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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby
Autoren: C.L. Grace
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prisonnier que l'on avait mis au secret pour l'interroger sur le passé.
    Dans sa besace les lettres avaient disparu, pourtant il n'avait pas trahi sa duchesse ; elle ne le méritait pas. Et maintenant, qu'allait-il arriver? Atworth abandonna le cours de ses pensées et tressaillit comme un nouveau spasme douloureux lui parcourait la poitrine, l'empêchant de respirer. Il perçut un bruit, regarda autour de lui, et l'odeur fétide de l'endroit où il se trouvait lui emplit les narines, lui tirant une grimace. Ses yeux se portèrent sur une ombre. Quelqu'un se tenait-il devant la porte?
    —
    Qui est-ce ? grogna-t-il.
    Peut-être Jonquil venait-il le chercher, La silhouette approchait. Atworth voulut crier : impossible. Était-ce une vision? Il ferma les yeux, mais bien que son esprit fût empli de souffrance, il reconnut les haillons couverts de sanie, les sabots de bois, le visage de sorcière, les cheveux gris, et les yeux sombres et sans âme.
    —
    Ô Jésus !
    La tête d'Atworth retomba en arrière, et le râle de la mort résonna avec force dans sa gorge. Il chercha son souffle, mais il avait perdu sa dernière bataille.
    Frère Roger Atworth de la confrérie du Sac tressaillit et mourut.
    De la mort brutale Délivrez-nous, Seigneur. De la famine Délivrez-nous, Seigneur. De la peste
    Délivrez-nous, Seigneur. Du mal qui marche à midi Délivrez-nous, Seigneur. Du fer et du feu
    Délivrez-nous, Seigneur. Du fléau du Malin Délivrez-nous, Seigneur.
    La veille de la Sainte-Perpétue-et-Sainte-Félicité, les frères de l'ordre du Sac sortirent de chez eux par la grande porte pour défiler dans les rues de Cantorbéry. Sombres et solennels, ils marchaient, précédés par un porteur de croix et deux thuriféraires balançant des encensoirs d'où s'élevaient des volutes grises et parfumées.
    C'était leur procession des rogations et ils avançaient au milieu de la chaussée, suppliant Dieu d'intervenir pour arrêter le grand fléau qui accablait maintenant la ville. Au début, nul n'entendit leur prière, dans le tintamarre des rues et ruelles bondées de Cantorbéry. Néanmoins, le rythme psalmodié de leur litanie, tel un battement de tambour, attira bientôt l'attention; il rappelait aux bons bourgeois combien les temps étaient funestes. Boutiquiers, colporteurs, regrattiers, ainsi que les pèlerins qui se rendaient au glorieux tombeau de Becket, s'interrompaient et s'écartaient.
    Certains s'agenouillaient dans la boue du sol pavé et se signaient. Ils regardaient avec espoir un frère muni d'un bénitier et d'un goupillon, qui aspergeait d'eau bénite les gens de part et d'autre, comme pour les sauver du fléau brusquement apparu dans leur belle cité.
    Au moment où un tisserand mettait un genou en terre, son regard se porta de l'autre côté de la rue, et il vit un petit corps couvert de fourrure noire surgir d'une étroite traverse pour filer se cacher dans un espace minuscule sous le pilier en bois d'une maison. L'homme saisit le manche de la dague coincée dans son ceinturon. Sans les bons frères, il aurait poursuivi l'animal ! Des rats gluants et noirs, le poil hérissé, le museau agité de crispations, couraient partout, infestant la ville. On était presque à la fin mars. Bientôt, ce serait avril, et la fraîcheur du printemps se sentirait dans l'air. Les chemins et les routes sécheraient, et les pèlerins se déverseraient comme un fleuve dans la ville. Tous voulaient s'agenouiller devant le tombeau incrusté de pierreries de Becket, y appuyer leurs visages échauffés, et adresser leurs requêtes au grand saint de Cantorbéry. Mais qu'allait-il se produire, maintenant que, depuis trois semaines, la ville semblait infestée par les rats, une plaie qui provoquait chaos et confusion?

    Le défilé des frères du Sac passa, et le tisserand se redressa pour gagner une petite taverne au coin de Black Griffin Alley, où il entra. Quelque part dans son dos, un enfant hurla :
    —
    Un rat ! Un rat !
    Le tisserand se contenta de secouer la tête, tout en promenant son regard dans la salle crasseuse et délabrée, meublée de tables poussiéreuses et de tabourets souillés. La patronne, debout derrière le tonneau de bière, lui fit signe d'avancer, un sourire plissa son visage graisseux, et elle s'essuya les mains à un tablier sale. Le tisserand aurait refusé s'il n'avait eu soif. Il s'installa sur un tabouret et la femme lui apporta une chope de bière couronnée d'écume blanche. L'homme allait la
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