Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
assez costauds, la barre les maintiendrait clos.
    Goodfellow les ferma et risqua un coup d'œil par l'interstice : il n'était pas large. Les gonds en cuir étaient épais, résistants et sûrs, quant à la barre en bois, elle semblait aussi solide que du fer. Sentant son ventre crier famine, l'espion regagna la table, s'assit sur le tabouret et sortit de sa besace sa cuiller en corne avant de commencer à manger sa potée. La viande était fraîche mais très épicée; des herbes et des légumes coupés en dés agrémentaient la sauce épaisse. L'espion perçut un bruit au fond de la pièce; s'emparant d'une botte, il la jeta dans cette direction. Pour toute réponse il y eut un petit cri aigu, et des pattes qui détalaient, Goodfellow se remit à manger. Il se moquait des rats. Il avait dîné et dormi dans des endroits bien pires. Posant sa cuiller en corne, il prit la timbale de vin, renifla celui-ci avec soin, et but.
    — Robin Goodfellow ! murmura-t-il en riant.
    Ce n'était pas plus son nom que celui du rat qui l'avait dérangé. Il poursuivit son repas. Il était né Padraig Mafiach, de Clontarf, près de Dublin, et était entré au service du duc d'York comme archer, avant de découvrir rapidement qu'il avait un don pour les langues et pour le travestissement. À présent, il travaillait au service de l'Angleterre, portant des messages importants pour la Maison des Secrets de Londres. Cependant, comme le roi accomplissait un pèlerinage à Cantorbéry, il occupait son palais d'Islip, aux portes de la cité.
    Padraig devait rencontrer, le lendemain matin, le gardien des écuries royales, Colum Murtagh, qui le conduirait auprès du roi pour lui remettre son message.
    Mafiach entendit du bruit dans le couloir. Il posa sa cuiller et saisit sa dague, mais le bruit s'éloigna, et il se remit à manger. Il se sentait fatigué, moulu, nerveux, à vif. Il ne risquait rien, pourtant? Peu de gens étaient au courant de son arrivée, et il avait été très prudent. De nouveau il y eut du bruit, dehors, cette fois. Posant son couvert de corne, il ouvrit sa bourse et déroula un morceau de parchemin souillé de graisse, pour étudier ce qu'il y avait écrit.
    C'était une citation du prophète Sophonie :
    Le jour du Seigneur,
    Roi des rois tout-puissant, arrive ;
    Jour de colère et de vengeance, de ténèbres et de
    [nuages,
    Jour de tempêtes effarantes,
    Jour de malheur aussi, de chagrin et de peine, Quand cesseront l'amour et le désir des femmes, Et les efforts des hommes et les appétits de ce
    [monde.
    Mafiach lut cela attentivement, puis la version en latin qui suivait.
    Régis regum rectissimi prope est dies domini Dies irae et vindictae tenebrarum et nebulae Diesque mimbilium tonitruorum fortium Dies quoque angustiae meroris ac tristitiae
    In quo cessabit mulierum amor ac desiderium Hominumque contentio mundi huius et cupide.
    Nul autre que lui ne comprendrait ce message chiffré ni le code inscrit dessous : « Recto et Verso », devant et derrière, ou « Veritas continet Veritatem », « La vérité contient la vérité ».

    Padraig sourit tandis qu'une phrase lui attirait l'œil : « Jour de colère et de vengeance » ; il l'ignorait, mais pour Robin Goodfellow, baptisé Padraig Mafiach, ce jour était très proche.

    CHAPITRE PREMIER
    « Hélas, dit-elle, je me plains de toi, fortune Qui, à mon insu, m'as prise dans tes chaînes. »
    Chaucer, « Le conte du Franklin », Les Contes de Cantorbéry La grande salle du palais de l'archevêque de Cantorbéry était sombre, avec son plafond voûté couronnant de hauts murs. Même les tentures rouge Montpellier ne parvenaient pas à en dissiper la tristesse. Les fenêtres étaient de simples trous. En cette soirée d'avril, fête de saint Isidore, on avait allumé toutes les chandelles, lampes à huile et braseros pour combattre le froid sinistre. Au fond de la salle, près des imposantes doubles portes, le sol était recouvert de joncs verts parfumés de lis frais, de roses de printemps, de menthe et de lavande. Plus avant, à la hauteur de l'énorme cheminée à parements qui avançait dans la salle, on avait étendu des tapis d'Orient afin de parer au froid qui s'insinuait entre les pierres du dallage. L'endroit faisait le désespoir du chambellan de l'archevêque, qui avait ordonné que l'on allume un grand feu de bois de pin. Celui-ci dispensait de la chaleur et sa lumière faisait danser les ombres. Même les autours postés telles des sentinelles sur
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher