis-je bête  », pensa-t-elle, «  je ne connais ces personnes ni d ’ Eve ni d ’ Adam , comment pourrais-je en avoir peur  ! »
    Elle continua à fouiller et découvrit, tout au fond, un portefeuille vide et des bijoux.
    Durant sa folle aventure à Paris, elle avait eu l’occasion d’admirer des joyaux de toutes valeurs, certains magnifiques. Elle était devenue connaisseuse, aussi, au premier coup d’œil, vit-elle qu’il s’agissait de pierres et de perles de prix. Elle fut stupéfaite. Comment pareille fortune était-elle arrivée là ?
    Elle souleva à pleines mains colliers, bagues et bracelets et siffla d’admiration.
    «  Hé bien , il y en a des merveilles , dans cette boîte  !… »
    Un bruit de chaises remuées monta de la cuisine et la ramena à la réalité. Sans se poser d’autres questions, elle referma la boîte, remit tout en place, enfila la jupe à fleurettes, prit le premier chemisier qui se présenta et descendit lentement les escaliers.
    Elle s’avança vers la mère qui, assise à la table, épluchait des pommes de terre dans un panier. Elle l’embrassa sans un mot.
    En dix ans, Clémence avait à peine changé. Ses yeux fouineurs scrutèrent la jeune fille comme pour deviner ses secrets.
    « Bonjour, maman, tu n’as pas changé !
    — Mon Dieu, Yvette, s’écria-t-elle, mais tu as coupé tes
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