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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby
Autoren: C.L. Grace
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lui prendre des mains, mais elle recula.
    —
    Vous payez d'abord, vous buvez ensuite.
    Le tisserand fouilla sa bourse et en sortit une pièce.
    — J'en prendrai deux, dit-il.
    La patronne, retrouvant son sourire, posa le gobelet sur la table à côté du client, avant de gagner la porte pour regarder dans la rue comme si elle voulait voir la procession.
    — Pour le bien que cela fera.
    Au son de la voix surgie d'un coin sombre, le tisserand se retourna vivement.
    L'homme assis là se leva et avança silencieux comme un spectre. Sans y être invité, il prit un siège de l'autre côté de la table. En vérité, il ressemblait à un spectre : face blafarde, cheveux grisonnants, yeux bleus profondément enfoncés, joues creuses, nez en lame de couteau, lèvres exsangues. Vêtu d'une chemise douteuse, sous une veste en taupe fermée par un cordon, et d'une culotte en laine peignée enfoncée dans des bottes en cuir maculées de boue, l'homme avait pourtant le visage et les mains propres. Le tisserand, qui se flattait d'avoir un sens aigu de l'observation, remarqua qu'il portait en travers de l'épaule une ceinture de guerre de bon cuir, cousue à points serrés violets ; l'épée et la dague dans leurs fourreaux semblaient d'acier gris bien poli.

    —
    Vous ne croyez pas en la prière, frère ? demanda le tisserand.
    L'hôte qui s'était invité à sa table grimaça un sourire : il avait de belles dents régulières et acérées.
    — Je m'appelle Monksbane, dit-il, tendant la main.
    Le tisserand la serra.
    — Vous êtes un lettré?
    Le sourire de Monksbane s'épanouit
    —
    Voilà qui me plaît, murmura-t-il. J'étais aux Écoles de droit de Londres jusqu'à ce que je devienne chasseur de rats.
    Le tisserand leva sa chope en un geste cordial.
    — Vous savez donc tout de ce fléau?
    Les yeux de Monksbane se perdirent dans le vague.
    —
    Il y a deux races de rats, les noirs et les bruns. Ni les uns ni les autres n'ont droit de cité dans le royaume, oh non !
    Sans s'arrêter au regard interrogateur du tisserand, il se tapota l'aile du nez.
    —
    Les gens sont si malins! Savez-vous qu'il n'y avait même pas de lapins ici, avant l'arrivée du Conquérant? Il en est ainsi des rats ! Ils viennent par bateau. Les bruns ne sont pas mauvais, mais les noirs...
    L'homme fit la grimace.
    —
    D'après certains, ils génèrent la peste et se reproduisent plus vite que les mouches. En l'espace d'une année, deux rats peuvent donner de nombreuses portées.
    Le tisserand but une lampée de bière. Il trouvait qu'il avait bien de la chance d'être entré dans cette taverne et d'y rencontrer un conteur aussi intéressant.
    Disait-il vrai ou était-il un simulateur? Ou encore un rusé? Bien qu'il fût mal vêtu, sa ceinture de guerre, son épée et sa dague semblaient de bonne qualité, et quand il remuait, le tisserand entendait s'entrechoquer des pièces de monnaie.
    — Vous êtes vraiment chasseur de rats ?
    — Je l'étais, répliqua Monksbane.
    — Vous m'avez donné votre vrai nom?

    Le sourire de l'homme disparut.
    — Vous êtes ici pour chasser nos rats ?
    Le sourire revint,
    — Aujourd'hui, je traque d'autres proies.
    — Mais vous parliez des rats?
    Le tisserand ne voulait pas gêner son mystérieux interlocuteur.
    —
    Bien sûr, j'étais chef des chasseurs de rats de Farringdon Ward, à Londres, il y a quelques années.
    Il étendit une main, montrant les cicatrices au dos de son poignet.
    —
    Des morsures de rat, déclara-t-il fièrement. Hé, patronne, apportez-nous deux autres godets. C'est moi qui paie.
    —
    Vous pouvez me rendre ma pièce ? cria le tisserand.
    Dans l'encadrement de la porte, la femme se retourna et revint jeter la pièce dans la main que lui tendait son client Elle eut un sourire enjôleur à l'adresse de Monksbane, avant de reprendre sa place en se dandinant, près du gros fût, contre le mur du fond.
    Monksbane poursuivit :
    —
    Les rats se reproduisent comme des mouches, surtout les noirs. Ils grouillent partout
    Se penchant en travers de la table, il baissa le ton.
    —
    Savez-vous, j'ai entendu dire qu'en mer ils ont parfois dévoré les planches des navires et que ceux-ci ont coulé.
    —
    Et que peuvent-ils faire ici? demanda le tisserand.
    —
    Pire que les sauterelles des Plaies d'Egypte, déclara Monksbane. Ils s'introduiront dans les caves, dévoreront tout. Plus ils mangent, plus ils ont de force, et plus ils se reproduisent.
    — Et le poison?
    Monksbane étendit les mains.
    —
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