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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby
Autoren: C.L. Grace
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leurs perchoirs de bois, la tête encapuchonnée de cuir aux armes de l'archevêque, sentaient le froid et remuaient sans relâche, faisant tinter la clochette à leur jet. L'énorme dogue anglais allongé devant le feu, dont la langue écarlate pendait entre des dents immaculées, bougeait de temps en temps pour profiter de la chaleur, cependant il était aussi tranquille que les trois personnes assises devant l'âtre.
    Au milieu, dans un fauteuil d'apparat, ses pieds chaussés de pantoufles reposant sur un tabouret de satin rouge, trônait le vieux Bourchier, archevêque de Cantorbéry, homme d'Église et politicien. Il avait tranquillement confié à son confesseur que, maintenant qu'il avait dépassé les quatre-vingts ans, il se préparait en permanence à la mort. Le visage de Bourchier attestait son âge, avec son teint bilieux et ses taches sombres, ses joues creuses et tavelées, et sa bouche tombante aux gencives enflammées.
    De ses cheveux il ne restait que quelques mèches folles, et pourtant il avait le regard vif et aigu d'un jeune homme. C'était un vrai faucon, comme avait fait observer un critique. Avec sa vivacité d'esprit, son sens de l'à-propos, Bourchier n'avait rien à envier aux jeunes avocats des Écoles de droit. À
    présent, il fixait le feu de ses yeux larmoyants, guettant ce bruit sinistre qu'il attendait avec ses deux compagnons. Une main striée de veines s'éleva, le magnifique anneau épiscopal, jadis porté par Thomas Becket, scintilla dans la lumière. Bourchier tendit l'autre main devant le feu. Il portait un cilice à même la peau; c'était pénitence suffisante! Mais il ne supportait pas le froid et était vêtu de deux épaisses houppelandes de laine, avec par-dessus une cotte-hardie à encolure ronde bordée de fourrure. Une cape militaire garnie d'hermine entourait ses maigres épaules.
    À la gauche de Bourchier, Luberon, clerc du Conseil de la ville, était perché sur le bord d'un siège comme un petit pigeon, yeux brillants dans son visage rougeaud et réjoui, bouche pincée. Vêtu d'une longue robe grise avec une pelisse blanche, Luberon ne sentait pas le froid et priait in petto que cette réunion ne dure pas trop, car le feu dégageait une chaleur intense.
    Assise à la droite de l'archevêque sur un siège à haut dossier, Kathryn Swinbrooke partageait en silence l'inconfort de Luberon. Tout d'abord, elle avait apprécié le feu, mais elle portait une robe de grosse laine sombre dont elle avait déjà défait le bouton supérieur, et s'était débarrassée de son manteau pour le poser sur ses genoux. Elle ramena ses pieds chaussés d'épais cothurnes sous le siège, et s'efforça de se détendre. Pour se distraire, Kathryn Swinbrooke, apothicaire et médecin du Conseil de la ville, décida d'observer Luberon. Le petit homme l'amusait : bon et généreux, le clerc était également vaniteux comme un paon, et essayait toujours de cacher que sa vue baissait II fallait que Kathryn insiste pour qu'il accepte de porter les lunettes qu'elle avait achetées spécialement pour lui à Londres.
    Pour la énième fois depuis qu'elle était arrivée, une heure plus tôt, et qu'on l'avait laissée piétiner dans une antichambre, Kathryn se demanda pourquoi le Conseil et l'archevêque exigeaient sa présence. Mille tâches l'attendaient à sa boutique d'Ottemelle Lane, et Thomasina — sans parler d'Agnes et de Wulf
    — s'inquiéterait, ne sachant où elle était ni ce qui était arrivé. Elle fit un clin d'œil à Luberon. Le clerc municipal rougit et détourna les yeux.
    « Comme elle est belle ! » se disait-il. La jeune femme était habillée avec tant d'élégance : la pelisse blanche à haut col s'harmonisait subtilement avec le teint mat de son visage. La guimpe en forme de capuchon qu'elle portait dissimulait discrètement ses cheveux noir de jais, tout en révélant les tempes à peine grisonnantes — «résultat de ces temps de violence vécus avec son mari », songea le clerc, qui rougit de confusion. Alexander Wyville, le mari de Kathryn Swinbrooke, était l'un des motifs de cette réunion. Bourchier, quand il aurait dit ce qu'il avait à dire, y viendrait bien assez tôt. Et comment réagirait Kathryn ? Luberon porta les yeux sur son amie : son visage jeune était tranquille, ses yeux sombres reflétaient le calme, et sa bouche généreuse souriait à peine des manières théâtrales de Bourchier. Luberon connaissait Kathryn. En dépit de son nez mutin et de ses
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