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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby
Autoren: C.L. Grace
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les visiteurs italiens, en particulier les médecins. Il en rencontra un qui assurait que l'haleine même d'un rat est fétide et polluée.
    —
    Dans ces conditions, quel danger courons-nous ? voulut savoir Bourchier.
    —
    Avec l'arrivée de l'été, l'incidence des maladies augmentera; c'est toujours le cas par temps chaud. Les rats aggraveront les choses. Ensuite, ils auront peut- être un effet sur les denrées alimentaires, bien que la moisson de l'année passée ait été bonne et abondante...
    —
    Quoi d'autre?
    Kathryn fit signe à Luberon d'expliquer.
    —
    Cantorbéry, Votre Éminence, est le centre de pèlerinage du royaume. Si cette nouvelle s'ébruite, le nombre des pèlerins pourrait chuter, et le commerce s'en ressentirait de façon désastreuse.
    Bourchier se cala contre le dossier de son siège et observa une tête sculptée au centre du manteau de la cheminée : celle d'un singe encapuchonnée. Le sculpteur, songea-t-il, ne devait pas beaucoup affectionner les moines ou les prêtres, sentiment que lui- même partageait souvent.
    —
    Dans ces conditions, que préconisez-vous ?
    Luberon baissa les yeux sur le plancher. Kathryn
    jouait avec ses gants. Les rats ne la laissaient pas indifférente. Cette semaine seulement, elle avait soigné trois enfants qui avaient été mordus ; même sa maison et son échoppe, propres et balayées, avaient été visitées par ce que Thomasina appelait « ces maudits furtifs nocturnes ». Kathryn avait discuté du problème avec le gardien des écuries royales, Colum Murtagh, qui logeait chez elle. Murtagh, ayant servi dans les guerres royales, en savait long sur les rats, et il avait manifesté son étonnement devant l'ampleur qu'avait prise cette infestation.
    —
    Qu'est-ce qui a amené tant de rats à Cantorbéry en un temps aussi court? avait-il demandé.

    C'était le jugement de Dieu, avait répliqué Thomasina. Kathryn n'en savait rien, mais le sujet préoccupait tout le monde, en particulier ses collègues de la guilde des apothicaires qui avaient de précieuses réserves à protéger.
    Luberon rompit le silence.
    —
    Nous avons des chasseurs de rats, et le Conseil de la ville a été approché par un certain Malachi Smallbones.
    — Qui est-ce? demanda Bourchier.
    —
    Le premier chasseur de rats de la ville d'Oxford, expliqua Luberon.
    D'après lui, il y a eu là-bas une infestation de la même ampleur l'année dernière : les étudiants et les bourgeois ont fait appel à lui. Apparemment, il a très bien réussi.
    — Vous en avez la preuve?
    —
    Il a apporté des lettres de recommandation, Votre Éminence.
    — Et que conseille-t-il?
    Luberon lança un regard de biais à l'archevêque.
    —
    Que le Conseil, avec l'aide de la Cathédrale, alloue des fonds pour recruter une véritable armée de chasseurs de rats, dont il prendra la direction. Qu'il puisse acheter des potions et des poudres, et, bien entendu, des petits chiens de chasse. Qu'on lui délivre un mandat afin qu'il pénètre dans toutes les habitations, et puisse aller partout pour exterminer cette vermine venue de l'enfer.
    — Ce sera très coûteux, grommela Bourchier.
    —
    Malachi mérite le prix qu'il demande, répondit Luberon.
    —
    Vous en convenez, Kathryn? demanda l'archevêque, étendant ses doigts.
    Kathryn haussa les épaules.
    —
    Si ce Malachi est aussi habile et entreprenant qu'il le prétend, j'accepterais. Cantorbéry est divisé en quartiers. Il faudrait avertir tous les citoyens, et promettre une petite récompense pour...
    Elle leva une main.
    —
    Disons pour deux douzaines de rats rapportés. Autorisez Malachi et ses hommes à aller partout pour exterminer là où ils veulent.

    Kathryn porta son regard sur Luberon.
    — Mais ces potions ?
    — Du poison, jusquiame, belladone, digitale.
    —
    Il faudra qu'il fasse attention, prévint Kathryn. Les animaux domestiques, à plus forte raison les enfants, ne doivent pas toucher à ces appâts. Il devra aussi se montrer prudent.
    — Comment cela? fit vivement Luberon.
    —
    Les humains peuvent manger des appâts empoisonnés, déclara Kathryn. Mais je connais un peu les rats : s'ils consomment certains poisons, à la longue ils n'y sont plus sensibles.
    — Impossible ! fit Luberon, plein de sarcasme.
    —
    Si, tout à fait J'ai vu des hommes et des femmes réagir ainsi. Des poudres et des potions qui agissent sur d'autres ont apparemment peu d'effets sur eux.
    L'archevêque paraissait toujours méfiant.
    —
    Votre
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