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la tondue

la tondue

Titel: la tondue
Autoren: Marie de Palet
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le paysage et le recouvrait d’une grisaille sinistre. «  La nature se met au diapason de ma peine  », pensa-t-elle…
    De tunnel en tunnel, le train avait fini par arriver àLa Bastide. Et tout se déroula à l’inverse de cet autre voyage, il y avait seulement deux ans et dont elle se rappelait comme s’il avait eu lieu des années auparavant !
    Un monstre long et noir ne tarda pas à paraître, tiré par une locomotive crachotante. Sans regrets, elle grimpa les marches raides en pensant qu’elle laissait tout son passé sur le quai de cette gare, la dernière de son pays… Il fallait qu’elle oublie et son passé, et son enfance, et ses premiers émois à Paris… et l’amour de David dont elle n’était pas digne.
    Elle rangea sa valise et s’assit dans un compartiment presque vide, à l’exception d’une vieille dame qui serrait, sur ses genoux, un panier fermé. Elle la salua et se blottit dans un coin. Sa voisine la regarda avec méfiance mais ne bougea pas. Yvette sourit intérieurement en songeant que si cette rencontre avait eu lieu à l’aller, elle aurait été morte de peur…
    Comme tout avait changé en si peu de temps !
    Quand le train s’ébranla, ce fut plus fort qu’elle, toutes ses bonnes résolutions s’évanouirent et elle se mit à pleurer, silencieusement, les yeux rivés sur un paysage de rochers herbeux…
    La vieille dame avait fermé les yeux et dodelinait de la tête.
    Yvette se sentit seule, absolument, terriblement seule et totalement abandonnée…
    Personne ne se souciait de ce qui allait se passer à Paris, et elle-même n’y attachait aucune sorte d’importance. Elle partait, advienne que pourra !
     
    Le train filait et la jeune fille ressassait toujours son chagrin tout en ayant l’air de contempler le paysage. Le contrôleur passa et la regarda curieusement, lui sembla-t-il…
    «  Allons , pensa-t-elle , ne voilà-t-il pas que je me fais des idées , maintenant , mais il est vrai que je dois être affreuse . »
    Elle se dirigea vers les toilettes avec l’intention bien déterminée de réparer les dégâts de son visage et de se comporter en personne raisonnable.
    Quand elle revint, la vieille dame se préparait à descendre et un miaulement plaintif et impatient s’échappa du panier qui oscillait maintenant dans tous les sens malgré les efforts de la pauvre femme affolée. Elle jeta un regard craintif vers Yvette, s’éloigna précipitamment dans le couloir et disparut du côté de la porte. Quand le train s’arrêta, Yvette la vit descendre et s’éloigner rapidement pour se perdre dans la foule…
    Elle se retrouva seule dans le compartiment et s’accouda à la vitre, l’esprit ailleurs. Les yeux toujours perdus dans le paysage, elle entendit vaguement quelqu’un entrer et hisser une valise, mais elle ne se retourna pas.
    Le train prenait de la vitesse et lançait, de temps en temps un hurlement joyeux à travers la campagne… Yvette constatait malgré tout que les ruines d’il y avait deux ans avaient disparu et que la construction allait bon train. Elle pensa que les séquelles de la guerre s’effaçaient peu à peu, il n’y avait que dans son cœur qu’elles ne voulaient pas disparaître.
    Derrière elle, quelqu’un toussa mais elle n’y prit pas garde. Elle jeta cependant un regard à sa montre et vit que midi était passé depuis longtemps. Elle se rappela que, ce matin, son père lui avait glissé dans la main un petit sac contenant un en-cas pour le voyage.
    « Le voyage est long ! Prends ce morceau de pain. Il y a aussi un peu de saucisson et de fromage, de quoi te permettre d’arriver à Paris en bonne forme, voilà encore une bouteille d’eau, je parie que tu n’y avais pas pensé… »
    Il lui tendait toutes ces choses et s’agitait pour ne pas lui montrer son émotion. Il s’était efforcé de sourire en l’embrassant et lui avait glissé dans la main une liasse de billets, mettant un doigt sur ses lèvres pour lui intimer l’ordre de se taire.
    La mère commençait la traite du matin et ne s’était pas dérangé. Yvette lui avait crié :
    « Au revoir maman »
    La mère avait bredouillé quelque chose, et la jeune fille s’était avancée pour l’embrasser, mais Clémence avait continué de traire comme si de rien n’était, alors Yvette avait saisi sa valise et, après un dernier regard vers son père, était montée dans la vieille voiture du fils Perrot, qui avait bien voulu faire un détour par la
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